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EAN : 9782709668644
300 pages
J.-C. Lattès (18/08/2021)
3.96/5   685 notes
Résumé :
Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
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Critiques, Analyses et Avis (160) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a dans ce roman une tangente paradoxale tout à fait pertinente et palpitante entre le silence et la violence.
C'en est terrible. Car progressivement, on fait corps, on jumelle avec cette mère de famille qu'est Anna.
Imaginez la souffrance muselée à l'intérieur depuis des années, personne pour voir, personne à serrer dans ses bras, pas de baume pour colmater, pas de résilience, imaginez donc comme celle-ci doit être rouge et vive.

Le début de cette histoire m'a laissée perplexe. Une narration clinique, détachée, très peu servie en émotions, ce n'est pas ce que je préfère. J'aime ce qui est clair et crie et vibre. Rien de tel ici et pourtant… Plus j'avançais dans cette histoire plus cette violence m'a happée, abasourdie, je me suis frappée à ce silence qui crie aux barreaux.

Anna s'est construit une vie idéale afin d'échapper à ses origines modestes et à une enfance malheureuse et étriquée. Avec Hughes, elle forme un joli couple solide dans sa villa au bord de mer. Sa routine est mise à mal quand son fils unique, Léo, dix huit ans est arrêté et incarcéré.

Anna va cogiter, ressasser, se battre aussi pour son fils mais quand tout part à vau-l'eau ce sont les souvenirs cauchemardes d'Anna qui viendront la noyer peu à peu. Les démons de son enfance vont péricliter sa sûreté mentale mise à mal avec l'arrestation de son fils.

Progressivement on assiste avec effroi à l'émergence d'une violence refoulée depuis trop longtemps. Une violence sourde, discrète qui voudrait hurler mais Anna est une femme modèle, une poupée qu'on a modelée à rester digne et droite.
Anna m'a beaucoup parlé, je l'ai comprise page après page avec beaucoup d'émotions.

À force de non-dits, de silences étouffants, de traumas non cicatrisés, on finit par devenir sa propre victime. On flirte dans un no man's land proche de la folie, de la confusion. Cette approche littéraire des traumatismes de l'enfance m'a beaucoup parlé. L'auteure explore très bien les dommages collatéraux et funestes d'une enfance manquée.

Le cataclysme est ici interne, sérieux, réaliste, ce qui rend ce livre des plus troublants.

Un roman que j'ai appris progressivement à apprécier, à deviner et à apprivoiser. Jusqu'à cette fin qui est en tout point, remarquable et réussie.
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Que le dénouement d'une tragédie survienne à l'entracte est exceptionnel et ceci conclut un roman noir dont les acteurs sont, en première apparence, sans histoire.

Anna porte un masque qui s'appelle le visage. Inaltérable, insubmersible, cette souriante pharmacienne concilie vie familiale épanouie, succès professionnel et réussite sociale aux cotés d'un époux, Hugues, actif aux lisières de la culture, de la politique et des médias.

Léo, leur fils lycéen, se trouve un jour au mauvais endroit, au mauvais moment, et a un mauvais réflexe, rapidement diffusé sur les médias sociaux et les journaux télévisés … et se retrouve à la case prison.

Cet incident fissure la famille Gauthier et ranime les remugles nauséabonds d'une enfance vécue dans une famille modeste, habitant un quartier périphérique occupé par un gang harcelant, bafouant, agressant les innocents.

Scénario qui peut être demain le drame de chaque lecteur ou lectrice et cette banalité du mal rend ces pages addictives et poignantes.

Le dénouement montre que si les entractes ont la réputation de vider les baignoires et de remplir les lavabos, ils peuvent être aussi dégoulinants.

Dotée d'une rare finesse d'observation, Valérie Tong Cuong restitue avec concision et précision les dits et non dits d'un milieu social hypocrite, inculte et superficiel.

La romancière, dont son « Par Amour » m'avait bouleversé, signe un véritable chef d'oeuvre qui doit être lu dans chaque famille, par les parents et les adolescents, pour que chacun prenne conscience que le harcèlement n'est pas un phénomène bénin, mais qu'il marque durablement les victimes, qu'il brise les destinées … et ces débris, ces tessons peuvent causer des vengeances aussi illégales que justicières.

