Jean Louis TRIPP .
le petit frère.
Une couverture noire et le titre en lettre jaune pâle, un homme qui éparpille des pétales jaunes sur une route matérialisée par une ligne blanche. Déjà cette couverture porte, à elle seule de nombreux symboles : noir, la mort, jaune, la vie, la ligne blanche, le danger, les pétales, le souvenir. Ce roman graphique traite d'un deuil survenu dans la vie de l'auteur il y a 45 ans. Il avait 18 ans lorsque son « petit frère », Gilles, 11 ans à l'époque et pour toujours a été victime d'un chauffard sur la route des vacances, le 5 août 1976. Quel drame pitoyable. Mourir à 11 ans, cela ne devrait pas être.
Et en 340 pages,
Jean Louis TRIPP, nous fait revivre cette catastrophe qui a bouleversé toute la vie d'une famille. c'est un témoignage très fort auquel il nous intègre. Nous suivons la chronologie de cette journée fatidique, accompagnons les membres de la famille présents lors de l'envolée du fils, frère. Nous passons la nuit aux urgences ; combien de temps entre le choc et l'arrivée des secours, le transfert aux services d'urgence le plus proche, l'annonce à tous, la proche famille dont le père, en vacances avec sa nouvelle épouse en Espagne, les amis, les collègues de travail, etc.… Les minutes paraissent être des heures, les heures des journées et les journées des semaines. Et pourtant 1 h c'est toujours 60 minutes. Il faut s'armer de patience. Chacun veut effacer ce triste instant de sa mémoire. Notre auteur a mis plus de quarante années avant d'exorciser ce jour tragique. Il fait dans ce bel album preuve de sagesse, de pudeur, d'humilité, de perspicacité. Il analyse les diverses faces des personnes qui ont assistées à cet accident ; il se met même à la place du chauffard ! de façon très fidèle, nous accompagnons cette famille brisée, éclatée, perdue. le procès nous révolte. Qu'est ce que cette réflexion d'un membre du barreau qui n'accorde aucune valeur à la perte d'un enfant. Et si ce drame l'avait personnellement touché, le jugement aurait été complètement inversé !
j'apprécie la qualité des dessins, en noir et blanc, ce qui accentue la tristesse, le chagrin, le déchirement, la mélancolie. Un long chemin de résilience, même Cécile, la dernière soeur de l'auteur, née après le décès de Gilles connaît une profonde affinité pour ce frère, inconnu pour elle. Cependant face à cette tragédie, elle aussi porte le deuil.
Je félicite chaleureusement
Jean Louis. Et je recommande la lecture de ce magnifique roman graphique à tous, et plus particulièrement, à tous les jeunes et futurs conducteurs. Il est impératif de connaître le code de la route avant de subir les épreuves de conduite. Ce récit pourrait leur permettre de réfléchir avant de sa lancer à des vitesses dignes de conducteurs de formule 1. Levez le pied. Et si un tel drame frappe à votre porte, que ferez-vous ? Non, il ne faut pas fuir. Il faut prévenir les secours en priorité. Oui aujourd'hui, nous sommes tous en possession de portable et nous connaissons tous les numéros à composer. Ces derniers sont même enseignés aux jeunes enfants en primaire ! Mais souhaitons de ne jamais en avoir besoin, de ne jamais devoir les faire. J'ai lu et non feuilleté cette histoire réelle présentée sous forme de BD, d'une seul traite, le mouchoir à la main. J'éprouve beaucoup d'empathie pour tous ceux qui subissent un tel drame. Les dessins valent bien des phrases, tellement bien placées. Les textes sont en parfaite adéquation avec le thème. Merci pour cette belle leçon de morale.
( 08/10/2022).
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