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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Erec Et Enide:
Voici 170 pages descendu assez rapidement (une journée). J'ai bien aimé l'introduction de cette lecture qui prône l'humilité et la courtoisie en toute circonstance, car qui sommes nous pour juger de ce qui est important ou non en ce bas monde.
La démonstration se fait dès les premières pages, puisque le chevalier Yder, en route avec sa compagne et un serviteur nain se montre hautain envers la servante de Guenièvre ainsi qu'envers Erec, lesquels ne cherchaient qu'à découvrir l'identité de ce si beau chevalier. le Nain fouette d'ailleurs la servante et Erec, les prenants pour des gueux. Mais s'exposant à un retour d'ascenseur (moui, au moyen-âge, c'est difficilement envisageable).
S'en suit naturellement une vengeance toute chevaleresque et la rencontre d'Erec avec son grand amour Enide (dont on ne découvre le nom qu'après le mariage - la féministe qui est en moi n'apprécie que très moyennement). Après une période de félicité conjugale, Erec en vient a douté de l'affection d'Enide et Enide en vient à penser que son époux ne l'aime plus. Erec décide même de partir en "exil", interdisant à Enide de lui adresser la parole. Enide enfreindra cette règle à plusieurs reprises, inquiète pour son époux en voulant lui signifier un danger imminent. Erec, quant à lui, finira par comprendre que son épouse n'est poussé que par son affection.
C'est une belle histoire d'amour que j'ai lu, mais j'en ai déjà trop dit.


Yvain et le chevalier au lion
L'histoire commence avec le récit du chevalier Calogrenant. Il raconte son humiliation lors d'une d'aventure : il existe une fontaine prodigieuse abritée par un pin, l'homme osant verser l'eau de la fontaine sur le perron s'exposerait alors à une violente tempête. Mais cette tempête n'est pas sans conséquence, elle provoque la destruction des récoltes, et la mort des personnes surprises à l'extérieur, voir du chevalier lui-même. Par vengeance, un chevalier noir combat celui qui a osé provoquer le malheur sur ces terres. Ce chevalier bat à plate couture Calogrenant, l'obligeant ainsi à s'en retourner à pied.
Après avoir entendu cette histoire, Yvain veut venger son cousin, d'autant qu'il est soutenu par la Reine, le Roi et surtout provoqué par le chevalier Keu. Il part immédiatement, pour devancer le Roi et blesse à mort le chevalier. Dans la poursuite, Yvain se retrouve bloqué dans le château du chevalier, tombe amoureux de son épouse et finira pas l'épouser avec l'aide de la fidèle confidente.
Ce ne sera que le début des aventures d'Yvain, lequel, à cause d'une promesse non-tenue est rejeté par son épouse. Il deviendra un chevalier errant, après avoir combattu un dragon pour sauver un lion, qui deviendra son fidèle compagnon, il se fera appelé au fil des aventures "Le Chevalier au lion". Tout en cherchant un moyen de reconquérir son épouse, il protégera les inoncents en bon chevalier
J'ai adoré cette histoire, bien construite, elle présente aussi les faiblesses des chevaliers qui ne sont pas toujours fidèles, preux, sain de corps et d'esprits.

Cliges
La première partie de la lecture de ce roman évoque l'histoire d'amour entre Alexandre et Soredamour, les deux parents de Cligès. Soyons clair : c'est gnangnan, voir cul-cul la praline, mais en même temps mignon (Donc, les personnes en mal de récit de combat chevaleresque - Passez votre chemin). Pour satisfaire la gente masculine, il y a tout de même quelques scènes de guerre prouvant la valeur d'Alexandre, ce grec venu se mettre au service du Roi Arthur pour prouver sa noblesse en dépit de son titre de naissance, de ses richesses ou de son aspect physique.
Dans la deuxième partie, on parle de Cligès, oui enfin, et il s'avère qu'il vit le même genre d'histoire d'amour que son père, autrement dit, il souffre d'un excès de timidité avec sa chère et tendre amie ce qui limite les conversations. Cligès va essayer d'impressionner (avec succès, Cligès étant un grand guerrier) la belle Fénice qui de son côté fera tout pour rester vertueuse vis-à-vis de son cher et tendre ami, même s'il ignore le combat qu'elle mène.
Comme toujours, les récits sont un ode aux codes de la chevalerie, à la courtoisie et aux vertus chrétiennes


Guillaume d'Angleterre
Point d'actes de hautes chevaleries, mais plutôt des actes de bon chrétien de la part de ce roi et de sa femme qui abandonne richesse et couronne pour évoluer dans le plus complet dénuement sur ordre divin. En chemin, sa femme accouche de jumeaux, mais rapidement, il se retrouve tous les quatre séparés ignorant le devenir des autres.
Durant de nombreuses années, chaque membre de cette famille construira sa bonne fortune grâce à ces vertus et son intelligence, leur générosité, et leur bonté feront qu'ils n'abuseront personne et qu'ils seront aimés de tous.
Après de nombreuses années, la bonne fortune, au hasard de guerre et de tempête réunira cette famille, devenu plus riche qu'elle ne l'était initialement, autant financièrement qu'humainement.

