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Critique de Alfaric


La saga des vierges guerrières tueuses de dragons commence avec ce tome 1 intitulé "Jaïna".


Le scénariste bicéphale ANGE passe toute la mythologie du dragon à la moulinette :
- avec une inversion des situations, la vierge sacrificielle victime des dragons devenant une vierge guerrière pourfendeuse de dragon
- avec la constitution d'un ordre militaire consacré à la disparition des dragons, que nous découvrirons au fil des épisodes, et qui va se révéler au centre de toutes les tractations politiques mais aussi dépositaire de nombreux secrets (les amateurs de manga feront la comparaison avec le "Claymore" de Norihiro Yagi)
- avec l'introduction d'éléments résolument horrifiques, puisque l'aura draconique déforme la réalité (le Veill, auquel seules les guerrières vierges sont immunisées), faisant muter minéraux, végétaux et animaux, et transformant les êtres humains en monstres affublés de diverses tares physiques ou psychologiques…


ANGE et Varanda concoctent un récit simple mais efficace qui nous présente un univers dark fantasy de bon aloi.
La chevalière Jaïna et son écuyère Ellys sont engagés par les dirigeants d'une Cité-Etat qui veulent se débarrasser du dragon qui les menace, sauf que ces derniers ont un peu trop joué aux apprentis sorciers en tardant à se manifester (selon l'idée que plus longtemps le dragon sévit, plus de métaux et de minéraux rares il y aura à récolté après sa mort… Ah l'appât du gain est vraiment le père de tous les vices !). La résolue Jaïna cherche a savoir ce qui est advenue de sa soeur Dara précédemment envoyée occire le dragon, tandis que la jeune Ellys se demande si elle sera à la hauteur de la tâche…

Le récit est divisé en 3 parties :
- la traversée des campagnes largement plus infectée/infestées que prévu par diverses horreurs mutantes comprenant garous, stryges, vampires ainsi que quelques saloperies empruntant aux xénomorphes de HR Giger…
Mine de rien on est un peu beaucoup dans un bon vieux survival horror et c'est tant mieux !
- le « répit » du fort du prince Jahn d'Epsard, assiégé chaque nuit par les créatures corrompues du Veill, où les auteurs installent une ambiance délétère voire étouffante, où tout le monde semble au bord de la crise de nerf…
- la confrontation finale avec l'infâme dragon et l'horrible révélation qui la précède



J'ai beaucoup apprécié la synergie entre les dessins de Varanda et les couleurs de Delphine Rieu (je n'ai pas eu l'occasion de voir la prime édition colorisée par Jung). Outre cette splendide double page initiale, dans la plus grande tradition de l'heroic fantasy, on arrive bien à rendre palpable l'immatérielle aura de corruption du Veill avec une ambiance lourde et pesante malgré des planches lumineuses et colorées.
Mais j'avoue que cette deuxième lecture a été moins ravissante que la première, car j'ai découvert quelques facilités, limitations ou précipitations dans le scénario d'ANGE, et quelques maladresses dans les dessins de Varanda (comme sur le charadesigen d'Ellys qui évolue trop rapidement de la force à la fragilité, ou de manière plus générale, les personnages féminins qui se ressemblent un peu trop et subissent la malédiction boobesque qui les oblige à voyager et combattre assez largement dénudées… ^^)
Mais il faut replacer les choses dans leur contexte : cette saga démarre chez Vents d'Ouest en 1998 et on est au tout début du revival fantasy en France, les éditions Soleil venant de tourner une page du genre avec sa série phare "Lanfeust de Troy". ANGE se démarquait en nous offrant une fantasy adulte, sombre et sérieuse, presque dark et horrifique, mais qui va malheureusement quelque peu se trahir de mon point de vue en empruntant justement aux séries à la Lanfeust… (ce qui s'explique peut-être justement par la reprise en 2003 de la série par l'éditeur créateur des lanfeusteries qui a voulu tenter l'expérience américaine avec le dessinateur Philippe Briones).


Pas de souci donc, il s'agit d'un bon début pour une saga qui va bientôt atteindre les 20 tomes… Mais cette série est capable du bon comme du moins bon, du meilleur comme du pire, donc ce tome-ci ne reflète pas la valeur d'ensemble de "La Geste des chevaliers dragons".
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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