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Critique de jlvlivres


« La Vie Meurtrière » de Félix Vallotton (2021, Libretto, 208 p.), auteur que l'on connait plus comme peintre, que comme romancier. Et pourtant…..

Tout d'abord, avant de se morfondre sur les accidents de la vie, comme le titre l'indique. Félix Vallotton est suisse, né à Lausanne, d'une famille protestante et bourgeoise. Cela n'explique ni l'un ni l'autre. Au début peintre et bientôt lithograveur, comme ce numéro de l'Assiette au Beurre (numéro 48) de 1902, avec un cahier d'estampes détachable. Très marqué par la grande guerre, il est envoyé sur le front en 1917 dans le cadre des missions d'artistes aux armées. « Dessiner ou peindre des forces serait bien plus profondément vrai qu'en reproduire les effets matériels, mais ces forces n'ont pas de forme, et de couleur encore moins ».

On lui doit « Soldats sénégalais au camp de Mailly » assez surprenant, de voir ces hommes dans la neige. Avec des motifs très géométriques. C'était déjà le cas de « Coucher de soleil » de 1913. Mais surtout un splendide « Verdun », grande toile de 114*146 cm datée de 1917. C'est elle qui sert de couverture du livre de Juan Benet « Les Lances Rouillées » traduit de l'espagnol par Claude Murcia (2011, Passage du Nord-Ouest, 684 p.) et qui m'avai(en)t fort surpris, couverture et texte. La figuration de la bataille et sa violence sont remarquables. C'est un champ de bataille sous le déluge des obus. Tout l'espace est structuré de façon géométrique. Une terre au premier plan, bouleversée, hérissée de troncs d'arbres sectionnés. Des faisceaux lumineux colorés se croisent au-dessus de flammes et de nuées de gaz blanches et noires, triangles très géométriques eux aussi Et sur la gauche des lignes obliques comme de la pluie, mais plutôt averse de balles. Très symbolique des forces « industrielles » et « naturelles ». le cubisme appliqué. « Que représenter dans tout cela ? […] Peut-être les théories encore embryonnaires du cubisme s'y pourront-elles appliquer avec fruit ? Dessiner ou peindre des « forces » serait bien plus profondément vrai qu'en reproduire les effets matériels, mais ces « forces » n'ont pas de forme, et de couleur encore moins ».
Cependant, il est connu surtout par ses lithograpies en noir et blanc, (noir surtout), que j'ai redécouvert en relisant Félix Fénéon et ses nouvelles en trois lignes et son « Pourtant, elle respire encore » (2018, Espaces & Signes, 80 p.). Scènes souvent violentes que l'on retrouve souvent dans les textes de Félix Vallotton.

« La Vie Meurtrière » est un court roman, rédigé entre 1907-1909, mais publié de manière posthume en 1927. Ce n'est pas un roman gai. Il se termine par le suicide de Jacques Verdier, artiste. « Je me tue volontairement, et pour des motifs personnels. Je n'ai ni parents, ni enfants, ni amis […]. Je réclame la fosse commune ». Il laisse au commissaire une lettre (longue) « Un Amour » dans laquelle il fait le rappel de sa vie. Et elle est meurtrière, pour justifier le titre. Cela commence par son meilleur ami qu'il empoisonne. Cela se poursuit par une jeune femme, qu'il a failli aimer d'un amour brulant (se reporter au texte). Et enfin l'amour éconduit avec Madame de Montessac, qui veut rester fidèle à son mari. Econduit se rabat sur « une brune forte, aux lèvres chaudes et qui sentait le poil » et qui lui révèle « deux seins gras surgirent, tassés comme des lapins dans un panier ». Une autre surprise l'attend, que Verdier fera partager à Madame de Montessac, alors que cette dernière « se débattit, puis brisée, s'abandonna ». Puis mourut.
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