J'ignorais qu'il faut traverser ce genre d'événements tragiques – la perte de ce que l'on a de plus précieux au monde -, pour mesurer ce que le corps et l'âme ressentent, ce trou indescriptible au milieu de soi-même.
J'ignorais que lorsque cela arrive, il ne reste plus qu'à constater combien les efforts pour s'y préparer ont été inutiles.
Le temps et l'absence n'ont rien à voir avec l'amour, Muguette, ce qui compte, c'est ce qui le fonde. Parfois il se fonde sur une erreur d'appréciation, on croit aimer une personne, mais on aime un rêve, un désir, un idéal, quelque chose que l'on porte en soi depuis toujours et on affuble l'autre qui, souvent, s'y prête volontiers. C'est si flatteur ! Seulement à la première occasion, au premier effort, lorsque les masques tombent, l'autre apparaît tel qu'en lui-même, et rarement celui que l'on croyait aimer, l'amour devient alors sans objet, l'amour devient désillusion.
J'ai même pensé ne pas rentrer. Faire croire à ma disparition. Peut-être disparaître vraiment, une corde au cou, une pierre au bout. Qu'ils pleurent un mort plutôt que vivre aux côtés d'un vaincu.
"La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder".
[Victor Hugo]
Si tu n'attends pas les belles choses, comment veux-tu qu'elles se produisent.
Même ceux qui ne sont pas forts en sciences savent que l’on tombe toujours plus vite que l’on ne se relève.
C'est le problème avec les gens qui ne parlent pas beaucoup, on a vite fait d'interpréter de travers, on leur prête les intentions qui nous arrangent, surtout quand ces gens-là comptent énormément pour nous.
J'avais honte. Honte d'être une mauvaise mère, tout juste bonne à se laisser glisser malgré l'amour que j'éprouvais pour mes enfants, malgré leur émouvante métamorphose, malgré l'espoir qu'ils portaient vaillamment en eux.
"Je ne voulais plus me battre pour cette existence de douleur, vivre sans vivre, tousser, cracher, s'asphyxier, vomir, pleurer, souffrir, souffrir, souffrir !
Tout cela pour reculer de quelques jours ou quelques mois l'inévitable conclusion et expirer sans avoir serré mes petits, senti leur chaleur , sans cette immense consolation, tout juste entrevue, que je savais désormais due aux hallucinations ."
Il fallait apprendre à aimer vivre, et vivre pour aimer.