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EAN : 9782752903822
208 pages
Phébus (22/01/2009)
3.64/5   39 notes
Résumé :
Si les toiles du célèbre Félix Valloton (1865-1925) frappent par leurs couleurs profondes, son roman La vie meurtrière, rédigé entre 1907 et 1908 et publié de manière posthume en 1927, est imprégné d'une inquiétante noirceur.

Jacques Verdier, artiste de vingt-huit ans, s'est suicidé à son domicile. Il a laissé à l'attention du commissaire qui constatera les faits une courte lettre et un pli. Dans ce pli, un manuscrit au titre intrigant, Un amour, dér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Félix Vallotton ( 1865-1925), peintre suisse naturalisé français est un de mes trois peintres préférés dans son genre avec Hammershoi et Hopper. Un homme multi-talents, dessinateur prolifique, qui s'est aussi essayé à la sculpture, aux arts appliqués, laissant à sa mort des critiques d'art et des essais, des pièces de théâtre et trois romans, dont celui-ci agrémenté de sept dessins de l'auteur.
Jacques Verdier, jeune homme de vingt-huit ans se suicide laissant à sa mort un manuscrit intitulé « Un amour », une autobiographie en forme d'aveux, où il relate les nombreux “morts “ qu'il a provoqué malgré lui depuis son enfance. Des morts qui vont finir par entraîner sa propre fin, " Quelles féroces destinées commandaient donc ma vie...?
Enfant il va en "provoquer" trois dans sa ville de province. Une fois monté à Paris pour faire des études de droit, il se retrouve dans une histoire d'amour, alors que son potentiel de "meurtrier" est toujours intacte, .....
Derrière l'excellent écrivain , on retrouve le peintre dans ses descriptions subtiles et vivantes où le drame partant d'un accident ordinaire où le protagoniste semble quasi innocent, bascule dans l'horreur et finit en un formidable uppercut pour lui mais aussi pour nous lectrices et lecteurs.
J'adore Vallotton comme peintre, là je l'ai adoré aussi comme écrivain.
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Un petit livre qui ne vous lâche pas, un ovni littéraire, particulièrement bien écrit, avec des descriptions d'une précision de couleurs et de traits qui, finalement, n'étonne pas le lecteur puisque l'auteur est un des peintres du début du XXème siècle les plus reconnus, proche du mouvement des Nabis, et qui a renouvelé l'art de la gravure sur bois.

Félix Vallotton (1865 – 1925) ne vit pas la publication de son récit puisque « La vie meurtrière » fut publiée seulement en 1927. le livre avait été écrit entre 1907 et 1908 sous un autre titre : « Un amour ». L'histoire est celle d'un jeune homme séduisant, Jacques Verdier, victime d'une terrible malédiction : il provoque tout à fait involontairement la mort de ceux qui lui sont proches. A part son aptitude au travail – il produit des critiques d'art puis un ouvrage sur la sculpture française au XIIème siècle, le héros est velléitaire, irrésolu, d'un égoïsme désarmant, totalement irresponsable. En un mot, tout à fait antipathique. Pourtant, son destin et ses malheurs, ou plutôt ceux qu'il provoque depuis sa plus tendre enfance, se succèdent avec une régularité infernale.

Et l'on se prend à espérer qu'un jour sera enfin brisé le cercle maudit, alors qu'il tombe éperdument amoureux d'une belle femme mariée et honnête mais qu'il parvient à séduire. Une seule fois. Que croyez-vous qu'il arrivât ? Jacques Verdier en tire – c'est le cas de le dire – la seule conclusion possible en mettant fin à ses jours, non sans avoir mis ses affaires en ordre, réglé son terme et terminé les chapitres promis à son éditeur.

On présume de cette fin dès les premières pages, mais cette oeuvre totalement inattendue d'un artiste de renom pour ses peintures – une exposition majeure sera inaugurée au Grand Palais à partir du 2 octobre – a cependant, dans sa construction d'une rigueur redoutable, toutes les caractéristiques d'un thriller, entremêlé d'un humour grinçant … d'un modernisme, malgré le classicisme de la langue, étonnant.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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« La Vie Meurtrière » de Félix Vallotton (2021, Libretto, 208 p.), auteur que l'on connait plus comme peintre, que comme romancier. Et pourtant…..

Tout d'abord, avant de se morfondre sur les accidents de la vie, comme le titre l'indique. Félix Vallotton est suisse, né à Lausanne, d'une famille protestante et bourgeoise. Cela n'explique ni l'un ni l'autre. Au début peintre et bientôt lithograveur, comme ce numéro de l'Assiette au Beurre (numéro 48) de 1902, avec un cahier d'estampes détachable. Très marqué par la grande guerre, il est envoyé sur le front en 1917 dans le cadre des missions d'artistes aux armées. « Dessiner ou peindre des forces serait bien plus profondément vrai qu'en reproduire les effets matériels, mais ces forces n'ont pas de forme, et de couleur encore moins ».

