Dix fois, onze fois, je devrai lui rappeler que je suis son fils, "je zon", ce fils qu'il a nié, renié, oublié. oublié toute sa vie et oublié définitivement depuis que la maladie a irradié son cerveau.
Fuir les humains, ne m'empêche pas de les aimer.
Parfois, on traîne tellement à dire une vérité qu'on finit par la taire. C'est ce qui nous est arrivé.
Le visible et l'invisible appartenaient à cet homme, capable de transformer la banalité en rêve, de m'ouvrir à des émotions insoupçonnées.
Serait-ce cela vivre, grandir ? Infliger des défaites à l'autre sans vraiment les avoir souhaitées ?
Pourtant, je ne me suis jamais senti l'égal de mon père que sur cette surface de terre battue, orangée, où il voit en moi un adversaire digne de lui. Là où la brique pilée n'a pas été trop remuée, apparaissent nos traces de pas. mes empreintes ressemblent de plus en plus aux siennes.
Tous ces points blancs et noirs formaient une nuit étoilée où se dessinait une constellation à laquelle il se sentait lié, à laquelle il allait consacrer désormais sa vie.
J'ai toujours joué contre lui pour être avec lui. Peut-être que ceci s'achève.
http://lesplaisirsdemarcpage.skynetblogs.be/archive/2016/09/22/roulades-litteraires-corsees-une-rencontre-avec-michel-torr-8651536.html
Les sentiments sont bien plus forts que les décisions de justice.