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Citations sur Goat Mountain (77)

Je m'agenouillai devant le cerf, devant les hommes, je portai le foie cru à ma bouche. Encore tiède quand je mordis dedans, aucune résistance, rien qu'une bouillie chaude au goût de sang. Je sentis un haut-le-coeur mais le retins, je mâchai et j'avalai, je mordis à nouveau et je pensai au mort, je m'imaginer manger son foie et je sentis la bile monter, ma poitrine et ma gorge se convulser, mais je tins bon et j'avalai encore, et je pouvais percevoir le goût des entrailles de chaque homme et de chaque bête, je pouvais percevoir au goût que nous étions faits des mêmes éléments oubliés et plus anciens que la mémoire, à l'époque où les premières créatures avaient rampé hors de la soupe primordiale. Un goût d'eau de mer et de placenta dans ma bouche, un rappel d'où nous venions tous.
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La roche au-dessus avait été maculée, toute entière, une bande longue de trois mètres. Je comprenais qu’il s’agissait d’un homme, mais, ce qui me venait véritablement à l’esprit, c’était à quel point le tir avait été excellent. Un tir parfait, à plus de deux cent mètres, avec une arme trop grande pour moi, une arme difficile à maintenir fermement. Si ç’avait été un cerf, tout le monde afficherait un sourire. Il y aurait des hurlements de joie et le cri de guerre aigu que nous lâchions uniquement quand le cerf venait d’être abattu. Nous ne serions pas si étrangement silencieux. Avec mon couteau Buck, je lui ouvrirais la panse, j’en sortirais les entrailles et je mangerais le cœur et le foie, et tout cela serait perçu comme une bonne chose. Et si l’on ne nous avait jamais enseigné qu’il était mal de tuer un homme ?
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Les arbres devenus des colonnes de pierre, inscriptions sculptées dans une langue oubliée, et le ciel notre coupole, la montagne derrière nous, l'abside. Un sol de terre, pas de plafond atteignable. L'autel traîné depuis la nef jusqu'à l'entrée, jusqu'à la frontière du ruisseau, jusqu'à la lumière du soleil et la clairière au-delà, le monde extérieur à ce sanctuaire. Le plus simple des autels, un crochet et une chaîne. Et une grande dalle de marbre pour le prêtre, le matelas de mon grand-père. Le reste d'entre nous autour de lui, parés de notre frayeur. Chaque messe, une bataille, rompre le corps du Christ, boire son sang. La messe chrétienne, l'une des choses les plus macabres qu'on ait inventées. Mais le mort pendu par les chevilles transpercées était docile, nous ne buvions pas son sang, nous ne mangions pas sa chair. Nous n'étions pas des cannibales.
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Peu importe que le cerf soit imaginaire. Je savais qu'il le trouverait quoi qu'il arrive. Il ferait apparaître un cerf. Il l'abattrait en pleine course, cette détonation puissante roulant d'une crête à l'autre et claquant contre le sommet des montagnes.
Ce que nous voulions, c'était courir ainsi, pourchasser notre proie. C'était l'intérêt. Ce qui nous poussait à courir, c'était la joie et la promesse de tuer.
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Je restai dans mon sac de couchage, dans la chaleur, et la brise se leva bien qu'il n'y eut encore aucun signe du soleil. Un présage, l'air lui-même impatient de commencer la journée. C'est ainsi que j'imagine la création. Une chose attendue, une agitation impatiente.
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Il n'y a pas grand-chose de plus ancien et de plus humain que de s'asseoir autour d'un feu.
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Je ne les connaissais pas et ils ne me connaissaient pas. Toutes les formes familières peuvent devenir étrangères. Un des pièges en ce monde est le sentiment d'appartenance.
La seule chose que ayons, c'est la nécessité.
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La chasse, une manière de revenir en arrière pour atteindre un millier de générations passées. La première raison pour nous regrouper, pour tuer.
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Nous étions mis ici-bas pour tuer. C'était immuable. C'était la loi de la famille, la loi du monde. Et je sortis mon couteau car mon grand-père était là pour faire respecter la loi. Mais celui que j'étais avait changé. À partir de cet instant, chaque acte de tuer serait une expérience amère. Chaque acte de tuer serait une contrainte, quelque chose que je refuserais. Et c'est ce qui ferait de moi un être humain.
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Jamais le bord d'une flamme ne se brise ni se déchire. Elle peut prendre n'importe quelle forme, mais chaque changement est fluide, chaque contour est arrondi, chaque nouvelle vague naît de la précédente, complète et disparue.
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