Citations sur Par amour (138)
❝ Le temps et l'absence n'ont rien à voir avec l'amour, Muguette, ce qui compte, c'est ce qui le fonde. Parfois il se fonde sur une erreur d'appréciation, on croit aimer une personne, mais on aime un rêve, un désir, un idéal, quelque chose que l'on porte en soi depuis toujours et dont on affuble l'autre qui, souvent, s'y prête volontiers. C'est si flatteur ! Seulement à la première occasion, au premier effort, les masques tombent, l'autre apparaît tel qu'en lui-même, et rarement celui que l'on croyait, l'amour devient alors sans objet, l'amour devient désillusion. ❞
Albert m'avait expliqué il y a bien longtemps que c'était ainsi depuis que le monde était monde, une partie des hommes marchait sur les autres pour se sentir plus grands, et parfois cela prenait d'horribles proportions, comme pour les noirs au Havre, c'était toujours eux qu'on envoyait déminer, à croire que la mort était moins grave lorsqu'on avait la peau foncée, et en Amérique c'était pire, ils n'avaient même pas le droit de prendre l'autobus avec les Blancs.
C'est le problème avec les gens qui ne parlent pas beaucoup, on a vite fait d'interpréter de travers, on leur prête les intentions qui nous arrangent, surtout quand ces gens-là comptent énormément pour nous.
J'étais si soulagée de quitter Le Havre, sans doute la plus heureuse de notre petit groupe ! Ou plutôt, de quitter les bombardements, la peur collante, les déchirements, les privations, le désarroi de tante Muguette, les regards de plomb entre papa et maman. Je ne rêvais que de ça, de m'enfuir.
J'ignorais qu'il faut traverser ce genre d'événements tragiques – la perte de ce que l'on a de plus précieux au monde –, pour mesurer ce que le corps et l'âme ressentent, ce trou indescriptible au milieu de soi-même.
J'ignorais que lorsque cela arrive, il ne reste plus qu'à constater combien les efforts pour s'y préparer ont été inutiles.
Pour tenir le coup, j'avais écrit le mot en capital, PEUR, sur un papier plié en huit que j'avais enfoncé dans ma poche, ce n'était pas très scientifique, mais ça fonctionnait à peu près, j'imaginais que ma peur se tiendrait là, bien enfermée, sans jamais se montrer
Elle vivait sans s’interroger, semblait se nourrir de baisers, de câlins, de chansons, prétendait que penser à demain nuit au plaisir de vivre aujourd'hui et que s'endurcir ne sert qu'à mourir avant l'heure.
Par amour, n'importe quel être humain peut se surpasser.
On tient debout, pour l'autre plus encore que pour soi-même.
Même ceux qui ne sont pas forts en sciences savent que l’on tombe toujours plus vite que l’on ne se relève.
Je pouvais assister aux trahisons des uns et des autres, accepter que les gens chapardent, fraudent, mentent pour survivre. Je pouvais envisager que l'on perde ses biens, son toit, que l'on meure au nom de son pays, mais je n'admettais pas qu'un être humain, à plus forte raison un gamin, soit menacé pour une affaire de religion.