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Citations sur Fière comme une batelière (92)

J’arpente de nouveau dix kilomètres dans le bois, entre Avricourt et Héming, et l’aperçois ! Il vient à ma rencontre sans savoir où exactement me trouver. Le destin veille ! Il agite les bras, remue l’air et s’exclame : « Whou-ou-ou-ou, vento porta moi ici ! » Le vent l’a convaincu de cheminer par là !? Dans un éclat de gaieté et d’émotion, nous nous roulons sur le sol glacé. Nos sens ont parlé. Nous nous embrassons goulûment… quoiqu’à la volée ! Nous sommes pressés de nous abriter parce qu’il est un fugitif et que notre plaisir a besoin d’un coin doux et tiède pour éclore. Et pourtant je n’arrive pas à m’empêcher de lui dévoiler mes pensées, de lui embraser le dedans, à la naissance de cet amour : « Attends ! J’ai envie de tes paumes caressantes ! Contemple dans le bleu de mes yeux cette mer languissante ! Autant ma maman était aveuglée par son batelier, malgré ses beuveries et ses coucheries démesurées, autant tu m’éclaires, toi, le soleil d’Italie, alors que je vivais dans l’ombre ! Ta voix chaude m’enflamme par les mélodies de ton pays. Ne ris pas de ce sourire qui semble m’avaler toute crue, toute nue, si menue ! … Je vois que tu ne comprends rien à mes délires, mais comme je savoure ça, de m’exprimer, me lâcher ! J’ai tellement de manque de mots prononcés depuis que je suis née !"
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— Maman, depuis des décennies, tu n’as du ravissement que pour Irène, tandis que tu es le portrait craché de Raffaele, par le visage ! Réfléchis : la douceur de vivre méridionale lui a joué un mauvais tour ainsi qu’à beaucoup de jeunets, du moins à cette époque. A-t-il, un jour, choisi son chemin ? Un père lunatique à la suite de la mort de sa première femme adorée, une mère merveilleuse mais aveuglée par un charlatan, un pensionnat autoritaire, une guerre affreuse, une prison en Afrique, un transfert en Alsace, une batelière qui, sans crier gare, le désire à la folie, des copains qui l’attirent dans un farniente permanent, une mine de charbon où il est obligé à ramper au lieu de souffler dans la clarinette… Sa dernière contrainte est indéniablement la pire pour lui : pendant que le manque de respiration lui arrache la vie, voir Irène toujours dynamique et convoitée… »
Mon discours enflammé déclenche les larmes, si bénéfiques, à nous deux.
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Croire, c’est voir que le beau existe et cela par Lui, que nous sommes privilégiés de vivre sur la Terre, en imaginant parallèlement que d’autres univers de la Création sont d’infinies splendeurs.
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Conviction, Espérance, Passion, voilà ce que je lisais hier soir sur la figure fière d’Irène alors qu’elle pose pour un photographe sur les marches de son atelier capillaire. En revanche aujourd’hui, j’ai remarqué un subtil plus : ce sont des ronds, en bas de l’image, en guise de hublots insolites ! Ces percées anodines dans le mur étaient utilisées simplement pour la décharge du charbon dans les caves et l’aération. Cependant mon observation aurait plu à Irène. C’est un drôle de hasard, à moins que, la coquine, elle ait prémédité le coup ! Les péniches parisiennes me fascinent unanimement par leurs exquises fenêtres au ras du fleuve... Je suis maintes fois tentée de les « immortaliser », surtout si l’encadrement de chacune est différent et représente une nouvelle couleur de l’arc-en-ciel ! Souvent, je ne capte que la partie inférieure des barges et ces oculus. Irène, dans les ondes des chevelures, est donc de retour sur sa mignole !
Toi, dont la vague combative déferle, je te salue ! Tu estimais cela si triomphant, l’idée de parler de soi parfois à la troisième personne, pour se procurer des forces calmes, s’observer avec détachement… Ton cœur rêvait que je m’abreuve de ses élans, que je m’imprègne de ses émotions et pensées, pour te les renvoyer plus abondants, magnifiés, plus limpides. Ma mascotte, ta foi semble avoir déteint sur moi !
