Citations sur Le Bachelier (60)
Mon écriture me tue. Toutes mes tentatives pour entrer n'importe où saignent et meurent sous le bec de ma plume maladroite.
Si je pouvais être caissier, teneur de livres?
Je m'y mettrai!
Sur la place fashionable, à certaines heures, on voit du monde, mais un monde qui ressemble à celui des dimanches de Paris, un monde sans passion sur la face, et qui parle de tout ce que je hais, qui méprise tout ce que j'aime.
Je leur sens l'insolence dédaigneuse et le bonheur impitoyable... (...)
Où est donc la vie? La vie!
Je m’evadais un moment de cette vie Grotesque quand je revenais de Nantes,mai ma liberté fut gâtée dès le lendemain par l’horrible spectacle de la mouchardiez impériale et de l’aplatissement public-le cœur et le nez y sont fait maintenant,et l’on ne sent plus la mauvaise odeur qu’on a respirer des années:l’odorat s’est rallié.
💔
Et C’est vrai,je n’ai pas faim.Une fièvre de liberté nouvelle m’a nourri et soutenu.Je consens pourtant à rompre le pain béni de la gaieté,si pain il y a.il n’y a que la gaieté et l’appetit.
Ils ne savent pas combien ma résolution de rester un insoumis et un irrégulier, de ne pas céder à l’empire, de ne pas même céder aux traditions républicaines, que je regarde comme des routines ou des envers de religion, ils ne savent pas combien cette vie d’isolé m’a demandé d’efforts et de courage, m’a arraché de soupirs ou de hurlements cachés ! Ils ne le savent pas !…
Quelle forme ont vos jaquettes, d’ordinaire ?
L’air d’un sac généralement : d’un morceau de journal autour d’un os de gigot, d’une guenille autour d’un paquet de cannes — voilà la forme de mes pardessus jusqu’ici ; mais à M. Caumont, je réponds :
Je n’ai jamais remarqué la coupe de mes vêtements (avec un sourire grave et hochant la tête). — C’est que je vis du travail de la pensée !
Menteur ! menteur ! Je vis de rien ! D’un peu de saucisson ou d'un bout de roquefort, mais pas du travail de la pensée, ni de me pencher sur les livres ! Ca me coupe tout de suite d'ailleurs; ça me fait comme une barre sur l'estomac quand les volumes sont un peu gros.
Nous allons au Café Molière. Un café célèbre, le café de la jeunesse dorée. Là se trouvent toutes les tetes brûlées de la ville. des garçons qui mangent leur fortune. (...) Il y a ici la comédie de la misère frottée de blanc d'argent, avec des impures dans le fond, et les émotions du tapis vert , la nuit.
Lugubre farce ! Le vote par ce temps de menace et de haine, avec ce bruit d'éperons dans les couloirs de la chambre !
Je ne me figurais un intérieur qu'avec un père et une mère qui se disputaient et se raccommodaient sur le derrière ensanglanté de leurs enfants, je croyais qu'on ne pouvait être dans ses meubles que si l'on avait l'air chagrin, maître d' école que que si l'on paraissait s'ennuyer à mort, et si l'on avait des domestiques pour leur faire manger les restes et boire du vin aigre.
On est pas tribun éternellement, on est un peu farce aussi; et après le tocsin de 93, c'est le carillon de nos dix huit ans que nous sonnons à toute volée !