Entre chien et loup
Les chats se glissent
LE RETOURNÉ
Encore hier
J'étais fort
Aussi fort que vous
J'escaladais vos nuages
Aux rampes d'escalier
Je débouchais dans vos villes
Aux crampes écarlates
D'échec en échec
Ma route était sûre
Aujourd'hui
Je me laisse envahir
Par les morts
De puissants chars des morts
Ont déferlé sur mes chemins
Dévasté mes terrains
Renversé mes remparts
Labouré mes limites
Ravagé mes lumières
Encore hier
J'étais rose
Aussi rose que vous
Me voici noir
Comme une terre
Retournée
Tout au bout de la nuit
La même nuit recommence
La mort est d'une telle exigence
Que dans son plus que silence
Le silence lui fait peur
Avec tout ce bruit qu'il rappelle
Le temps croque les morts
Et l'espace les ratisse
PAROLES D’ASSAUT
À L'AFFÛT
Un poème ivre-mort
Rôde aveugle dans ma tête
À l'affût des portes condamnées
p.191
Les mots en liberté
Redeviennent sauvages
Dans mes alpages bleus-muets
Paissent des animaux rares
Et des mots transparents
Espoir :
Sur les ruines de demain
Reconstruire aujourd'hui
Le jour de vidange
Quel vide emporter ?
Je suis le Valet
de l'Éternel malade