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Critique de Krout


D'habitude j'écris mes ressentis, plutôt qu'une critique pure et dure, évidemment jamais de résumé, mais aujourd'hui je suis pris de l'envie de partager l'histoire de cette lecture. Il faut dire que si bien des livres racontent des histoires, il y a aussi bien des lectures sans histoire; au contraire de celle-ci qui en a une, singulière et qui m'est propre. D'ordinaire un roman policier de moins de trois cents pages se lit en une, deux soirées ou j'imagine pour d'autres en une après-midi sur la plage ou encore quelques parcours en train, RER, métro. Surtout quand il est bien écrit, comme ici.

C'est le mercredi 22 février, qu'allant mettre au courant mon plus jeune frère de l'essentiel de mes dispositions testamentaires, prises en vitesse par précaution et après un repas dignement arrosé, je lui ai emprunté un Fred Vargas. J'avais en effet jouissivement apprécié l'humour décalé, la finesse psychologique et le style souple, léger, concis de cette auteure dans l'armée furieuse, lu en 2015. Je voulais pour me remettre à la lecture, après l'ablation de cette tumeur au cerveau commencer par quelque chose de bien écrit qui se lit facilement et c'est en cela que se révèle tout le talent de Fred Vargas.

J'avais terminé les cinq méditations sur la mort de François Cheng et La ville dont la cape est rouge d'Asli Erdogan, une promesse tenue. Deux très beaux livres que je voulais terminer avant l'opération, tant la lecture me semblait par ailleurs bien trop ardue pour une convalescence. Quoique. La poésie l'emporte toujours ! Et, j'avais déjà entamé La convergence des consciences de Pierre Rabhi, un beau cadeau, mais cette lecture plus profonde me paraissait devoir nécessiter trop de concentration. En fait, non, je m'en rendis compte par après, car il s'agit principalement de pensées formatées en des chapitres très courts.

Bref, j'ai donc démarré ma lecture le week-end des 25 et 26 février et surtout à l'hôpital où je suis rentré le 27 pour quelques examens. J'en avais lu près de la moitié avant l'opération du 28. Mais ... il m'a fallut tout reprendre au début car je ne me souvenais plus. Soit le 3 ou le 4 mars, à cause du contre coup. Peut-être étais-je trop préoccupé lors de ma première lecture ou alors l'opération ? de toute façon je me suis vite aperçu que je n'arrivais pas à relire par portions de plus de 30 minutes. Debout les morts, à voir : surtout couché et repos ! ;) Aussi ne l'ai-je terminé, entrecoupé par la lecture de BDs et de Pierre Rabhi, de nombreuses séances de respirations, des marches et des siestes, que le 1er avril.
Cela aurait pu être une bonne ou mauvaise blague, mais non. Simplement un bon livre lu dans des conditions singulières.

Singulières comme le sont les vies des principaux protagonistes de ce roman que l'on qualifiera de policier, mais qui pourrait tout aussi bien s'apparenter à la tragi-comédie humaine, dans la grande lignée de Simenon tant les caractères sont finement dépeints à travers leurs petits et grands travers. Et puis, il y a cette apparition, dans la brume matinale, un grand hêtre qui semble agiter ses branches comme un fantôme ses chaînes^^. Pour tout familier du genre, cela déjà sent le sapin ;) de fils en aiguilles LOL. Pour peu que les voisins, émoustillés par la gorge de la soprano, soient peu ou prou historiens ou archéologues et que l'un d'eux en plus soit spécialiste de la première guerre mondiale, la question est vite tranchée^^: il faut creuser !

Pas de fleuves de sang, pas de scènes de tortures, pas d'horreurs à tour de pages, pas de cul obscène et pas de guimauve pour décrire ces trois paumés que les hasards de la vie ont réuni et leur quête d'amour. Comme quoi c'est possible alors ... le drame qui se trame en toute simplicité. Un exemple de bon goût ! Que feraient bien de suivre nombres de livres qui s'empalent dans des piles informes mais uniformes. Et autre rareté, l'enquête qui se déroule quasi sans la maréchaussée... trop démunie ? muselée ? absente ?

Ma bonne dame, il y a longtemps que sans un réveil citoyen, les puissants justifient leurs crimes sans l'ombre d'une honte face aux juges devant lesquels ils n'ont pas à se présenter et exhibent jalousement au nez et à la barbe des gendarmes leurs casseroles en toute impudeur, faites attention de ne pas y passer. Et si votre fibre écolo vous pousse vers le vélo, méfiez fous des réfisionistes qui se dédouanent du vel d'hiv pour détourner l'attention de cette belle victoire belge au sprint ce dimanche sur le vélodrome de Roubaix, loin d'être un enfer du Nord après Paris. Mieux vaut écrire sur votre bulletin : Mémé tu fais du vélo ? Donc et pour en revenir au livre, si moi, je devais voter en France, je le ferais sans réserve pour le gardien de la paix. ^^
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