A quoi je m'attendais avec La disparition d'Annie
Thorne (Editions Pygmalion) ? Un thriller, un policier ? Selon le Daily Mail, l'auteure, C.J. Tudor est « la
Stephen King britannique ». J'avais donc une petite idée même si l'avis est totalement subjectif. Je viens tout juste de le refermer et suis restée un peu sur ma fin. Il ne s'agit ni d'un thriller, ni d'un policier, je le qualifierais plus de roman noir, un roman où la vengeance est au coeur du récit.
Une histoire entre passé et présent
Joseph
Thorne, professeur, revient dans sa ville natale Arnhill, des dettes de jeu jusqu'au cou avec la ferme intention de venger la mort de sa petite soeur de 8 ans, Annie, survenue dans d'étranges circonstances alors qu'il était adolescent. Il décide de s'installer dans un cottage au passé meurtrier, une ancienne professeure du lycée de la ville y aurait tué son fils Ben avant de se suicider. L'endroit est froid, glacial et il y règne une atmosphère d'outre-tombe, un silence souvent interrompu par des cliquetis incessants.
Joseph, Joe ou Joey s'adresse aux lecteurs à la première personne à la fois dans les chapitres consacrés à sa vie actuelle qu'au moment des flashbacks d'adolescents. Ces derniers rythment le récit et nous abreuvent d'indices, d'éléments distillés petit à petit pour nous accompagner vers la vérité.
J'ai apprécié le rôle de ce personnage principal. Ce n'est pas un policier. D'ailleurs la police n'apparait qu'à deux, trois reprises dans le livre et n'apporte que peu d'informations. Ce n'est pas non plus un meurtrier, un assassin, un serial killer, juste un homme paumé avec une jambe en vrac dont le gosier surfe entre l'alcool fort, le café et les clopes. D'autres acolytes vont rapidement faire surface et on comprend vite qu'un événement grave, inexpliqué et mystérieux s'est déroulé quand Hurst, Fletch, Marie, Chris et Joey étaient adolescents. Un événement en lien avec les anciennes mines de Arnhill.
La véritable question n'est pas résolue
Bien entendu, tous ont grandi et se livrent aujourd'hui une bataille sans merci pour faire taire l'autre. Nous raccrochons les wagons au fur et à mesure que le roman sent la suie, le sang, le métal, les os humides, les insectes rampants et la terre meuble. Joey veut que le coupable du décès d'Annie soit puni mais pas au regard de la loi. Il veut faire vengeance lui-même par le biais d'un chantage financier et d'une dissimulation de preuves afin de régler ses dettes. Je n'ai pas été emballée par cette orientation du récit. Il fallait une raison à Joey pour revenir à Arnhill, cette raison est pécuniaire et au final la disparition de sa soeur n'est qu'un prétexte. J'ai trouvé un certain déséquilibre dans ce basculement éditorial. Il a la
rage de récupérer cette argent, menacé par une espèce de chasseuse de prime, Gloria, mais pas celle de faire éclater la vérité.
La disparition d'Annie
Thorne se lit tout seul mais malgré tout, je n'ai pu m'empêcher de relever parfois la tête et de me dire que le fil n'avait aucun sens et qu'il manquait quelques pièces au puzzle, notamment la plus importante, qu'est-il réellement arrivé à Annie
Thorne et aux autres enfants disparus, réapparus métamorphosés pour finalement mourir dans d'étranges conditions ? le roman ne répond pas vraiment à cette question, celle qui nous poursuit, lecteur, jusqu'à la dernière page. L'auteure donne un semblant de réponse à l'issue du roman mais qui ne m'a pas vraiment convaincue.
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