On lui doit « Soldats sénégalais au camp de Mailly » assez surprenant, de voir ces hommes dans la neige. Avec des motifs très géométriques. C'était déjà le cas de « Coucher de soleil » de 1913. Mais surtout un splendide « Verdun », grande toile de 114*146 cm datée de 1917. C'est elle qui sert de couverture du livre de Juan Benet « Les Lances Rouillées » traduit de l'espagnol par Claude Murcia (2011, Passage du Nord-Ouest, 684 p.) et qui m'avai(en)t fort surpris, couverture et texte. La figuration de la bataille et sa violence sont remarquables. C'est un champ de bataille sous le déluge des obus. Tout l'espace est structuré de façon géométrique. Une terre au premier plan, bouleversée, hérissée de troncs d'arbres sectionnés. Des faisceaux lumineux colorés se croisent au-dessus de flammes et de nuées de gaz blanches et noires, triangles très géométriques eux aussi Et sur la gauche des lignes obliques comme de la pluie, mais plutôt averse de balles. Très symbolique des forces « industrielles » et « naturelles ». le cubisme appliqué. « Que représenter dans tout cela ? […] Peut-être les théories encore embryonnaires du cubisme s'y pourront-elles appliquer avec fruit ? Dessiner ou peindre des « forces » serait bien plus profondément vrai qu'en reproduire les effets matériels, mais ces « forces » n'ont pas de forme, et de couleur encore moins ».
Cependant, il est connu surtout par ses lithograpies en noir et blanc, (noir surtout), que j'ai redécouvert en relisant Félix Fénéon et ses nouvelles en trois lignes et son « Pourtant, elle respire encore » (2018, Espaces & Signes, 80 p.). Scènes souvent violentes que l'on retrouve souvent dans les textes de Félix Vallotton.

« La Vie Meurtrière » est un court roman, rédigé entre 1907-1909, mais publié de manière posthume en 1927. Ce n'est pas un roman gai. Il se termine par le suicide de Jacques Verdier, artiste. « Je me tue volontairement, et pour des motifs personnels. Je n'ai ni parents, ni enfants, ni amis […]. Je réclame la fosse commune ». Il laisse au commissaire une lettre (longue) « Un Amour » dans laquelle il fait le rappel de sa vie. Et elle est meurtrière, pour justifier le titre. Cela commence par son meilleur ami qu'il empoisonne. Cela se poursuit par une jeune femme, qu'il a failli aimer d'un amour brulant (se reporter au texte). Et enfin l'amour éconduit avec Madame de Montessac, qui veut rester fidèle à son mari. Econduit se rabat sur « une brune forte, aux lèvres chaudes et qui sentait le poil » et qui lui révèle « deux seins gras surgirent, tassés comme des lapins dans un panier ». Une autre surprise l'attend, que Verdier fera partager à Madame de Montessac, alors que cette dernière « se débattit, puis brisée, s'abandonna ». Puis mourut.
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Vallotton Félix (1865-1925) – "La vie meurtrière" – Libretto, 2021 (ISBN 978-2-36914-585-1) – format 18x12cm, 205p.
– le texte est illustré par sept dessins de l'auteur – roman écrit vers 1907-1908, publié à titre posthume

Un petit roman, de cette catégorie que les critiques nommaient "roman de moeurs", dans la fibre de la "Dame au camélia" : le personnage central est un jeune bohème oisif, qui se met en tête de séduire une bien brave et riche bourgeoise vertueuse, un thème rebattu à la Belle Époque, qui reprend de très loin certains aspects de la biographie de l'auteur. le roman est d'autant plus décevant que ce personnage central est présenté comme un amateur de peinture, fréquentant des peintres, alors que le roman ne contient pratiquement aucune considération d'importance sur cet art.

C'est au cours de la visite de l'exposition "la villa Flora : les temps enchantés" organisée par le musée Marmottan-Monet (sept 2015 - février 2016 – cf recension), que j'avais découvert ce peintre et dessinateur, dont le tableau intitulé "La blanche et la noire" m'avait paru être le plus frappant de toute l'exposition. J'avais alors fait l'acquisition du catalogue d'une exposition organisée fin 2013, début 2014, intitulée "Félix Vallotton : le feu sous la glace" (cf recension). Il convient de profiter d'expositions thématiques pour voir ses oeuvres, car les quelques tableaux exposés au Musée d'Orsay ne sont guère mis en valeur.

