Tout commence par une immersion
dans la jungle thaïlandaise. Une femme s'y enfonce avec Say, son guide. Cette femme, c'est May. Une cinquantaine d'années, des enfants grands, un mari quitté, elle a laissé derrière elle une existence grise et quelconque dans un village du sud de la France pour se frayer un chemin vers une vie nouvelle. May n'a pas choisi ce pays par hasard. La Thaïlande est l'endroit où elle est née, le lieu de son enfance. Avant l'exode, avant l'exil... sa petite main serrée dans celle de sa mère. Et puis Stéphane, son ancien collègue et ami s'était envolé là-bas lui aussi... L'annonce de son décès, si brusque et mystérieux dans cette lointaine contrée l'avait désorientée. Et quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu'elle appris qu'elle héritait de lui. Cet ami si cher à son coeur s'en était allé... et elle, elle restait là, seule face à sa vie désenchantée.
Ce deuil inexpliqué souleva en elle un irrépressible besoin de se mettre en mouvement, de se remuer. Cet argent était la clé. Elle décida donc de suivre les pas de Stéphane, sur le sol qu'elle avait déjà foulé, enfant, avec sa mère... la terre de ses ancêtres. Là où était encore ancrées ses racines. Une quête des origines. Une recherche de vérité.
Un voyage en sens inverse qui débute par la traversée de la jungle, dense et profonde, hostile et inhospitalière : reflet du cheminement intérieur de May, dédaléen. Et le Mékong qui s'y infiltre insidueusement, dans lequel elle se plongera toute entière. L'eau, comme une renaissance... La découverte ensuite du village, son totem. La source. Au fur et à mesure de son avancée géographique, son esprit et son corps se libèrent. Sa vie prend enfin de la saveur. La ville enfin s'ouvre à elle, et montre ses visages, ses couleurs, ses animaux, ses objets, ses reliques, ses statues. Les récits « cinématographiques » de sa mère sur ce pays ne collent pas tout à fait à la réalité. Un décalage heureux, une dissonance propice à la découverte, à l'enchantement. May est abreuvée d'odeurs et de parfums, de sensations et de caresses, de lumière et de sacré, un savoureux mélange de connu et d'étranger. L'île – sur laquelle Stéphane s'était installée – ultime lieu visité, dévoilera la beauté, la méditation, l'essentiel, l'indispensable. L'élévation. May sera absorbée par la nature, elle, petit point dans l'immensité, elle se sentira enfin libre. de ses mouvements, de ses envies, de ses désirs.
Une écriture des sens portant en elle la trajectoire d'une femme ordinaire jusqu'à son envolée. « Le vent murmure dans les bambous et glisse dans ses cheveux. Peu importe le lieu, la géographie des terres et des mers, l'enfer du bitume, le nid du Mékong. Elle se sent vivante. Elle sait qui elle est. Elle reste une étrangère qui connaît désormais l'histoire de sa mère, de son père et leur amour déraciné. L'exil est rond, elle en a fait le chemin peuplé de lianes et d'orchidées. » Un roman qui submerge et emporte.
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