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Dominique Petit (Traducteur)Françoise Toraille (Traducteur)
EAN : 9782877309424
217 pages
Editions Philippe Picquier (12/04/2007)
3.73/5   53 notes
Résumé :
Sous le ciel de cristal du Haut Altaï, quelque part dans les lointaines steppes d'Asie Centrale... La Fin du chant déroule des images d'une beauté et d'une cruautie insensées : des plaines infinies et silencieuses ; une jument prostrée devant son poulain mort-né ; des peuples nomades - Touvas et Kazakhs - qui se massacrent pour un bout de vallée où dresser les yourtes ; des hommes ténébreux, un peu bandits ; des femmes fières, solides comme des pierres sans âge ; et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le massif de l'Altaï, des nomades touvas vivent depuis des centaines d'années dans un environnement hostile mais maitrisé.

C'est la famille de Shumuur qui sert de cadre à ce roman, qui débute par les luttes des enfants visant à permettre à un poulain de se nourrir d'une autre mère que la sienne. La scène est brute et les gestes des enfants montrent de suite l'apreté de la vie.

C'est un roman dépaysant au possible , qui nous immerge dans la vaste nature de l'Altaï où les chevaux semblent aussi abondants et disponibles que les velibs en métropole, où le ciel et le fleuve font office de divinité, où les yourtes se font et se défont au rythme des saisons et des invasions. C'est un monde rude, brut, non façonné par l'homme. On sent poindre la nostalgie de l'auteur lorsque le premier cercueil envahit la vallée quand les chamanes partent encore en fumée avec l'arbre sacré.
J'ai ressenti quelques longueurs , n'étant pas un adepte du nature writing, mais la résilience des personnages , les relations claniques , la vie dans l'Altaï mais aussi le dernier chapitre, très fort et que l'on aurait sans doute aimé voir se prolonger font de cette lecture un beau voyage.
j'ai enfin beaucoup apprécié les mots touvas laissés dans le texte , sans doute intraduisibles, et le petit glossaire final.
Un petit mot sur l'auteur qui sans surprise est issu de ces contrées et qui est parti en Allemagne ( de l'Est à l'époque) dans le cadre d'un échange entre nations communistes.
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Une tranche de vie d'un peuple Mongol, peuples nomades composés de Touvas et de Kazakhs. La vie dans les steppes d'Asie centrale, dans le Haut Altaï est très dure.
Pendant l'année du Singe Blanc qui couvre les années 1943 – 1944, les Touvas doivent fuir devant les Kazakhs, une fuite pour la survie d'un peuple.
Le roman commence par une prière que chante Dombuk, adolescente, oraison pour qu'une jument, dont le poulain est mort, accepte de donner son lait à un poulain orphelin de mère. Ce chant, fil conducteur du roman, exprime le caractère fier de Dombuk, d'une Touva qui vit dans un monde d'une beauté sauvage, suivant des traditions ancestrales.
Un roman plus que dépaysant, une prose orale jaillie de la nuit des temps.
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Le Chant qui donne son titre au roman est celui qu'entonne Dombuk, une jeune nomade de l'Altaï — chacun sait qu'il s'agit d'une chaîne de montagnes s'étendant entre les états actuels de Mongolie, de Russie, de Chine et du Kazakhstan. Il s'agit pour l'adolescente de convaincre une jument qui vient de perdre son petit d'offrir son lait à un poulain dont la mère est morte ; cette tâche d'une grande importance pour la pérennité du troupeau fait office de fil rouge dans ce récit, moins imaginaire qu'inspiré de "la vie elle-même", ainsi que le confesse l'auteur dans ses dernières pages. On le voit, nous sommes ici bien loin de nos préoccupations quotidiennes d'Occidentaux sédentaires !

