Soudain tu éclatais de vie comme on éclate de rire ...
Je suis la source dont s’est abreuvé Narcisse. Je suis la porte par où est entrée Alice (qu’on n’aurait jamais dû laisser sortir). Je suis le magicien qui a trahi Blanche-Neige. Je suis ton reflet fidèle.
Tiens, regarde : les revoilà. C'est la troisième fois, ce mois-ci. Ces deux-là, ils ne se rendent pas compte : la foule du Café des Sports un dimanche matin avant les résultats du PMU, ça n'a jamais étouffé l'amour. (p.143)
Planté devant la glace, il crache. Sur qui ? Sur lui qui me regarde, ou sur moi qui le dévisage ? Lequel de nous deux vient de cracher, d'un grand jet jaune, sur l'image de l'autre ? (p.105)
Je me souviens de vous, mademoiselle. Cette large tache bleue que vous aviez sur le menton. Couleur myrtille, indélébile. Je n'avais jamais de bleu si noir, de noir si bleu, une teinte contradictoire et mal placée. (p127)
Nous avons peur du noir, tous nos petits morceaux. Il est l'heure : Maman va fermer les volets. le bébé crie, nous frémissons. (p.91)
Il l'embrasse. D'accord, elle le laisse, elle répond comme il faut, elle met la langue elle aussi, la baudruche de l'orgueil, elle s'applique, elle se demande sans doute si elle embrasse assez bien pour lui, un beau mec comme ça, plus âgé qu'elle, c'est sûrement un honneur. (p.83)
Elle murmurait, nous disait qu’elle avait déjà fait cela, il y a longtemps, quand elle était petite fille, sous une véranda encombrée de plantes vertes. Un puzzle de lumière. Des souvenirs heureux. Un miroir aux alouettes.