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Critique de Floyd2408


L'écriture est un art où les mots ont une source personnelle puisés dans l'abime de son enfance, Philippe Vasset d'un endroit insolite, un lieu gardien d'un passé solitaire jonchant le miracle de l'imagination, d'une prouesse stylistique et narrative d'Une vie en l'air, un sujet étirant sa mémoire se dilatant dans une inextricable biographie où s'illusionne le romanesque créatif de l'auteur. Je suis un lecteur happé par l'intelligence narrative de ce roman, une force structurelle aux fondations de béton d'une lance de lancement creuse les sillons des méandres de la mémoire de notre auteur.
Une vie en l'air vacille les sens de la mémoire de Philippe Vasset, il n'oublie pas cet édifice, ce jouet éveillant les sens de cet enfant qu'il fût. IL narre le compagnon de jeu de ce viaduc en distillant au fil de ce récit les sensations imperceptibles comme si le temps se dilate dans des émotions figées, un kaléidoscope de scènes traverse les années pour dessiner un tableau intemporel. Philippe Vasset semble rechercher une habitation, un lieu, ruisselant sans cesse vers l'aérotrain, ce portail vers la vie, cette vie qui lui est propre.
Philippe Vasset nous présente le projet fou d'un érudit à travers l'édifice qui constelle ses fantasmes. Nous plongeons dans l'aérotrain, avec ces us et ses légendes, son concepteur et certains quidams, d'anecdotes croustillantes, plus ou moins farfelues, laissant le lecteur dans l'expectative et son esprit vagabonder dans une aventure de complots. Comme une enquête, Philippe Vasset explore la genèse du projet, l'ingénieur français Jean Bertin, porteur de l'aérotrain, laissant le vestige d'un projet dans la Beauce comme un mausolée paradant l'énigme d'un vestige lointain que Philippe Vasset aura enfant inventé tant de scénarises différents, de science-fiction, d'Utopie, nourrit de lecture de gare comme Francis Ryck ou Marc Agapit.
Ce roman à la trinité, dans sa composition, est sculpté de musique, comme un écho du passé, Philippe Vasset baigné par l'électro aura cette folie de vouloir créer une rave partie sur l'autel de son enfance, mais l'entreprise trop périlleuse échouera pour laisser notre auteur seul avec sa musique pour une soirée seul, avec cette solitude ancienne de son enfance, de ces errances sur le long de cette arche dominant le paysage.
Cette première partie ancre le narrateur dans cette double vie, entre le viaduc de l'aérotrain, ses expéditions solitaires, le long des rails, ses heures à planer au-dessus de paysage, scrutant l'horizon, regardant la vie des autres s'articuler autour de sa tour, celle de son jardin, ermite de cette peinture en mouvement, qu'il participe lorsqu'il s'échappe de cette structure happant son imagination.
Dans la deuxième partie, des paroles de Dépêche mode, nerver let me down again, Philippe Vasset échappe à son paysage natale pour voguer vers une vie d'adulte, se socialisant, participant à des raves party, voyageant et laissant son eldorado en berne, pour y revenir comme aimanté par ce lieu, spectre d'une vie, venant perturber son esprit. Comme le dit le narrateur, ce lieu est une drogue, l'aspirant à lui, le consume de l'intérieur, pour s'en dégager c'est la fiction, un murmure récité encore et encore.
Dans la douceur d'Etienne Daho, la troisième partie s'ouvre sur la toxicomanie de l'auteur où dans le dédale de ces errances, Philippe Vasset cherche des lieus déserts pour revivre la sensation cette solitude passée, sa drogue, des voies abandonnées, des ponts, viaduc ferroviaires à la personnalité de Dorian Gray. Une vie en l'air se perd dans l'incertitude de l'auteur, recherchant son identité à travers, une quête à la Don Quichotte, une communauté l'absorbant dans sa névrose, comme ce lieu en Belgique, Tour & Taxis , une zone industrielle en friche, qu'une femme Marie veux préserver. Cette anecdote légitime la fois sincère de préservation d'un lieu, comme les Indiens avec les terres sacrés, des ossements de leurs ancêtres. Ce crève-coeur de la construction du raccordement de l'A10 à A6, détruisant une partie de cette arche, laissera notre nostalgique dans un désarroi légitime. Ces rencontres lui ouvrent une perception de mouvement, son portail devient l'antre d'un film où il sera acteur, ce lieu vecteur d'une société de consommation en péril selon le cinéaste.
Trouble de ce roman, c'est la recherche de soi, Philippe Vasset à travers ce vestige d'un échec industriel, essaie d'avoir une réponse à l'identité de son être, celle de l'écriture, avec comme catalyseur ce décor, source d'écriture d'un récit étranger au projet de Jean Bertin. Puis ces autres récits que Philippe Vasset écrira, laissant son arche loin de lui, mais présent.
Ce roman est une longue quête intérieure qui peut se conclure de la sorte par les mots de Philippe Vasset.

« Habiter, comme écrire, c'est travailler une énigme. »
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