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Citations sur Le Destin miraculeux d'Edgar Mint (45)

Le premier touriste auquel j'aie jamais eu affaire était un énorme hippie qui trimbalait toutes ses possessions dans un Caddie. Ne portant qu'un short raide de crasse et des sandales de cuir, il se baladait partout, manœuvrant son chariot parmi les graviers et les hautes herbes comme si, telle la plus heureuse de ménagères, il faisait ses courses dans un supermarché.
Quand il vit que je le regardais, il s'avança vers moi, m'examina au travers de la haie épineuse de ses cheveux, puis écarta les bras pour englober les quartiers des officiers, les anciens baraquements, les écuries en haute de la colline et les montagnes au loin.
"Génial, dit-il lentement, détachant chaque syllabe. C'est absolument génial."
Il demeura ainsi vacillant un peu, puis il se tourna vers moi. " Tu peux me dire quelque chose, tu sais, dans ta langue maternelle?
- Cunnilingus", dis-je.
Il me considéra un instant, sourcils froncés, puis il fit: "Génial."
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Quelle douceur terrestre est elle sans mélange?Quelle gloire demeure t elle immuable sur terre?Tout n'est qu'est qu'ombre fragile,tout n'est que rêves trompeurs et,en un seul instant,la mort supplante tout"
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Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j’avais sept ans quand le facteur m’a roulé sur la tête. Aucun événement n’aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et le peines, tout cela découle de cet instant où, un matin d’été, la roue arrière gauche de la Jeep de la poste a écrasé ma tête d’enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos.
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Je ne reproche pas à ma mère de ne pas être sortie de la maison ce jour-là. Dès qu'elle entendit le hurlement du facteur, elle eut la certitude, tout comme grand-mère Paule, qu'il venait de se passer quelque chose de terrible, et elle préféra ne pas savoir. Elle resta assise sur sa chaise à la table de la cuisine, sans bouger, sans même allonger les jambes, jusque tard dans la nuit quand il n'y eut plus personne pour lui apporter de bières. D'après le peu que je sais d'elle, ma mère était plutôt du genre à pratiquer la politique de l'autruche? Elle demeurait toujours à l'écart, s'efforçant de se protéger. C'est l'une des raisons pour lesquelles elle buvait tan- à condition d'en voire assez, la bière parvient à protéger de presque tout.
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C'que je veux dire, c'est que quand t'as une maman, elle est p't-être pas tout le temps là, mais elle est jamais bien loin et elle t'aime, ça je peux te le certifier. Les mamans aiment leurs enfants. C'est la loi de Dieu, la seule sur laquelle tu peux compter.
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"Je m'abstins de le dire, mais j'avais l'impression qu'avoir une femme ou une mère de rechange au cas où il arriverait quelque chose à la première, ce n'était pas une si mauvaise idée en soi.'"
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Comme tout sentait bon! Je venais d'un enfer olfactif - odeur d'ammoniaque de l'urine, puanteur des chiottes qui, par les chaudes journées d'été, planait comme un nuage empoisonné, odeurs de serviettes sales, de désinfectant, de matelas moisi et d'encaustique, odeur poussiéreuse du passé qui s'échappait par les bouches de chauffage - et je tombais dans un paradis de fragrances: le linge propre qui apparaissait comme par miracle dans les tiroirs, le pain frais dans la cuisine, la salle de bains aux effluves de lavande, de citron et de parfum, les couettes et les oreillers qui sentaient comme un vif matin d'hiver.
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Pendant ce temps-là, frère Hughes apportait son témoignage, nous disait combien il aimait le livre de Mormon. Il savait que c’était un livre qui détenait la vérité, que Joseph Smith était un prophète de Dieu, que Jésus-Christ était son sauveur à lui personnellement, qu’Il avait souffert et était mort sur la croix pour ses nombreux, et même, il faut l’avouer, ses innombrable péchés. Ses yeux s’embuèrent de larmes, lesquelles se mirent à couler, traçant deux sillons parallèles sur ses joues veloutées. Cet homme avait l’art de pleurer et j’avais envie de pleurer avec lui. Néanmoins, rien de tout cela, ni mon embarras, ni l’invocation de Dieu, ni l’émotion sincèrement chrétienne de notre professeur, n’eut pour effet de décourager ma zigounette qui, avais-je l’impression, s’efforçait de percer un trou dans mon pantalon.
Il m’autorisa enfin à regagner ma place, et Scotty Webster murmura assez fort pour que tout le monde entende : « Hé ! Tout à l’heure, Edgar sera les Lamanites et nous les Néphites, et on va se faire la guerre ! » Je jetai un regard autour de moi, me sentant particulièrement vulnérable, mais personne ne parut répondre à l’appel aux armes de Scotty.
