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Critique de ktylauney


Irene et Gary habitent une maison sur les berges de Skilak Lake, un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai, en Alaska. Après trente ans d'une vie routinière Gary décide subitement de déménager sur un îlot désolé, Caribou Island, qui se trouve à trois kilomètres du lac et d'y construire une cabane de ses mains.
Le roman débute sur le chargement de rondins du pick-up au bateau de Gary sous une pluie battante. Irene rentre on ne sait pourquoi dans le délire et la lubie de son mari. le bateau est alourdi, la pluie glaciale. Une fois arrivés sur Caribou Island il leur faut décharger les rondins et faire plusieurs navettes. Irene est épuisée, trempée jusqu'aux os. le lendemain elle est malade, alitée, prise de migraines et incapable de respirer avec une douleur atroce qui ne la quittera plus. Gary est dur, insensible. Il pense qu'Irene simule ce mal pour lui faire payer en retour sournoisement le prix de ses décisions et la façon dont il la traite.
Irene et Gary ont deux enfants déjà adultes, Rhoda et Mark. Rhoda, 30 ans, travaille chez un vétérinaire et vit avec un dentiste, Jim. Elle attend avec impatience qu'il la demande en mariage.
Mark lui est marié et pêcheur. Il vit comme un baba cool et n'est proche ni de ses parents, ni de sa soeur.
Ce livre, chaque lecteur ne l'abordera pas de la même façon. On aime ou on déteste carrément. Il n'y a pas de demi mesure.
Je me suis laissée embarquer dans cette histoire où l'ambiance est glauque et maussade. J'ai beaucoup apprécié la description des paysages, des scènes de pêche au saumon et le récit des conditions de travail dans la conserverie.
Par contre il est difficile de s'attacher aux personnages. Gary est bourru, renfermé et secret, très dur avec sa femme. Indifférent au fait de la voir souffrir atrocement et continuant à la faire travailler à la construction de sa cabane jusqu'à épuisement. Gary est un homme qui a toujours vu ses projets s'effondrer, qui rumine intèrieurement ses échecs. La cabane symbolise le dernier de ses rêves.
Irene est tourmentée par une enfance où elle a découvert sa mère pendue en rentrant de l'école. Elle va user ses dernières forces dans ce projet qui n'est que celui de Gary. Elle l'aide uniquement pour ne pas perdre car elle pense qu'il veut la quitter. A un moment je me suis demandé si elle ne sombrait pas dans la folie ou la paranoïa.
Rhoda est le personnage qui m'a le plus touchée. Elle s'inquiète pour ses parents coincés sur leur île en pleine tempête. Spectatrice de loin en imaginant le pire.
Cette île va devenir un exutoire. Irene et Gary vont se déchirer, s'insulter, se reprocher des choses tues pendant leurs trente années de mariage.
C'est un huis-clos prenant, étouffant et cruel où l'intrigue et la fin sont prévisibles. "Désolations" n'est pas un titre assez fort pour décrire l'ambiance oppressante du roman. J'y ajoute "suffocation" et "destruction". On s'enfonce progressivement dans la folie et le souffle glacial de la mort nous frôle sous le ciel de la dernière frontière. Bravo pour le beau coup de plume de David Vann.

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