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Critique de jostein


" Grande artiste surréaliste du siècle passé, Remedios Varo est aujourd'hui oubliée des amateurs d'art. J'ai écrit La chasseuse d'astres pour qu'elle m'habite toujours. Je pense avoir réussi. Au travers de son histoire, j'ai enfin pu raconter la mienne, sans rancoeur, avec passion et avec raison." Zoé Valdès

L'auteur a plus que réussi ce portrait d'une artiste, une grande amoureuse de l'art, de la liberté et des hommes. Et ce sont même deux artistes qui m'habiteront longtemps.
Zamia, jeune poétesse cubaine, La chasseuse de mers, qui par une espèce de rencontre surréaliste décide d'écrire sur La chasseuse d'astres, une peintre contemporaine de Breton ou Dali. L'une est née en 1960, l'autre en 1908. Elles ne se sont jamais rencontrées, si ce n'est lors d'un rêve en bord de mer.
Remedios quitte l'Espagne en 1937. Elle fuit l'anarchie avant la guerre civile, sans son premier mari, Gerardo Lizarraga, basque anarchiste. A Paris, elle vit misérablement avec son second époux Benjamin Péret jusqu'à la guerre. En 1940, elle doit évacuer sous les conseils d'Esteban Frances, son amant, dans le Sud de la France. Peret, communiste est emprisonné. Elle vit quelques temps dans une cabane sur la plage avec son autre amant Victor Brauner, un artiste roumain. Puis, avec l'aide de Varian Fry, oeuvrant pour le Comité de salut d'urgence financé par l'américaine Guggenheim (voir le fil de la vie de Nine Moati), elle prend le bateau à Oran pour Cuba puis le Mexique.
" C'est au Mexique que je me suis sentie accueillie et assurée."
Remedios n'était pas le genre de femmes à aimer un seul homme. Elle n'eut jamais d'enfants mais ses maris et amants étaient ses enfants.
" Elle n'a jamais accepté d'avoir des enfants. Enceinte de Benjamin Péret, elle a avorté, sans traumatisme. Elle était la mère de la lune."
Elle les aimait tous d'un même amour sincère et fidèle. Seul son dernier mari, Walter Gruen, valorisera son oeuvre et la fera connaître par des expositions largement saluées.
Les récits et souvenirs de Remedios se mêlent à ceux de Zamia. Elle, aussi, connaît l'exil à Paris. Elle est mariée à un diplomate devenu violent et a un amant, Alvaro. Sa vie privée est très surveillée par les services de la Sécurité de l'État. Ses écrits avec une autre exilée cubaine, ses photos nues faites pour gagner un peu d'argent lui vaudront un cruel chantage. Zamia rêve aussi de liberté pour assouvir son art de l'écriture. Tout comme Remedios, elle vit d'étranges rencontres, des visions surréalistes, des expériences communes de prémonitions auprès de prêtresses de culte cubain. L'une comme l'autre sont des femmes envieuses de liberté, destinées à transcrire leurs visions et leurs rêves dans l'art.
Le roman de Zoé Valdès est d'une richesse inouie. Non seulement, l'auteur illustre les périodes tourmentées de l'Espagne, de la France et de Cuba mais elle analyse l'oeuvre de ce peintre surréaliste bien moins reconnue que Frida Kahlo (qu'elle a croisé au Mexique) par le biais de sa vie et par la description de certains tableaux.
La construction est complexe puisqu'elle entremêle les vies et souvenirs de Remedios et de Zamia. Mais quel voyage surréaliste ! Un très beau et très riche moment de lecture.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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