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Critique de raton-liseur


A y regarder d'un peu plus près, c'est peut-être bien le premier roman de Galsan Tschinag que je lis, après ses récits autobiographiques et un recueil de deux longues nouvelles. Et c'est un petit bijou que j'ai découvert sous cette couverture toute verte toute simple.
Nous sommes dans les steppes de l'Altaï, au coeur d'une famille qui a connu des malheurs et des bonheurs aussi. Shumuur est veuf depuis peu, cette histoire est la sienne, mais aussi surtout celle Dombuk sa fille aînée qui chante comme une future chaman, et de Gulundshaa, la belle femme qui aime Shumuuk. C'est une histoire simple, où il ne se passe pas beaucoup de choses, à part une jument qui accepte de nourrir un poulain qui n'est pas le sien (tout un symbole de la famille de Shumuuk), un repas partagé, une yourte déplacée… Une histoire toute simple de la vie ordinaire, avec ses moments de tendresse et aussi ses moments de violence.
Et l'on a l'impression d'être transporté dans un autre monde, ou hors du temps peut-être, dans un ailleurs qui malgré sa dureté et ses habitants taiseux fait rêver. Mais alors, le dernier chapitre, en nous projetant quelques trente ans plus tard pour nous brosser à grands traits le devenir des personnages principaux, nous ramène dans la réalité et donne un relief tout différent à cette lecture.
C'est un livre tout simple avec lequel pourtant on apprend beaucoup sur la vie des Touvas, sur leur histoire récente et sur l'évolution (pour ne pas dire la disparition) de leur civilisation. C'est aussi un livre qui fait beaucoup réfléchir, et qui semble étrange car Galsan Tschinag semble justement assez fataliste quant à cette disparition. Il est parti et semble nous dire qu'il n'est donc plus légitime pour critiquer ce qui se passe sur place, que ce soit ce que font les Touvas ou les Kazakhs qui se sont installés plus récemment. C'est un regard étrange, plein de sagesse et peut-être de renoncement. Un regard et une histoire qui peuvent paraître tristes, mais Galsan Tschinag semble nous inviter à en conserver l'image en nous, sans chercher à la chercher dans la réalité. Ce livre est la fin de plusieurs chants, celui de Dombuk qui finit par amadouer la jument, celui d'un peuple aussi, c'est un livre qui a de nombreux niveaux de lecture, du singulier au général, du réaliste au symbolique. Une lecture qui m'a touchée, plus que je ne m'y attendais, touchée par sa simplicité au premier abord mais aussi par les sentiments complexes qu'elle véhicule. Une très belle oeuvre de fiction, qui mérite d'être lue et relue.
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