On ne parle pas de la folie sur le ton dont on parlerait d'une vie en quête de bonheur. Car c'est bien ce dont je veux parler ici, une forme de folie. Il n'y aura ni complaisance ni facilité. Quand un être malade remorque sa famille dans son pitoyable voyage au bout de lui-même, volontairement ou non, il ne peut y avoir de compromis.
L'univers de Charlotte gravitait autour de ces deux pôles : sa famille et Gertrude. Avec en prime, comme allant de soi, les médecins qui venaient régulièrement chez elle. Ils étaient, à leur façon, une constance dans sa vie d'enfant, et il arrivait que Charlotte pense à eux comme à une entité de la famille.
En une fraction de seconde, elle avait compris qu'elle était en train de vivre l'instant le plus merveilleux de sa vie, qu'elle était faite pour être mère et que tout le reste, les études, la carrière et même les gens autour d'elle n'avaient plus qu'une importance relative. p.501
Son père et sa mère, tout nus, l'un contre l'autre... C'était impensable.
Et si c'était si bien que cela, faire des bébés, pourquoi n'y avait-il que deux enfants chez les Deblois?
Charlotte se mit donc en tête d'épier ses parents. Il devait bien y avoir des indices lui permettant de vérifier si Adèle Simard disait vrai. p.430