Les éleveurs de l'Altaï évoluent au sein d'un paysage grandiose, magnifiquement décrit par Galsan Tschinag. C'est aussi un monde âpre, cruel, tout en étant profondément humain. Une mère peut étrangler son fils de dix ans parce que celui-ci se revendique Kazakh comme son père et non Touva comme elle ; un chasseur peut être dévasté après avoir abattu une marmotte qui allaitait encore ses cinq petits... Le récit se déroule au milieu du 20ème siècle, à une époque où ce monde que l'on croyait immuable se métamorphose : le Chant qui touche à sa fin est aussi celui des chamans, car bientôt les Touva iront chercher leur subsistance loin de leurs montagnes, dans des cités industrielles où ils connaîtront les joies de la radio et du réfrigérateur.

L'auteur est de nationalité mongole mais, ayant vécu en ex-RDA, il écrit dans la langue de Goethe. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il n'y a pas l'impression d'étrangeté, voire d'imperméabilité, que l'on peut ressentir à la lecture d'autres romans issus de cultures lointaines. "La Fin du Chant" est fortement dépaysant mais reste accessible. Dans le portrait de ces personnages au mode de vie si différent du nôtre, on retrouve d'ailleurs quelques traits universels : ainsi Dombuk, l'adolescente débrouillarde, qui en tant qu'aînée de la fratrie doit assumer des tâches d'adulte ; son père Schuumur, le chasseur taciturne, partagé entre le souvenir de sa défunte épouse et les possibilités offertes par le retour de son ancienne amante ; Gulundshaa, l'amante en question, qui rechigne à s'immiscer dans leurs affaires de famille mais désirerait mettre un terme à sa solitude...

"La Fin du Chant" est un court roman qui peut se lire en un après-midi, comme une parenthèse bienvenue, une bonne bouffée d'air pur des montagnes. Cette excursion en Asie Centrale aux côtés de Galsan Tschinag a, pour ma part, été très concluante ; plusieurs de ses romans ayant été traduits en français, je sais d'ores et déjà que j'y retournerai bientôt.
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Cette lecture est un peu en dehors du Temps. Elle nous emmène dans les vastes étendues mongoles, de grandes steppes où les hommes sont en communion avec la nature. Quand a lieu cette histoire ? Aucune idée, cela pourrait se dérouler au XVIIème siècle comme au XIXème siècle. En effet rien ne nous donne d'indices temporelles (sauf peut-être l'évocation d'invasions kazakhes et chinoises, mais ma connaissance de l'histoire de ce pays est quasi inexistante).
Les paysages semblent magnifiques, rien d'autres que de l'herbe à perte de vue, aucune ville, aucune maison. Les hommes se contentent de ce que la nature leur offre : le lait des animaux, leur viande. Bien que les conditions de vie semblent difficiles, ils ont l'air heureux. Ce peuple Touva est très intéressant, nous découvrons quelques-unes de leurs coutumes et apprenons même quelques appellations dans leur langue !
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A y regarder d'un peu plus près, c'est peut-être bien le premier roman de Galsan Tschinag que je lis, après ses récits autobiographiques et un recueil de deux longues nouvelles. Et c'est un petit bijou que j'ai découvert sous cette couverture toute verte toute simple.
Nous sommes dans les steppes de l'Altaï, au coeur d'une famille qui a connu des malheurs et des bonheurs aussi. Shumuur est veuf depuis peu, cette histoire est la sienne, mais aussi surtout celle Dombuk sa fille aînée qui chante comme une future chaman, et de Gulundshaa, la belle femme qui aime Shumuuk. C'est une histoire simple, où il ne se passe pas beaucoup de choses, à part une jument qui accepte de nourrir un poulain qui n'est pas le sien (tout un symbole de la famille de Shumuuk), un repas partagé, une yourte déplacée… Une histoire toute simple de la vie ordinaire, avec ses moments de tendresse et aussi ses moments de violence.
Et l'on a l'impression d'être transporté dans un autre monde, ou hors du temps peut-être, dans un ailleurs qui malgré sa dureté et ses habitants taiseux fait rêver. Mais alors, le dernier chapitre, en nous projetant quelques trente ans plus tard pour nous brosser à grands traits le devenir des personnages principaux, nous ramène dans la réalité et donne un relief tout différent à cette lecture.