Mais oh combien jubilatoires et salvatrices, je l'avoue !

PS : mon appréciation de Par Amour :
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Anna Gauthier mène une existence bourgeoise, en tout point conforme aux convenances de sa petite ville de province. Un incident dans une manifestation envoie néanmoins son fils Léo, lycéen jusqu'ici sans histoire, derrière les barreaux. Pour Anna, brusquement dessillée par la froideur hostile qui s'empare alors de ses relations, c'est l'édifice patiemment construit de sa réussite qui se lézarde, la renvoyant aux blessures d'une enfance qu'elle pensait pourtant depuis longtemps enterrée.


Anna n'a survécu aux maltraitances subies en silence dans son jeune âge qu'en leur tournant le dos, déterminée à modeler sa vie selon son image du bonheur. Et elle semble y être parvenue, en tout cas elle en est convaincue : entre sa pharmacie, son mari en vue et son fils promis à un bel avenir, rien ne vient déparer le parfait accomplissement de son existence, intégrée à la coterie des notables du coin. Jamais elle n'imaginerait qu'elle a pris le bonheur pour ses apparences, qu'elle a construit sa réussite comme un bouclier contre le mal, et qu'il ne suffit pas de contrôler sa vie pour la mettre à l'abri.


L'incident de parcours de son fils est une pierre qui vient briser l'idéal auquel elle s'accroche. Confrontée à la machine judiciaire, à la rumeur réprobatrice et aux trahisons des soi-disant amis, Anna perd le contrôle des événements, accumule les désillusions, et, dans sa panique et son impuissance, voit l'accroc à la perfection à laquelle elle s'évertuait, prendre les ravageuses proportions d'un cataclysme. Alors que les acquis patiemment accumulés en rempart contre la souffrance tombent un à un, la voilà à nouveau démunie face à ses blessures anciennes, resurgies intactes après des décennies de silence et de déni. le choc est si puissant, le désespoir si intense, qu'ils l'entraînent bientôt au-delà de toute raison, dans une explosion de violence incontrôlable.


Le réalisme du récit compte pour beaucoup dans l'effroi ressenti face à tant de souffrances vécues silencieusement. Les ravages de la violence sur la construction psychologique d'un être et les conséquences de traumatismes répétés et ignorés produisent ici une bien funeste bombe à retardement. Chez Anna elle-même, tombée dans la pathologie mentale. Mais aussi chez son fils, par l'un de ces si troublants et inconscients mécanismes de transmission.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Anna, pharmacienne au coeur d'un petit village, mène une vie paisible, qu'elle a longtemps recherchée, auprès de son mari, Hugues, ancien journaliste qui aujourd'hui travaille au service culturel de la mairie, et de son fils Léo, qui, à 18 ans, prépare son bac en vue d'intégrer une école réputée, spécialisée dans les métiers du numérique. Dans sa villa au bord de mer, la jeune femme, qui a fait table rase de son passé, surtout depuis la mort de ses parents, savoure le présent. Jusqu'à ce terrible matin de mai où des hommes cagoulés de la gendarmerie font soudainement irruption dans leur maison, se ruent dans les couloirs et à l'étage. Ils en redescendent, traînant Léo, abasourdi, les mains menottées. le monde d'Anna s'écroule, pièces après pièces...

Si l'on s'imagine que l'on va assister au combat d'une mère pour faire sortir son enfant de prison, pour avoir frappé un policier lors d'une manifestation, il n'en est rien. En effet, Valérie Tong Cuong nous entraîne insidieusement, malignement, au coeur du passé d'Anna. Puisque, suite à ce terrible incident, la jeune femme va ressasser continuellement et faire ressurgir, bien malgré elle, ses démons du passé. Son image si parfaite, si épanouie, si calme, va se craqueler, se fissurer et apparaître sous un tout autre jour. L'auteure aborde, avec une grande justesse, l'amour inconditionnel et le combat d'une mère pour son fils, le paraître, la machine judiciaire, l'amitié... mais aussi, à pas feutrés, les non-dits, les secrets trop longtemps enfouis, les silences, les blessures ineffables. Ce roman percutant, effroyable, à la plume incisive et directe, fait montre d'une intensité tourbillonnante.
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C'est grâce aux retours de quelques Babelpotes que ce livre a atterri dans ma liste d'envies. Et maintenant que je l'ai lu, je ne peux que les en remercier.

