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Critique de beatriceferon


J'aime beaucoup la littérature belge, ses ambiances, ses auteurs. Dans un temps très lointain, à l'université, j'avais choisi un cours centré sur les oeuvres de notre pays. J'ai poursuivi ma route en consacrant une partie de mes leçons de français à nos auteurs nationaux. Cela nous donnait la possibilité de les inviter, de discuter avec eux. Et c'est la raison pour laquelle cette collection des éditions Ker m'attire.
Et lui, là, sur la couverture. Je le connais ! Mais non. Pas Michel Torrekens. L'homme de Spy ! Je l'ai rencontré. Enfin, du moins sa reconstitution, lors d'une visite au Musée des sciences naturelles. Et j'ai posé à côté d'une de ses cousines, Lucy. Quelle surprise lorsque j'ai constaté qu'elle ne m'arrivait même pas à la taille !
Ceci explique que j'aie quitté la librairie ce livre sous le bras.
Et justement, la première nouvelle, centrée autour de Spy et son célèbre habitant met en scène un couple dont les noms, je suppose, n'ont pas été choisis au hasard : lui, c'est Michel et elle Lucie. Apparaît également un savant, Michel (comme l'auteur) Ergaster, dont le patronyme renvoie à « l'Homo ergaster » ou « homme artisan ». L'écriture, en effet, n'est-ce pas un artisanat qui demande beaucoup de travail ?
Au cours de ma lecture, je vais déambuler dans des endroits que je connais bien. Quand nous étions enfants, mon père nous emmenait parfois au Musée de Tervueren et j'avais gardé le souvenir terrifié de l'homme-léopard qui a servi de modèle à Hergé dans les aventures de Tintin.
Originaire de Gembloux, Michel Torrekens nous parle plus d'une fois de cette ville où habite ma soeur Dominique. Un passage évoque la gare « vaste vaisseau ouvert aux courants d'air (…) un froid de canard en hiver (…) A croire que ses deux architectes n'ont jamais dû attendre le train... » qui, contrairement à ce qu'il assure ironiquement, est très souvent en retard, lorsqu'il n'est pas tout bonnement supprimé. J'ai plus d'une fois reçu les plaintes de ma soeur qui, tout en tapant des pieds sur le quai sibérien, nous envoyait un message pour nous faire part de sa frustration.
Dans un salon cossu de l'Hôtel Métropole, un écrivain croise Johnny Hallyday. Ils sympathisent et devisent autour de la littérature. J'avais cru reconnaître François Weyergans et l'auteur a confirmé mon impression lors d'une rencontre littéraire à laquelle j'ai assisté.
J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil plein d'humour et d'ironie, où l'on visite quelques villes (Spy, Bruxelles, Gembloux, Mons), où l'on croise des personnalités qui apparaissent sous un jour peu banal : son amie qui « se disait fille de prince » et attend la visite de cet « homme qu'elle appelait Papillon ». Johnny qui, non seulement aime la lecture, mais a pour livre de chevet celui de son interlocuteur. En 18**, un avocat montois découvre les poèmes d'une « Saison en enfer ». En visite à Bruxelles, il a eu l'occasion de mettre « la main sur cet amas de plaquettes couvert de poussière, un lot voué à la destruction ». Bien que, par sa fonction, ils soit plus attiré par les textes juridiques, l'homme de loi se plonge dans l'univers du jeune poète, qui bouleverse sa vie, ses habitudes, ses idées si bien établies.
« Que faire de ces exemplaires ? Les détruire ? Leur offrir une seconde chance ? Les renvoyer à l'anonymat d'un grenier ? »
C'est un ensemble de textes qui fait voyager à travers « ce plat pays qui est le » nôtre, entre passé et avenir. Je l'ai beaucoup aimé.
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