Ce soir là, après avoir été persécuté toute la journée du sabbat par une érection tenace, j’ai su que le moment était venu. Cette situation ne pouvait pas se prolonger. J’avais lutté des semaines durant et je savais que, en dépit des terribles conséquences, j’allais commettre l’irréparable : J’allais me branler. Oh ! oui ! c’était un péché, et un grave péché : les responsables de notre église avaient consacré beaucoup de temps et d’énergie à nous expliquer. Au début, pour parler de masturbation, ils avaient employé un langage sibyllin,indéchiffrable, qui ressemblait à un code secret. Lors de notre réunion sacerdotale hebdomadaire, ils nous avaient remis à chacun une brochure intitulée « Pour jeunes gens uniquement ». Elle comportait des photos d’une chaîne de montage avec plein de rouages et quelques cheminées qui crachaient des nuages de vapeur, et qui expliquait que le corps d’un jeune homme est pareil à l’usine qui produirait certaine substance. Parfois, disait-on, l’usine produit trop de ladite substance, de sorte qu’il faut de temps en temps l’évacuer, en général au milieu de la nuit. Ces « émissions nocturnes » sont tout à fait naturelles et n’ont rien de honteux, mais si le garçon trafique sa propre usine pour que la substance soit évacuée selon ses désirs, là on a affaire à un péché. Nos corps sont des temples, concluait la brochure, avec lesquels on ne doit pas jouer.
Je l’ai relue quatre fois, de la première à la dernière ligne, et je n’y ai strictement rien compris.
Plus tard, adossé au mur derrière l’église, j’essayais encore de percer ce mystère quand Vince Brown, un ado aux grosses lèvres charnues qui s’excitait en parlant au point de postillonner, s’est glissé vers moi.
« Tu sais de quoi il est question, là dedans !? » dit-il, hurlant presque. Je dus me reculer pour éviter les postillons qui volaient partout. « Je savais pas, mais mon frère m’a dit ! De se branler ! » Maintenant Vince me mugissait dans la figure après m’avoir pratiquement cloué contre le mur.
« Tu sais bien ! Se taper une queue !? »
Selon toute apparence, la brochure n’était pas aussi efficace que les responsables de l’église l’avaient espéré, car deux semaines plus tard, l’épiscopat organisa un mercredi soir une réunion spéciale après la journée Boy Scouts. L’évêque Newhauser, un homme au dentier d’une blancheur éclatante et aux yeux d’un bleu très clair, nous expliqua que dans les sphères dirigeantes, on commençait à s’inquiéter des « pensées et actes impurs » parmi les jeunes de la communauté.
« Nous avons décidé d’agir », affirma l’évêque Newhauser, planté devant le tableau noir portatif. La réunion se tenait dans une grande salle où les projecteurs étaient braqués sur le devant de la scène, tandis que nous étions laissés dans la pénombre, entourés de tentures de velours qui sentaient la poussière. « Nous n’allons pas rester tranquillement assis pendant que Satan sème l’ivraie en notre sein, poursuivit l’évêque. Le pouvoir de procréer est sacré. » Sous l’effet des projecteurs, les premières gouttes de sueur éclataient sur son front comme de petites cloques. « Et quand on joue avec… » Il s’interrompit d’un seul coup et se racla la gorge. « …Je veux dire quand on en abuse, quand on abuse de ce pouvoir que nous détenons, on ne profane pas seulement sa propre personne, mais également sa famille, son Dieu et Son Eglise sur terre. »
Il ajouta que nous avions des armes pour combattre le mal qui régnait parmi nous. Il inscrivit au tableau avec beaucoup d’application :
NE PAS RESTER PLUS DE D’UNE MINUTE AUX TOILETTES.
AU LIT, TOUJOURS GARDER LES MAINS SUR LA COUVERTURE ET AU DESSUS DE LA TAILLE.
ÈVITER LES ACTIVITÈS SOLITAIRES.
EN CAS DE PENSÈES IMPURES, CHANTER UN CANTIQUE.
PORTER TOUJOURS DEUX SLIPS.
PRIER. PRIER. PRIER.
Avant de nous libérer, il leva les mains comme pour restaurer le calme, alors que personne n’avait bronché au cours de l’épreuve qu’on nous avait infligée. Il était maintenant en nage, au point que la cravate qui pendait autour de son cou ressemblait à une lavette.
