AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arakasi


Dans la famille du narrateur, on apprend à tuer de père en fils. Chaque année, le jeune garçon se rend à la montagne en compagnie de son père, son grand-père et un ami de la famille, Tom, afin de les regarder chasser. Mais aujourd'hui est enfin le grand jour. Aujourd'hui l'enfant va tuer son premier cerf. Une première chasse est toujours une grande occasion mais celle-ci va être nimbée d'une aura bien plus morbide que prévu. Car, alors que son père lui fait regarder un braconnier par le viseur de sa carabine, l'enfant appuie sur la gâchette. L'homme s'effondre, le torse pulvérisé et le jeune garçon n'en éprouve aucune culpabilité. A tout prendre, tuer un homme ou un cerf, quelle différence fondamentale ? Les trois hommes qui l'accompagnent réagissent suivant leur caractère et leur degré d'attachement au jeune meurtrier. le père veut à tout prix sauver son fils, quitte à accuser à sa place Tom qui menace de les dénoncer à la police. Quant au grand-père, il insiste pour appliquer la plus immémoriale de toutes les lois, la loi du talion. Une vie pour une vie.

Avec David Vann, ça passe ou ça casse. D'habitude, en ce qui me concerne, ça passe mais, là, une fois n'est pas coutume, ça a cassé. Ce n'est pas tant la noirceur écrasante du récit qui m'a repoussée que le ton mystique volontiers employé par l'auteur. Les métaphores bibliques et métaphysiques abondent, alourdissant inutilement la narration et la rendant carrément absconse par moment. Si certains passages m'ont frappé par leur intensité – notamment ceux incluant le grand-père, figure terrifiante à la sauvagerie intemporelle – beaucoup m'ont laissé sur le carreau. La petite tendance de Vann au rabâchage idéologique n'a pas aidé. Son propos est fort et nécessaire, je le reconnais volontiers, mais asséné avec trop de grandiloquence et de monomanie obsessionnelle pour ne pas lasser un brin à le longue. Il s'agit probablement là d'un choix assumé, plutôt que d'une faiblesse d'écriture, mais il a contribué à me couper du récit. Qu'on ne s'y trompe pas : « Goat Mountain » EST un bon bouquin, mais je n'adhère pas à ses partis pris narratifs. En espérant que Vann reviendra à plus de sobriété dans ses ouvrages suivants, notamment « L'Obscure clarté de l'air » dans la thématique et l'héroïne m'intriguent beaucoup.

Commenter  J’apprécie          131



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}