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Critique de piccolanina


Quelle idée de donner le prénom d'une de ses maîtresses à sa dernière-née ! Pour une querelle ? Pour une plaisanterie ? Que nenni ! Par ras-le-bol d'entendre cette hystérique maugréer toute la journée ! Il va priver ainsi Irène de l'amour maternel pour toujours .

Oui , il l'a engrossée alors qu'elle avait à peine dix-sept ans ; oui , il l'a enlevée mais avec son consentement , elle la jolie brunette aux yeux noisettes , si instruite grâce à sa famille de riches fermiers ; bien sûr , elle trime tout comme lui sur la mignole ; oui , c'est vrai , elle est folle de ce bel étalon aux yeux bleus hypnotiques , ce batelier inculte mais si dynamique . Elle le sera d'ailleurs , pendant soixante ans , jusqu'à la mort de son bien-aimé .
Mais la Mathilde , aussi cultivée soit-elle , est un souillon doublée d'un ronchon ; à tel point qu'un jour , de mauvais poil et excédé , Ariel lui lance une patate bouillante à la tête . Elle sera sourde ad vitam aeternam !

Voilà dans quel bourbier pousse la petite sauvageonne , onzième fruit d'un terreau fertile en graines de la passion . Elle va vivoter dans la rudesse et l'indifférence de sa génitrice qui jamais ne lui donnera la moindre instruction .
Heureusement , à la musique elle s'abandonne grâce à Rina Ketty , sa mandoline et son harmonica . Elle se sort de la norme en apprenant , par elle-même , les mots qui vont la différencier de la plupart de bateliers ; lire et écrire seront ses principaux alliés .Ses voyages à travers la France , l'Allemagne et la Belgique sur leur péniche vont lui ouvrir l'esprit et l'envie d'apprendre , de s'élever elle aussi comme la parentèle maternelle . Elle possède l'exubérance et le courage de son papa chéri ainsi que les gènes nobles d'une mère hautaine mais érudite .
Toute cette période va construire son caractère qui va la rendre exceptionnelle , surtout grâce à la foi qui est en elle et qui lui apporte ce petit supplément d'âme .

La fleur s'éclate à l'adolescence parmi les bombes et les ennemis qui contrôlent la bureaucratie et notamment les documents du bateau . Par ses voyages , elle parle allemand et se rend alors régulièrement à la Kommandantur , en remplacement de ses parents vieillissants ,mais aussi à cause de l'illettrisme de son père et la surdité de sa mère .

Et puis un jour la guerre finit . Les nazis en pagaille , la jeunesse qui braille le bonheur retrouvé ; Tout est réuni pour que la petite batelière rencontre le grand amour de sa vie .

A cause de son Italien , elle oublie , père , mère , jument et même son chien . Eternelle pérégrinante , elle prend déjà les commandes de leur devenir , ils iront à Reggio Calabre , cette ville qu'il glorifie tant , où il a grandi , beauté divine avec son ciel bleu qui se confond avec la mer et les yeux de sa belle .
Via les trains de bois , ils oublient le confort , mais ils s'aiment tellement ! Elle ne le sait pas encore mais ils sont déjà trois .

Le destin est en marche et prépare la descendance : ses filles , attachées elles aussi à ce leitmotiv , l'amour-passion qui habita Mathilde pour son Ariel , sans concession !

Je m'arrête ici à raconter cette histoire hors du commun qui pourrait continuer sans fin , mais qui mieux que Maryna Uzun pouvait vous entraîner dans les fredaines , le culot extrême de cette petite batelière .
En véritable caméléon , l'autrice pénètre parmi cette smala de farfelus avec une plume magique où elle , aussi , joue un rôle artistique dans une fiction abracadabrante digne d'un film romanesque et émouvant .
Maryna prouve ,une fois de plus , qu'elle peut s'adapter à n'importe quel scénario .
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