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Raf a désappointé sa batelière jusqu’au bout. Même à son ultime agonie, en 1988, il a réussi à la perturber, voire à l’offenser : il l’a ignorée ! C’est vrai que l’emphysème l’empêchait de respirer. Le chirurgien a dû pratiquer une trachéotomie. N’articulant plus, il gravait sur des morceaux de papier : « J’étouffe ! Reggio, ti amo ! »
Ramona est la seule de ses proches à l’avoir raisonné. Tout en le chérissant, elle lui flanqua au nez sa scélératesse envers Irène. Elle lui rabâchait, presque criait ces mots : « Papa, maman n’est pas responsable de ta douleur, de ta suffocation ! Elle t’aime, elle est accablée de peine pour toi ! Si elle le pouvait, elle prendrait ta place ! Regarde-la et montre-lui combien elle est importante pour toi ! Tu ne vois pas qu’elle se décompose, qu’elle tourne à rien ? »
Mais il a continué à garder la tête sur le côté, tellement mauvais.
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"Mon cœur se penche sur la barge qui, dans le passé, sillonnait la Seine, elle aussi. À son bord, œuvrait la délicieuse Irène que je ne suis plus… "
Je la rassure du contraire : " Si ! Cachottière enjôleuse ! J’ai l’intention de savourer cette époque jusqu’à la moindre brindille ! "
Irène m’a consacré quelques heures, ce jour-là, en septembre 1998, pour témoigner de son aventure " amphibie ". L’endroit s’y prêtait, le ciel était à la fête. Son monologue l’a ramenée dans un univers qu’elle seule embrassait, pendant que je gardais le silence. J’ai toujours un bloc pour dessiner sur moi. Mon œil et mon oreille m’ont servi non pas à esquisser des paysages mais à noter rapidement les lambeaux de phrases, pêle-mêle et avec si peu de chronologie, qu’elle a prononcées. Mon idée d’écrire un roman à quatre mains, comme deux pianistes jouant Schubert, sachant que ses états d’âme et ses anecdotes y primeraient, l’a enchantée fortement.
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Les esprits insatisfaits accusent toujours l’autre d’exister.
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Alicia avoue : " Je suis jalouse de toi, avec mon esprit critique ! Vous aviez plus de liberté à cette époque que nous aujourd’hui. Je me perds constamment dans des subtilités : est-ce que j’ai le droit de dicter ma volonté à mon ami, voire à qui que ce soit ? Je ne m’autorise pas à agir sans regarder en arrière…
— C’est parce que je me suis instruite moi-même ! … C’est peut-être la mort, si réelle, durant ma jeunesse, qui a renforcé mon audace et ma foi… Ce serait dommage que ton penchant au doute t’empêche de t’épanouir [...] "
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Je suis volontiers mordante quand je me raconte. Moi-même je nous qualifierais de « Bateliers de la Vodka »* tant l’eau-de-vie fouettait les hommes ! Mais aussi tous ceux qui tiraient l’embarcation, même les adolescents. Je n’en suis pas fière et pourtant, à l’exemple de poupa*, que je suivais très souvent, je plongeais la main dans la musette de Jeannette… Et hop, j’attrapais une bouteille de schnaps dont je buvais goulûment quelques lampées, pour me donner du cœur au ventre. Car nous ne connaissions ni été ni hiver, seulement l’oseille ! [...] Voilà ce qu’on était, à haler à la bricole les péniches. Sans être méchante, seulement réaliste, nous étions des visions de la débrouille, de la promiscuité et de la saleté, alors que l’argent rentrait à la pelle. Que de liasses dans ce coffre constamment ouvert, à la portée des regards, quoique surveillé tant bien que mal par nos procréateurs !
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J’ai résolu d’écrire à l’extérieur, du premier au dernier mot, à l’exemple des impressionnistes, propulsée par un besoin viscéral de lumière et de transparence. Et au préalable, m’implanter à proximité de la Seine, face aux bateaux qui m’éblouissent à leur ballet nocturne ou glissent presque insensiblement le jour.
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