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Citations sur La collectionneuse (6)

Elle était un peu folle et se cherchait. Elle était tout ce que je n’aimais pas. Trop aguicheuse. Trop frontale. Trop vulgaire. Elle ne savait pas se tenir. Je pense à sa classe sociale. Sa sexualité débridée, n’en parlons pas. À part le sexe et l’art, rien ne l’intéressait. Bien sûr, je connais un certain nombre d’anecdotes.
Alex fait mention d’un club a Paris, Cris et chuchotements, Victoria était une habituée. Le week-end qui précéda sa disparition, on l’a vue danser et s’éclipser dans l’arrière-salle. Entourée de types. Il y a beaucoup de clients, des habitués, des curieux, tous milieux confondus. Des femmes et des hommes célibataires, mariés, des acteurs, des producteurs et même des politiques. Je connais très bien ce lieu, j’y suis allé avec Victoria. Elle ne passait jamais inaperçue, imaginez, une femme sublime qui portait une valise de torture et de plaisir. Elle fouettait, tapait, claquait, buvait, et rentrait dormir tranquillement. p. 51
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« Cette enquête est démesurée, les lieux, les gens, les événements. À cet instant précis, il comprend que l’art attire le pouvoir et que le monde a besoin de la spiritualité des artistes pour vivre. Il se demande à quel point l’art est une puissance monnayable qui permet de dominer l’autre. »
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« Aux terrasses de café, au bistrot, aux feux rouges, au supermarché, chez l’épicier, aux caisses et aux sorties des grands magasins, dans la rue, au parc, au square, elle mate. Elle passe sa vie à ça. Elle contemple les fesses, les jambes, les seins, les peaux, les visages. (…) Frédérique se rêve en hyperconquérante mais quand les jambes en coton s’approchent de la proie, elle menace de tomber, glisser, s’échouer comme une patelle sur un rocher. Frédérique se rattrape à une balustrade imaginaire et finit par se tirer dare-dare en renversant tout sur son passage. Frédérique + les femmes, c’est une série de rendez-vous manqués, une somme de timidité et une suite de regrets. »
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Le galeriste déplie une feuille où apparaissent les villes où Victoria se rend régulièrement. Une liste de capitales liées à l’art contemporain, Bruxelles, Hong Kong, Bâle, Miami. Il sort un chéquier, l’argent n’est pas un problème, j’ai les moyens, je veux qu’on la retrouve vite, vivante. Je vous dis un mot du tableau ? L’homme au lavabo, 1976, format 198 × 147, huile sur toile, le personnage central veut disparaître dans le lavabo, il semble coupé de lui-même et du monde, encerclé dans une arène, en fuite, sans identité et en mouvement, sous ses pieds, un trou, les couleurs, jaune, rouge et noir. Cette œuvre parle du monde tel qu’il est, des hommes et de leur folie, je voudrais le revoir. Victoria était fascinée par cette toile. C’était la pièce maîtresse de sa collection. 
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Frédérique et sa tante ont choisi, soi-disant, un métier d’homme. Chez Duluc, on travaille en famille dans le quartier des Halles depuis presque cent ans. Josée a succédé à son père dans les années soixante-dix. Elle a vu la lente transformation du quartier. Les quincailleries et les poissonneries ferment pour laisser place aux boutiques et bars à cocktails. Il n’est pas rare de boire un canon et fumer un clope sous une vieille enseigne de boulangerie. Frédérique passe rue Lescot, le nouveau jardin donne une ampleur à l’église Saint-Eustache et à la Bourse de Commerce. Son regard grandit vers le ciel. La Canopée de verre et de lame est devenue le ventre métallique de Paris. Elle compose le code, 1977a, monte les trois étages. La directrice de l’Agence regarde sa nièce, la chemise ouverte sous le perfecto, le visage pâle, les cernes, la mèche rebelle, les bracelets ethniques enroulés au poignet. Hello ma chérie, on dirait que la nuit a été courte, tu as planqué tard ? Frédérique fait tomber un sachet de thé et manque de se brûler avec la bouilloire. Ça n’a rien donné ma tante, je n’ai pas une seule photo du client avec sa maîtresse. Ils sont entrés dans le parking et je ne les ai pas vus sortir.
Josée allume un cigarillo, entrouvre la fenêtre. La rue de Rivoli s’engouffre dans le bureau où tremble la figurine de Tintin en imper. On l’aura la prochaine fois. T’inquiète, Fred, on va le coincer. Elle regarde du coin de l’œil sa nièce qui vient de casser une tasse. Frédérique sent bien qu’elle est un peu brute. Depuis toujours, elle manque de tact et ça ne s’apprend pas à l’école. Sa tante s’en inquiète un peu. Elle peut la former, certes, mais pas la transformer.
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INCIPIT
Les lumières s’allument dans l’immeuble d’en face, l’onde blanche électrise les étages, une traînée de poudre dans un écrin de béton et de tiges en acier. Elle observe le bâtiment des années soixante-dix, l’assemblage de montants et de traverses, l’architecture fonctionnelle. Assise dans sa bagnole qui ressemble à une boîte de conserve, Frédérique s’étire et grimace de douleur. Elle tire sur le cendrier qui se renverse sur ses genoux. La détective oublie la poussière de tabac, observe le ballet lointain de deux militaires armés, le béret rouge, l’uniforme kaki, l’oreille collée au talkie-walkie, l’œil qui balaie la rue. Frédérique est en planque depuis trois heures vingt-sept. Elle ne discerne aucun mouvement derrière les fenêtres, pas de silhouette ni de lumière. Il ne se passera rien ce soir. Elle démarre et rentre chez elle. La Fiat Uno file dans la nuit. La privée traverse la ville, ralentit devant chez Duluc. Une fenêtre éclairée attire son attention. Rue du Louvre, l’enseigne des années cinquante clignote vertement dans Paris endormie. Elle a rendez-vous dans quelques heures à l’Agence, il faut qu’elle dorme un peu. Elle se gare à l’arrache sur le trottoir en bas de chez elle, érafle légèrement la voiture sur le mur gris. À la tombée du jour, le stationnement résidentiel devient un mirage. Elle fait un calcul rapide, réveil à sept heures trente-cinq, douche éclair, café serré, elle devra partir à huit heures grand max. Elle active l’application Stop Pervenches. Grâce au réseau communautaire qui géolocalise les agents contractuels, voilà plusieurs mois qu’elle ne va plus à la fourrière de Balard où elle donnait, dégoûtée, un chèque à l’employé collé derrière la vitre plexi. La nuit l’embrasse et le chat la réveille à six heures cinquante-deux. C’est pas vrai, siffle Frédérique, j’ai oublié d’acheter tes croquettes Eddy, ce sera filet de maquereau au naturel.
Le chat miaule, satisfait. Elle fouille dans les tiroirs de la cuisine, la vaisselle s’amoncelle dans l’évier. Plus de produit nettoyant, des restes de nourriture collés au fond des casseroles, les pizzas encartonnées. Elle se prend les pieds dans les packs Volvic, un volcan s’éteint, un être s’éveille. Frédérique ouvre la boîte. Eddy se faufile entre ses jambes, comment ça va gros pépère, t’es content hein, tu vas bouffer, y a que ça qui t’intéresse, bouffer et dormir, hein ?
Elle avale un café brûlant, enfile sa veste, se cogne contre le portemanteau et claque la porte. Le chat miaule comme un ténor italien.
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