C'est un livre tout simple avec lequel pourtant on apprend beaucoup sur la vie des Touvas, sur leur histoire récente et sur l'évolution (pour ne pas dire la disparition) de leur civilisation. C'est aussi un livre qui fait beaucoup réfléchir, et qui semble étrange car Galsan Tschinag semble justement assez fataliste quant à cette disparition. Il est parti et semble nous dire qu'il n'est donc plus légitime pour critiquer ce qui se passe sur place, que ce soit ce que font les Touvas ou les Kazakhs qui se sont installés plus récemment. C'est un regard étrange, plein de sagesse et peut-être de renoncement. Un regard et une histoire qui peuvent paraître tristes, mais Galsan Tschinag semble nous inviter à en conserver l'image en nous, sans chercher à la chercher dans la réalité. Ce livre est la fin de plusieurs chants, celui de Dombuk qui finit par amadouer la jument, celui d'un peuple aussi, c'est un livre qui a de nombreux niveaux de lecture, du singulier au général, du réaliste au symbolique. Une lecture qui m'a touchée, plus que je ne m'y attendais, touchée par sa simplicité au premier abord mais aussi par les sentiments complexes qu'elle véhicule. Une très belle oeuvre de fiction, qui mérite d'être lue et relue.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Plus le soleil s'élevait dans le ciel, plus ses contours devenaient flous. On eût dit qu'il se liquéfiait. Il répandait une lueur d'incendie qui gagnait peu à peu les cieux tout entiers. Telles des gouttes de soleil, tels de minuscules éclats de l'astre, les fleurs s'étaient tournées vers lui. Elles étaient à présent immobiles, comme engourdies, et l'on croyait entendre un soupir en prêtant l'oreille au murmure des montagnes, des forêts et du fleuve. N'était-ce pas le soupir des fleurs qui s'étaient redressées le matin même avec ardeur, s'offrant joyeusement au soleil, et qui attendaient maintenant leur déclin ? N'était-ce pas celui des herbes dont la vie consistait à croître en dépit du bétail, des fraîches nuits de gelée et des orages incessants ? Celui des forêts encore présentes ? Des pierres inertes, apparemment éparpillées au hasard, et pourtant animées en réalité d'une vie exigeante et haute en couleur ? Cette plainte n'émanait-elle pas de tout ce qui vivait ou semblait ne pas vivre, engagé cependant dans une âpre lutte pour l'existence ?
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"De nouveau, sa voix était claire et pénétrante. Les aigus et les trilles qui jaillissaient l'un après l'autre semblaient traverser l'air lourd et chaud, telles des flèches se frayant un chemin vers le bleu tendre et frais. Car une brise semblait monter du chant. N'était-elle pas ce quelque chose qui avait sa place parmi les rayons du soleil, les zéphyrs du ciel et les eaux du fleuve, dans le balancement des forêts, la croissance des herbes et des fleurs sur les prairies, la cohésion des montagnes, des rochers, des rives et de la terre, dans l'essence de la nature qui fondait l'existence même de ce quelque chose ? C'était peut-être le souffle sain et rassurant de l'univers. Ou peut-être tout autre chose : la volonté qui sommeille en chaque être et parfois s'éveille, jaillit et se transforme, comme l'eau devient vapeur ou le bois flamme, puis atteint les autres. "
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Ce que nous laissons en plan sans scrupules, emballant soigneusement des chaussures éculées, des chaussettes trouées et des bouts de fromage moisis, s'appelle pour d'autres une patrie et constitue un bien sacré ! Soyons justes : il en est allé de même pour nos ancêtres, et c'est au prix de leur sang et de leur vie qu'ils ont défendu et conservé leur terre et tout ce qu'elle portait !
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N’était-ce pas le soupir des fleurs qui s’étaient redressées le matin même avec ardeur, s’offrant joyeusement au soleil, et qui attendaient maintenant leur déclin ? N’était-ce pas celui des herbes dont la vie consistait à croître en dépit du bétail, des fraîches nuits de gelée et des orages incessants ? Celui des forêts encore présentes ? Des pierres inertes, apparemment éparpillées au hasard, et pourtant animées en réalité d’une vie exigeante et haute en couleur ? Cette plainte n’émanait-elle pas de tout ce qui vivait ou semblait ne pas vivre, engagé cependant dans une âpre lutte pour l’existence ?
