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Critique de mfrance


Une telle désolation exsude à la lecture de ce roman .... que l'on s'en trouve au final ... ragaillardi ou presque, ce qui semble incongru, certes, mais trop, c'est trop !

Gary veut construire sa cabane dans Caribou Island, une île du lac Skilak au pied d'un glacier en Alaska. Il y tient, c'est le rêve de sa vie ! Irène, elle, trouve cela absurde, mais en bonne épouse s'apprête à aider son mari du mieux qu'elle peut, sans rien dire, tout en trouvant sa manière d'agir parfaitement irrationnelle ! alors elle développe d'abominables migraines qui l'abrutissent et lui enlèvent tout sommeil et toute joie de vivre.
"On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront" pense Irène, désabusée.
La cabane de Gary c'est "l'incarnation physique de l'esprit humain" selon lui, mais on ne parvient à la perfection qu'en suivant la voie exacte à laquelle on est destiné et non en rêvant d'impossible, la cabane représentant la matérialisation de cet impossible.

Ceci est le roman du vide, du désespoir du non-accompli, des rêves fous que l'on traîne de tout temps au fond de soi et qui s'évanouissent dans la conscience de sa propre médiocrité, de son incapacité à réaliser quoi que ce soit, dans l'impossibilité de donner une autre forme à la vie.
Une cabane de guingois, mal foutue comme les existences fracassées.
L'injustice ! Les vieilles haines recuites qui explosent soudainement en un maelström de violence verbale opposant le "monstre" et "la vieille salope hargneuse".

Un climat oppressant et irrespirable tout comme la nature impitoyable et sauvage de cet Alaska, terre de désolation, où l'automne, le froid et la neige s'invitent en plein mois d'août, au mitan du court été arctique.
"Ceux qui ne trouvaient pas leur place ailleurs venaient ici, et s'ils ne s'ancraient nulle part en Alaska, ils basculaient dans l'océan. Ces villes minuscules dans l'espace immense, ces enclaves de désespoir."

L'auteur, lui-même né dans une île au large de l'Alaska, s'y entend pour imprégner le lecteur de cette aridité, cette âpreté d'une existence vouée au néant, ce monde impossible, trop plat, trop vide.
Il s'y entend également pour démonter impitoyablement les mécanismes complexes qui forment le fonctionnement d'un couple, cet agencement subtil de personnalités différentes, destinées par l'amour à s'accorder, mais qui, au fil du temps, voient s'effilocher et disparaître tout ce qui faisait le suc de leur entente.
Quelle désolation que les vieux couples !
Et le lecteur de sombrer peu à peu, tout comme les protagonistes, dans une détresse sans fond ...
Un bon conseil, lecteur dépressif, n'ouvre surtout pas ce livre !
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