C'est grâce aux retours de quelques Babelpotes que ce livre a atterri dans ma liste d'envies. Et maintenant que je l'ai lu, je ne peux que les en remercier.
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Un tesson d'éternité" est un livre d'amour, non pas une romance, pas du tout même, puisqu'il s'agit de l'amour d'une mère à son fils. Cette mère, c'est Anna. Elle est mariée à Hugues, avec qui elle a un fils, Léo, en passe de commencer les épreuves du Bac dans quelques semaines. Ils ne sont pas riches, comme ils disent, mais vivent aisément au "Village", dans le sud de la France. Lorsque, à 6h du mat', ils sont sortis du lit par les gendarmes qui investissent la maison sans la moindre délicatesse et menottent Léo pour le mettre en examen, c'est toute leur petite vie tranquille qui bascule. Effectivement, lors d'une manifestation, Léo a agressé un flic, violemment. La vidéo tourne sur les réseaux et dans les médias, le fait ne peut être ignoré. Pour Anna, c'est l'incompréhension : comment son fils, lycéen sans problème, peut-il être le "casseur de flic", voire même le dealer, soupçonné ?
S'en suit, à partir de là, un long cheminement. Intérieur pour commencer, qui nous permet de découvrir l'enfance et l'adolescence d'Anna : elle revient essentiellement sur son parcours scolaire, où elle évoque les difficultés auxquelles elle a dû faire face en tant que tête de turc du "Serpent". Cheminement judiciaire et carcéral d'un autre côté, où elle ne cessera pas de soutenir son fils, de le croire malgré tout ce qui est dit sur lui, quitte à s'éloigner de son mari et de ses amis. L'on suit une mère prête à tout pour sortir son fils de prison, ou de l'aider comme elle peut à défaut.
Ce petit roman est vite lu mais n'en demeure pas moins intense. Anna ne peut que nous toucher, d'autant qu'on ignore jusqu'au bout que penser de son fils. Doit-on la croire sur parole quand elle trouve les bons arguments pour défendre son fils et nous persuader qu'il n'est pas celui qui est décrit par la partie adverse ? Ou au contraire, doit-on y voir une mère désespérée, aveugle, refusant d'abandonner son fils ? Au final, une mère connait-elle bien son enfant ? Telles sont les questions qui nous turlupinent tout au long de notre lecture. À nous d'ailleurs d'y trouver la réponse qui nous arrange... L'autrice joue avec le doute, celui d'Anna et le nôtre, et c'est subtilement bien exploité.
Le parallèle avec son adolescence est également accrocheur, puisqu'il nous permet de mieux comprendre Anna, cette femme battante qu'elle est devenue aujourd'hui, cette mère qui fera confiance à son fils jusqu'au bout.
L'autrice dépeint ses ressentis juste ce qu'il faut pour qu'on compatisse et qu'on puisse s'imaginer à sa place. Bien que la narration soit à la troisième personne, on se retrouve bel et bien dans une introspection, bien maîtrisée qui plus est.
J'ai passé un bon moment dans ce petit roman qui n'est pas autre chose qu'une ode à l'amour maternel.