Mes reportages sur le terrain m'en apprenaient autant sur la nature des hommes qu'un cursus de plusieurs années en en psychologie.
Le français servait de langue véhiculaire, non pas suite à ses origines latines, mais parce que nos amis flamands étaient meilleurs bilingues que nous.
L'enfance est le creuset de fidélités indéfectibles.
Je sortais d'une journée harassante de dédicaces à la Foire du livre de Bruxelles, car ce rituel nous oblige, soit à égrener des heures durant quelques lignes d'hommage à une majorité d'inconnus, soit à prendre une contenance dans l'ennui car vous êtes tout aussi inconnu aux yeux de ces inconnus.
Amour toujours, eh oui, il était un indécrottable romantique. Il souriait intérieurement : l'amour n'a pas d'âge et il rajeunit ses adeptes. Á cinq, dix, quinze, vingt, vingt-cinq ou soixante ans, tomber amoureux plonge dans un état originel, une aube des temps, une nouvelle naissance, une jouvence. Pourquoi tomber d'ailleurs alors que l'on s'envole, que l'on est emporté dans une autre dimension et que tout semble possible? Le contraire absolu d'une chute.
Au moment où il s'y attend le moins, il se souvient de son père, dont la mémoire en berne lui a imposé un éloignement progressif malgré la présence corporelle, un deuil anticipé, et dont la mort lui a procuré un douloureux soulagement.
La fin d'un homme, c'est la fin d'un monde et pour lui, la fin du monde.
Tout était écrit depuis longtemps dans le Brueghel l'ancien mais les hommes avaient désappris à lire.
Quand les musées rouvriraient-ils ? Quel sens une peinture ou une sculpture avait-elle s'il n'y avait plus personne pour l'admirer? Les artistes créeraient-ils encore sans possibilité d'exposer leurs réalisations? Façonnaient-ils leurs oeuvres pour eux-mêmes ou pour un public?