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Critique de Litteraflure


Une lecture qui ne m'a pas laissée pas indifférente.
Pourquoi ? « Parce que nous vivons deux vies, toutes deux destinées à s'achever : la première, la vie physique, est faite de sang et de souffle ; la seconde se déroule dans la tête de ceux qui nous ont aimés ». Emanuele Trevi dénoue les liens d'amitié qu'il avait tissés avec Pia Pera et Rocco Carbone, en s'intéressant à leurs oeuvres et à ce qui les a inspirées. Rétrospective et introspective, son exégèse a valeur de miroir et le renvoie à ses propres questionnements, à son itinéraire d'écrivain. En fouillant ses souvenirs, il pondère le poids des illusions : « Toute perte d'innocence augmente en nous le sentiment désolant de l'extranéité de ce monde que l'âme s'obstine à tort à considérer comme sa propre maison ».
Rocco Carbone vient d'une région modeste, « un arrière-pays de grisaille sociale et culturelle dont il n'était possible d'emporter que cette dignité qui caractérise la retenue, ainsi qu'une science pessimiste et désenchantée du coeur humain ». Admiratif du Martin Eden de Jack London ou du Gatsby de Scott Fitzgerald, il est obsédé par le thème de l'ascension sociale.
Pia Pera, quant à elle, est une femme protéiforme, qui se passionna pour les jardins à la fin de sa vie. « Si elle possédait une image d'elle-même, celle-ci n'était pas assez définie pour créer une obligation quelconque ». Sa personnalité transparaît dans son travail : « (...) Sa traduction d'Onéguine dans des vers libres d'une extraordinaire légèreté, empreints des meilleures qualités de Pia : la malice, une intelligence scintillante, un frisson métaphysique bien dosé ». Pia, empêchée par les ayant-droits de Nabokov de réécrire Lolita du point de vue de l'adolescente – la grande déception de sa vie.
Un livre qui nous plonge dans le milieu littéraire italien. L'avantage avec les joutes intellectuelles, c'est qu'il en ressort toujours des passages lumineux, comme ceux sur le sexe en littérature (p68), la psychomachie chérie des antiques (p77) ou l'ignorance du citadin (p122).
A souligner, également, l'excellente traduction de Nathalie Bauer.
Bilan : 🌹 🌹 🌹
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