"Un tesson d'éternité" est un livre d'amour, non pas une romance, pas du tout même, puisqu'il s'agit de l'amour d'une mère à son fils. Cette mère, c'est Anna. Elle est mariée à Hugues, avec qui elle a un fils, Léo, en passe de commencer les épreuves du Bac dans quelques semaines. Ils ne sont pas riches, comme ils disent, mais vivent aisément au "Village", dans le sud de la France. Lorsque, à 6h du mat', ils sont sortis du lit par les gendarmes qui investissent la maison sans la moindre délicatesse et menottent Léo pour le mettre en examen, c'est toute leur petite vie tranquille qui bascule. Effectivement, lors d'une manifestation, Léo a agressé un flic, violemment. La vidéo tourne sur les réseaux et dans les médias, le fait ne peut être ignoré. Pour Anna, c'est l'incompréhension : comment son fils, lycéen sans problème, peut-il être le "casseur de flic", voire même le dealer, soupçonné ?

S'en suit, à partir de là, un long cheminement. Intérieur pour commencer, qui nous permet de découvrir l'enfance et l'adolescence d'Anna : elle revient essentiellement sur son parcours scolaire, où elle évoque les difficultés auxquelles elle a dû faire face en tant que tête de turc du "Serpent". Cheminement judiciaire et carcéral d'un autre côté, où elle ne cessera pas de soutenir son fils, de le croire malgré tout ce qui est dit sur lui, quitte à s'éloigner de son mari et de ses amis. L'on suit une mère prête à tout pour sortir son fils de prison, ou de l'aider comme elle peut à défaut.

Ce petit roman est vite lu mais n'en demeure pas moins intense. Anna ne peut que nous toucher, d'autant qu'on ignore jusqu'au bout que penser de son fils. Doit-on la croire sur parole quand elle trouve les bons arguments pour défendre son fils et nous persuader qu'il n'est pas celui qui est décrit par la partie adverse ? Ou au contraire, doit-on y voir une mère désespérée, aveugle, refusant d'abandonner son fils ? Au final, une mère connait-elle bien son enfant ? Telles sont les questions qui nous turlupinent tout au long de notre lecture. À nous d'ailleurs d'y trouver la réponse qui nous arrange... L'autrice joue avec le doute, celui d'Anna et le nôtre, et c'est subtilement bien exploité.

Le parallèle avec son adolescence est également accrocheur, puisqu'il nous permet de mieux comprendre Anna, cette femme battante qu'elle est devenue aujourd'hui, cette mère qui fera confiance à son fils jusqu'au bout.

L'autrice dépeint ses ressentis juste ce qu'il faut pour qu'on compatisse et qu'on puisse s'imaginer à sa place. Bien que la narration soit à la troisième personne, on se retrouve bel et bien dans une introspection, bien maîtrisée qui plus est.