(p. 157-158).
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De nouveau, sa voix était claire et pénétrante. Les aigus et les trilles qui jaillissaient l'un après l'autre semblaient traverser l'air lourd et chaud, telles des flèches se frayant un chemin vers le bleu tendre et frais. Car une brise semblait monter du chant. N'était-elle pas ce quelque chose qui avait sa place parmi les rayons du soleil, les zéphyrs du ciel et les eaux du fleuve, dans le balancement des forêts, la croissance des herbes et des fleurs sur les prairies, la cohésion des montagnes, des rochers, des rives et de la terre, dans l'essence de la nature qui fondait l'existence même de ce quelque chose ? C'était peut-être le souffle sain et rassurant de l'univers. Ou peut-être tout autre chose : la volonté qui sommeille en chaque être et parfois s'éveille, jaillit et se transforme, comme l'eau devient vapeur ou le bois flamme, puis atteint les autres.
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Videos de Galsan Tschinag (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Galsan Tschinag
"J'ai le goût du merveilleux, ce sont des restes d'enfance." C'est avec ces quelques mots de Romain Gary, extrait de "La Nuit sera calme", que nous démarrons ce nouvel épisode de notre podcast. Car il y sera justement question d'éblouissement des premières fois, de cet âge où chaque découverte est un trésor à apprivoiser. D'enfance, en somme.
Pour nous accompagner : nous recevons Valentine Goby, autrice de nombreux romans pour adultes, mais aussi pour la jeunesse. Son dernier livre, "L'Île haute", nous emmène à la rencontre de Vadim, jeune garçon de 12 ans, qui vit à Paris. Nous sommes en 1943 et il est envoyé dans les Alpes. Officiellement pour soigner son asthme, mais surtout pour fuir les Allemands... car il est Juif. Arrivé après un long trajet en train et dans la neige, Vadim découvre la splendeur de la montagne, immensité enivrante qui le rend minuscule.
Au cours de cet entretien, Valentine Goby nous dira comment est née cette envie d'écrire un roman d'apprentissage, et en quoi l'enfance la fascine et l'inspire.
Juste après, nous retrouverons les libraires de Dialogues, Romain, Rozenn et Laure. Ils ont sélectionné pour nous plusieurs romans sur l'enfance et l'émerveillement. 
Bibliographie : 
- L'Île haute, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20859799-l-ile-haute-valentine-goby-actes-sud
- Murène, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18855093-murene-roman-valentine-goby-actes-sud
- L'Anguille, de Valentine Goby (éd. Thierry Magnier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16758956-l-anguille-valentine-goby-thierry-magnier
- Chèr.e moi (éd. Seuil) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21362899-cher-e-moi-lettres-a-l-ado-qu-lettres-a-l-ado--collectif-seuil
- Germinal, d'Émile Zola (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/843968-germinal-emile-zola-folio
- Les Misérables, de Victor Hugo (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11354695-les-miserables-victor-hugo-folio
- E = mc2 mon amour, de Patrick Cauvin (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/185907-e-mc2-mon-amour-roman-patrick-cauvin-le-livre-de-poche
- Élisée, avant les ruisseaux et les montagnes, de Thomas Giraud (éd. Contre-allée) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16687921-elisee-avant-les-ruisseaux-et-les-montagnes-thomas-giraud-contre-allee
- Ciel bleu, de Galsan Tschinag (éd. Métailié) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18909888-ciel-bleu-une-enfance-dans-le-haut-altai-galsan-tschinag-anne-marie-metailie
- L'Invention de Louvette, de Gabriela Trujillo (éd. Verticales) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955179-l-invention-de-louvette-roman-gabriela-trujillo-verticales
- le Petit Prince, d'Antoine de Saint-Exupéry (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/392754-le-petit-prince-avec-des-aquarelles-de-l-auteur-antoine-de-saint-exupery-folio
- Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/8194310-les-aventures-d-alice-au-pays-des-merveilles---lewis-carroll-folio
- L'Étranger, d'Albert Camus (ed. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/440374-l-etranger-albert-camus-folio
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