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Critique de Jolap


L'arbre est vivant. On le dit, on le sait, on le répète les arbres ont été parmi les premières victimes du développement urbain. La conférence de Bonn sur les changements climatiques prévue en Novembre 2017 va mettre en évidence, entre autres sujet de préoccupation, la déforestation. La dynamique politique engagée au niveau national depuis quelques années, politique de restauration des forêts, de reboisement ne fait qu'accentuer cette prise de conscience collective. Les dirigeants des douze multinationales les plus influentes au monde ont exprimé leur intention de développer des mesures afin de mettre un terme à la dégradation des forêts dans la chaîne d'approvisionnement du cacao afin de contribuer efficacement à la lutte contre le changement climatique. La forêt amazonienne est bien sûr essentielle puisque sa réduction de 40% pourrait déclencher un basculement irréversible du climat de cette région vers des conditions arides.

Il existe aussi des particuliers qui s'insurgent contre ce phénomène. Une femme des environs d'Angers gare sa voiture sous un érable destiné à être abattu par une décision municipale. Erri de Luca, écrivain napolitain , a été accusé d'incitation au sabotage de la future ligne ferroviaire Lyon-Turin parce qu'il est carrément dingue des arbres et qu'il ne supporte pas que l'on détruise la nature.

Mutualiser nos efforts pour que les arbres, formidables réservoirs de biodiversité et de carbone, restent vivants. Lutter pour que les terribles conséquences écologiques et économiques soient évitées voilà ce que l'on entend ici ou là.

Parmi ces informations denses, détaillées, alarmistes mais terriblement ardues dans leur présentation, j'ai trouvé une petite voix sereine précise et efficace qui m'a raconté une belle histoire. L'histoire écrite par Didier van Cauwelaert. Cet auteur s'est frayé un chemin au milieu de tous les politiques influents aux discours ampoulés, de tous ces scientifiques dont les connaissances sont indiscutables, vérifiées et argumentées de savantes théories L'histoire que je viens de lire contribue très agréablement à la réhabilitation de l'arbre dans son acception la plus noble. Si si, vraiment.

J'ai lu des critiques ici ou là, d'amis « babelio » ou de journalistes qui n'étaient pas toujours très convaincus ni convaincants, forcément. D'autres très élogieuses. Mais cette pierre à l'édifice de la conservation de notre planète m'a semblé bien précieuse car accessible par tous les lecteurs petits et grands. C'est, je trouve, une très jolie contribution.
L'auteur fait de l'arbre non seulement un être vivant mais il en fait son personnage principal. Ce poirier parle, se souvient, fait part de ses émotions et tremble quand sa vie est en danger. Il nous confie ses secrets les plus intimes, ses rencontres les plus marquantes, ses craintes les plus tenaces et légitimes. Nous suivons donc Tristan, ce poirier de trois cents ans, et nous comprenons ses doutes sur son utilité trop souvent piétinée, saccagée par l'homme dont il était si fier et qu'il croyait être son ami. Dans l'entourage de Tristan il y a en particulier une jeune fille au physique ingrat qui trouvait près de Tristan, le poirier une compensation à sa solitude. C'est la période la plus faste de l'arbre. Cette période où il se sentait indispensable ou son rôle était majeur, où il protégeait cette jeune fille qui, sans lui, n'aurait pas vécu dans les mêmes conditions, sans lui ne se serait pas révélée. Elle a commencé à tester son inspiration en sculptant son écorce puis de sculpture en sculpture, à force de progrès elle s'est redressée, plus sûre d'elle, plus lumineuse a fini par devenir belle et talentueuse.
Tristan, après avoir supporté les guerres de religion, la révolution française et l'affaire Dreyfus sans broncher, semble ému dès que l'on évoque la relation qui le lie à celle qui s'est révélée grâce à lui. Son intérêt est décuplé. Sa raison d'être bien définie. Une véritable histoire d'amour aux multiples rebondissements. L'âme du bois nous offre une nouvelle définition. Ses rencontres ne sont pas seulement historiques. Il y a les rencontres d'un jour, tout aussi marquantes, tout aussi importantes. Tristan l'évoque ainsi : « Je tente de remettre en scène l'Anglais tombé du ciel qui m'initia à moi-même, la cantatrice épurée qui me donna un nom d'opéra, le médecin qui m'aima comme un fils et tailla des stylos dans mes branches…..tous ceux qui firent de moi, pour quelques minutes ou durant des années, leur compagnon d'infortune ».

Malgré quelques longueurs çà et là (difficile de faire parler un arbre pendant 250 pages) j'ai trouvé cette histoire originale, attendrissante, drôle parfois et au risque de me répéter tout-à-fait utile pour redire encore et toujours combien les arbres sont indissociables de notre destinée. Eléments indispensables à l'environnement depuis des millénaires, agréables et esthétiques, incontournables rencontres dans le jardin d'Eden, n'entendrez-vous pas chanter Brassens dès ce roman terminé ? « auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurai jamais dû m'séparer d'mon arbre……….. » Moi je parie que si !
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