« Et pour qu’il n’y ait pas de méprise, conclut-il, serrantles poings, je vous précise que nous parlons ici… nous parlons de… de masturbation. » Il attendit un instant que le vilain mot ait produit son effet, puis il reprit : « Ce que je veux dire, jeunes gens, c’est occupez vos mains à des tâches saines. »
J’avais fait de mon mieux. J’avais essayé de prier et de chanter des cantiques, j’avais même réduit le temps que je passais dans la salle de bains rose, mais en vain. J’avais atteint le point de rupture. J’allais occuper mes mains à une tache malsaine.
Pourtant, même dans cet état de folie hormonale, j’éprouvais un sentiment amer d’impuissance. Dans cet univers de bien et de mal, il y avait des règles, des lois édictées pour mon propre bien-être, et je savais avec certitude que je ne pourrais pas les respecter.
Ce soir-là dans mon lit, j’attendis que Brayton émette les petits bruits indiquant qu’il dormait, et quand l’horloge de parquet sonna onze heures, je me glissai hors de mon lit. Après avoir vérifié qu’aucune lumière ne filtrait sous les portes des autres chambres, je descendis l’escalier sur la pointe des pieds, veillant à ne pas déranger les perroquets, et mon érection et moi avons débouché dans le jardin.
A l’église, on m’avait appris que la maison était un lieu sacré, un havre destiné à la cellule familiale, un temple au même titre que celui de Salt Lake City. Dans le salon, à côté de l’horloge, figurait une grande tapisserie à l’aiguille brodée par la mère de Clay, grand-mère LaRue, et qui proclamait : Cette maison est un temple – Que personne ne le profane. Aux yeux des mormons, à peu prés tout été d’une manière ou d’une autre sacré. Je m’apprêtais donc à profaner mon propre corps, mon propre temple, et j’espérais que Dieu reconnaîtrait au moins que je le faisais en dehors de la maison des Madsen.
A peine arrivé à la citerne, je l’avais déjà sortie et, dents serrées, il ne me fallut que trois ou quatre mouvements maladroits du poignet pour qu’un formidable orgasme me vide de mes forces et que, jambes flageolantes, je tombe à genoux.
Je restai ainsi, raide comme un piquet, m’efforçant de prolonger éternellement cet instant, et soudain, je sentis l’éclair d’un court-circuit jaillir quelque part au plus profond de mon cerveau endommagé, puis la vibration électrique monter le long de mes jambes, annonciatrice d’une crise, et je basculais dans les ténèbres familières.
Je repris connaissance allongé à plat ventre, le visage dans la terre. Je roulai sur le dos et regardai le panache de mon haleine s’élever vers le ciel parsemé d’étoiles. Au loin, des maisons sur une colline émettaient une douce lumière dorée, comme si elles étaient immergées. Mon cœur battait lentement, solidement, et j’éprouvais une espèce de paisible lucidité, rien de ce que je me serais imaginé après avoir profané mon corps et déclanché en outre une crise d’épilepsie. Tournant la tête, je vis Adelle, l’une des chèvres, qui m’observait, le museau passé entre les planches de la barrière, luisant comme un morceau de charbon. Elle ne paraissait pas du tout inquiète de me voir ainsi, si bien que je me sentis étrangement à l’aise, couché sur le dos, le zizi dans mon poing, le pantalon de mon pyjama aux chevilles. Je m’aperçus alors que je recommençais à bander, et cette fois,, une trentaine de secondes de manipulations déjà moins maladroites me furent nécessaires pour accéder au frisson de la félicité. Les nerfs me picotèrent de nouveau, mais je ne m’évanouis pas. Je baignais dans un tel sentiment d’euphorie que je finis par m’endormir. Je me réveillai vers le petit matin, trempé de rosée, les cheveux pleins de brindilles et de plumes de poulets, les bras et la nuque couvert de terre, de graviers et de fétus de paille. Sale et heureux, je regagnai mon lit moelleux.
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On te dira que c,est le coeur, mais le coeur n,est qu'une pompe, guère plus compliquée qu'un moteur de tondeuse à gazon. C'est le cerveau qui fait de
nous ce que nous sommes. Le coeur n'a rien à faire là dedans.
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...je ne perçois toujours aucun dessein divin derrière la confusion de l’existence, aucune volonté organisatrice.Tout n'est que mystère ou, plus précisément, vaste foutoir. Il n'y a ni héros, ni méchants, ni sauveurs, ni anges, ni démons. Il n'y a que ceux qui sont morts ou ceux qui, je ne sais pour quelle raison, ont survécu. Rien de tout cela ne m'empêche de croire en Dieu. Je crois en Lui, seulement je ne sais pas si j'aurai un jour foi en Lui.
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