J'ai passé un bon moment dans ce petit roman qui n'est pas autre chose qu'une ode à l'amour maternel.
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critiques presse (1)
LeFigaro
14 octobre 2021
Un roman brûlant sur l’effondrement d’une famille dont le fils est envoyé en prison.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (128) Voir plus Ajouter une citation
La colère gonfle sa poitrine, une colère intense, glacée, asphyxiante, et elle aimerait hurler, renverser les meubles, déchirer les rideaux, arracher les pages des livres qui traînent sur le bureau, s'arracher la peau, les yeux, s'arracher les ongles, brûler cet appartement, tout détruire, tout, jusqu'à ce que le monde entier s'efface, s'abolisse, mais rien ne sort, absolument rien, ni un son ni un geste, elle est devenue étanche, son corps est une cage hermétique et sa colère, un tigre impuissant à se libérer.
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Ce matin, elle a pris soin d'enfiler une tenue sobre sans marque apparente, jean et T-shirt noir, mais on ne gomme pas si facilement les signaux d'appartenance à une classe sociale. La qualité et la coupe de ses vêtements, sa posture, ses gestes, la richesse de son lexique, sa diction posée, tout chez elle trahit son identité de bourgeoise et la situe "de facto" de l'autre côté d'une barrière invisible.
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Elle s'installe dans la voiture et verrouille les portières, établissant un sas invisible au sein duquel elle peut, enfin, se relâcher. À vrai dire, elle n'est pas mécontente de se rendre seule à la maison d'arrêt. Son instinct lui suggère qu'être trois dans la pièce complique la circulation de la vérité. Père, mère, fils, comment espérer autre chose qu'un spectacle donné par trois comédiens ? Lors du dernier parloir, chacun a tenu les rôles que nature et culture leur ont assignés. Ils ont pris soin de dissimuler leurs failles. Ils ont prétendu être forts et confiants, mais en dehors de l'amour qu'ils ont laissé filtrer, tout n'était que mise en scène. Ils ont tu leur colère, l'ampleur de leur déception, leur désir de vengeance, leur effroi grandissant face à une situation hors de contrôle. Ils ont surveillé les termes qu'ils employaient et se sont abstenus d'aborder les sujets sur lesquels ils craignaient d'avoir des opinions divergentes. Ils se sont contentés de s'embrasser, s'informer, se réconforter, obéissant à des règles implicites.
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Elle leur serre la main. Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu'eux aussi entrent en détention, d'une certaine manière. Qu'ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu'ils n'auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d'une organisation obscure, du bon vouloir d'inconnus – quelle qu'ait pu être leur position sociale jusqu'ici. Qu'ils ne pourront rien épargner à ceux qu'ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu'ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
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Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu’eux aussi entrent en détention, d’une certaine manière. Qu’ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu’ils n’auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d’une organisation obscure, du bon vouloir d’inconnus – quelle qu’ait pu être leur position sociale jusqu’ici. Qu’ils ne pourront rien épargner à ceux qu’ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu’ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
Cela, l’avocate ne s’y est jamais habituée. Elle hésite à poser sa main sur le bras d’Anna, elle aimerait la tirer par la manche, la sortir de cet état de sidération, l’écarter de cette vague qui l’emporte, de ce déferlement auquel une mère ou un père n’est jamais préparé et qui noiera bientôt toutes leurs certitudes.
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Vidéo de Valérie Tong Cuong
« Un roman sur les apparences trompeuses, à une époque où chacun peaufine son image au lieu de regarder la réalité en face. » ELLE
Eddie et Nora Bauer forment un jeune couple flamboyant.
À la tête d'un grand cabinet de conseil, Eddie assure à sa famille un train de vie très confortable. Quant à Nora, elle se partage entre la création de bijoux et l'éducation de Leni, adolescente promise à une brillante carrière d'athlète depuis qu'elle a été repérée par le charismatique entraîneur Jonah Sow.
L'avenir semble sourire à ces heureux du monde jusqu'au jour où Eddie apprend que son associé l'a trahi, conduisant le cabinet à la faillite. Ruiné, il fait le choix de ne rien dire à Nora, ni à Leni, et multiplie les mauvaises décisions.
Tandis que l'atmosphère familiale se dégrade, d'étranges phénomènes se produisent : des bêtes sauvages hantent les rues, des incendies rongent les collines voisines, de violentes bourrasques surprennent les habitants. Une menace plane sur la famille Bauer comme sur la ville.
Valérie Tong Cuong est l'autrice de nombreux romans salués par la critique et le public, parmi lesquels "L'Atelier des miracles" (prix Nice Baie des Anges), "Par amour" (prix des lecteurs du Livre de Poche), "Les guerres intérieures" et "Un tesson d'éternité". Elle est traduite en une vingtaine de langues.
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