Philoména:
J'ai adoré la lecture de ces quelques pages. Pour une fois, pratiquement l'ensemble des personnages ont un fort côté sombre. Pour une fois, la belle ne s'en sort pas grâce à un preux chevalier en ayant juste à agiter sa superbe coiffure.
Mais c'est cruel, cette histoire se rapporte plus au tragédie grecque qu'aux contes ou romans plus populaire de Chrétien de Troyes (Ou Chrestien comme on me l'a rappelé il y a quelques temps :) ).
C'est l'histoire d'un tyran Térée qui épouse de force Procnée. Après quelques années, elle demande à voir sa soeur qui lui manque Philoména. Ce privilège lui est accordé à la condition qu'elle reste au palais et que Térée aille lui-même la chercher chez son père.
Le père est vieux et refuse d'abord de laisser sa fille s'éloigner de lui. Il finira, pour le malheur de tous par accorder au tyran d'emmener sa fille, s'il la ramène à lui sous quinzaine.
Mais le tyran est tombé "amoureux" de Philoména et à la ferme intention de : déroger à sa promesse, outrager Philoména, la faire passer pour morte pour se la garder pour lui tout seul...
Je te laisse tout de même le mystère de la fin, mais c'est un drame, ne l'oublie pas.

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Dans le dernier tiers du XIIème siècle, Chrétien de Troyes est l'initiateur de la littérature courtoise. Dans celle-ci il développe une thématique arthurienne, dont la mode fut lancée quelques années auparavant sur les terres d'Angleterre. Il est ainsi l'auteur de cinq romans :
- Erec et Enide (vers 1170), dans lequel Erec, un des plus éminents chevaliers de la Table Ronde, est amené à rencontrer Enide, dont il tombe amoureux, et qu'il épouse. Dès lors, Erec néglige les armes et la chevalerie, ce qui conduit le mariage à la crise. La réconciliation passe alors par une quête visant à concilier amour et chevalerie…
- Cligès (vers 1176), où le héros est fait chevalier par le Roi Arthur mais retourne bien vite dans son pays d'origine, la Grèce, où vit celle qu'il aime. Cette dernière n'est autre que l'épouse de l'Empereur, qui l'a épousé au mépris du serment qu'il avait prononcé auprès de son frère, Alexandre, père de Cligès. A cette trahison, Cligès répondra par une autre trahison, bien plus légitime celle-là…
- Yvain ou le Chevalier au Lion (vers 1177-1181), dans lequel ce chevalier de la Table Ronde, va d'aventure en aventure pour reconquérir l'amour de sa dame, envers laquelle il n'a pas respecté son serment. C'est ainsi qu'il devra affronter un lion qui deviendra son compagnon…
- Lancelot ou le Chevalier de la Charrette (vers 1177-1181), où ce célèbre compagnon du Roi Arthur est prêt à tout, même à perdre son honneur, pour délivrer celle qu'il aime, la Reine Guenièvre, la propre femme d'Arthur…
- Perceval ou le Conte du Graal (vers 1181-1183), dans lequel sont successivement mis en scène Perceval, dans sa quête du Graal, et Gauvain, neveu d'Arthur, sommé de se rendre en Escavalon pour se battre en combat singulier, afin de se défendre d'une accusation de félonie…
Notons que ce dernier roman est inachevé, probablement à cause du décès de l'auteur, et que ce fait est probablement en partie à l'origine des "suites" qui seront données très vite à son oeuvre…
Quoi qu'il en soit, c'est bien à la cour du Roi Arthur que naissent les aventures des chevaliers racontées par Chrétien de Troyes. Mais le monarque ne joue qu'un rôle secondaire dans tout cela, Chrétien lui préférant l'action conduite par ses chevaliers, l'amour qui est à l'origine des actes de la plupart d'entre eux, et le merveilleux, au titre duquel les oeuvres complètes de Chrétien de Troyes sont chroniquées ici.
En effet, les épisodes extraordinaires ne manquent pas : les chevaliers pénètrent jusqu'aux confins de l'Autre Monde (Lancelot dans le royaume de Gorre, Erec à la joie de la Court), d'autres se battent contre des géants, des monstres ou des bêtes sauvages (Yvain vient au secours d'un lion attaqué par un serpent), d'autres encore ont des aventures prophétiques et symboliques (Lancelot au Cimetière périlleux, ou traversant le Pont de l'Epée, Perceval et le Graal). On ne s'étonnera donc pas de l'influence qu'aura Chrétien de Troyes sur la littérature qui lui succèdera au cours des siècles, et ce jusqu'à nos jours.
Car la Fantasy puise une bonne part de son inspiration dans le cycle arthurien, que cela soit ouvertement ou non. Bien sûr le lecteur d'aujourd'hui pourra trouver l'écriture et les thématiques de Chrétien de Troyes dépassées, mais il n'en reste pas moins que c'est en grande partie dans son travail qu'il doit rechercher l'origine des oeuvres qui le font vibrer aujourd'hui.
A noter que l'édition présentée ici est celle de la Pléiade qui attribue, avec les réserves qui s'imposent, quatre autres textes à Chrétien de Troyes. Il s'agit de Philomena, où celle-ci est enlevée, abusée et mutilée par le mari de sa propre soeur, Guillaume d'Angleterre, qui conte les aventures de ce roi qui renonce à tout à la suite d'une intervention divine, et de deux "chansons" courtoises, qui nous plongent dans l'art des troubadours.
Comme d'habitude avec La Pléiade, le travail d'édition est superbe. Il est bilingue, et la traduction est conçue de façon à rendre le texte accessible à n'importe quel lecteur d'aujourd'hui (en tout premier lieu, les romans ont été traduits en prose). Et bien sûr, l'appareil critique est imposant et passionnant.
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