Pour mémoire, je rappelle les quatre aspects les plus intéressants de son oeuvre.
Tout d'abord, et selon les spécialistes intervenant dans l'un des catalogues, Vallotton est "l'inventeur" de ces gravures sur bois dramatiques, en à-plats de noir et blanc tranchés, aux figures nettement dessinées, se détachant en blanc sur un fond presque uniformément noir.
Deuxièmement, il a produit des tableaux saisissants rendant compte de l'atroce barbarie que fut la Première Guerre Mondiale, la Grande Tuerie de 1914-1918 ("C'est la guerre"), avec tout particulièrement ces tableaux intitulés l'un "Verdun" (1917), l'autre "L'homme poignardé" (1916 – inspiré du retable comprenant "Der tote Christus im Grabe", de Hans Holbein der Jüngere - 1521), qui pourrait constituer une autre prédelle pour le triptyque de Dresde d'Otto Dix (intitulé "La Guerre").
Troisièmement, une part importante de son oeuvre est dédiée au nu féminin, un nu sans concession, souvent glacé, avec une prédilection marquée pour la face callipyge de ces dames (dont la célèbre"étude de fesses" qui pourrait être vue comme le complément d'une certaine "Origine du monde" de Courbet ?), parfois mélancolique comme dans "Le chapeau violet" (1907).
Enfin, Vallotton pratique l'humour féroce et la satyre incisive, qu'il s'agisse des moeurs ("La chaste Suzanne", la série "Intimité" etc), de la réinterprétation parodique des grands mythes comme "Persée tuant le dragon", ou Europe sautant sur le taureau qui n'en peut mais, la "femme nue lutinant un silène", ou "Orphée dépecé" par des Ménades assoiffées de sang...

Fazit : mieux vaut contempler les tableaux de Vallotton que perdre du temps à lire ce piètre roman...
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Une vie insipide, une mort au diapason. le roman tout en grisaille de Félix Vallotton contraste avec sa peinture, célèbre par ses couleurs en grands aplats lumineux. Ici, rien de tel où tout n'est que misère, fureur et dégoût de soi-même. le personnage central de l'histoire, qui conte ses déboires dans un manuscrit remis entre les mains du commissaire chargé de l'enquête sur les circonstances de sa mort, a vécu persuadé que toutes les personnes qui l'approchaient d'un peu trop près étaient vouées à une mort certaine. Et, bien entendu, son comportement génère ces situations fatales, tant il est englué dans le marasme où il entraîne ses proches. Mais rassurez-vous, on ne sort pas de la lecture de ce court roman pour aller se jeter dans la Seine ou sous un train. le ton est enlevé, plein d'une tendre ironie, et on finit même par sourire aux malheurs que ce jeune homme sème autour de lui, tant sa naïveté est touchante. On pense aux héros désabusés d'Emmanuel Bove, aussi à la vallée de larmes des "Souffrances du jeune Werther". Une lecture déconseillée donc aux personnes en trouble dépressif, mais qui ravira les amateurs de belles lettres…
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le plaisir est chose strictement personnelle, sensible en profondeur, pour qui le tète-à-tête est un maximum ; l'étaler aux regards d’autrui en abolit vite le mirage-et que devient un transport à quoi participent des tiers.
p.44
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L'histoire de cet homme persuadé de porter en lui un "principe de mort" est angoissante et aurait pu être terrifiante et tragique.
Félix Valloton
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Cinq jours durant il hurla de douleur, en continuant de m'appeler dans son délire, et mourut le samedi d'après sur la fin du jour. [...] Je ne l'ai pas fait exprès...Je ne l'ai pas fait exprès . Hélas Je ne l'ai jamais pas fait exprès.
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deux seins gras surgirent, tassés comme des lapins dans un panier
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une brune forte, aux lèvres chaudes et qui sentait le poil
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Vidéo de Félix Vallotton
Imaginée pour célébrer les 50 ans du premier pas « La Lune. du voyage réel aux voyages imaginaires » dévoile les relations que l?humanité entretient avec cet astre, depuis ses origines à nos jours, de l?exploration scientifique à la création artistique. Marc Chagall, Man Ray, François Morellet, Joan Mirò, Auguste Rodin ou encore Félix Vallotton? Alexia Fabre, co-commissaire de l?exposition, nous détaille le parcours riche de plus de 120 ?uvres venant du monde entier : peintures, sculptures, photographies, vidéos, ainsi que des ?uvres originales créées pour l?exposition !
« La Lune. du voyage réel aux voyages imaginaires » du 3 avril au 22 juillet 2019 au Grand Palais.
#ExpoLune
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