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Ce livre est classé comme étant un récit, pas un récit autobiographique, un simple récit, je suppose donc qu'il n'est pas entièrement autobiographique et qu'il comporte des aspects fictionnels malgré la tonalité personnelle de son propos ... En dehors de l'auteur-narrateur, le sujet principal de ce texte, est la rampe en béton de l'Aérotrain, construction bien connue des habitants de l'agglomération orléanaise (dont je suis). Cette « ruine du futur » obsède et habite l'auteur depuis son enfance. Cette utopie au sens propre du terme ; ce non-lieu (car inutile) dont le futur n'a pas existé, il nous le décrit de façon contemplative et poétique, et en même temps (comme dirait Manu 1er), il enquête sur le réel et l'histoire de ce trait d'union de 18 km entre l'urbanisme pavillonnaire, commercial ou industriel de l'Orléanais et le paysage agricole de la Beauce. Il bavarde autour du temps qui passe depuis quarante ans sur cet objet architectural étrange et il émane de ces mots une sorte de métaphore de la nostalgie, le lien singulier entre un individu et une géographie. Plus loin, l'auteur émet quelques considérations sur l'art contemporain dont l'objet de son obsession pourrait bien faire partie (il aimerait même le posséder), il nous dit aussi d'autres lieux visibles mais oubliés. Puis il s'approprie définitivement la rampe, sa rampe, en écrivant ce livre ; car la littérature sert aussi à ça ; « à s'approprier ». C'est donc une lecture intéressante et qui brise les codes (iconoclaste ?), où affleure une dérision intimiste. 4*, allez salut.
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Dans mon village natal, il y a encore quelques carrières abandonnées qui traînent. Enfant, j'étais toujours impressionné par les bâtiments en ruine que l'on croisait pendant les balades en forêt, qui avaient été le centre d'activités intenses il y a quelques dizaines d'années à peine, mais qui sont désormais recouverts par les ronces et le lierre. Preuve que si on peut dominer la Nature, il suffit de détourner le regard un instant pour qu'elle récupère tous ses territoires perdus en un clin d'oeil.

Cette attraction ne m'a pas quitté adulte, et je ne suis visiblement pas le seul à l'éprouver ; le phénomène Urbex (exploration urbaine) prend de l'ampleur. Même si le côté « chasse aux fantômes » qui l'accompagne parfois me laisse de marbre.

Mais si quelques vieilles bicoques délabrées peuvent déjà provoquer une certaine fascination, que dire d'une rampe en béton de 18 kilomètres, tentative avortée d'un hyperloop franco-français, découpant tout un territoire en deux ? Je ne connais pas la région, et j'ai bien du mal à imaginer à quoi ça pourrait bien ressembler, mais je reconnais sans peine que ça doit laisser quelques traces.

Au travers de la présence obsédante de cet aérotrain, on s'interroge surtout sur l'urbanisme, et sur la reconquête de ces espaces utiles à personne et perdus pour tous. Il y a quelques années, on a détruit un bâtiment près de la gare du Midi à Bruxelles. Les fondations de son remplaçant ont à peine été posées que les travaux ont été arrêté, et ils semblent toujours au point mort. Depuis, le chantier a été inondé, dans l'indifférence générale. Maintenant, c'est devenu un genre de petit lac, en plein coeur de la ville, où les oiseaux barbotent, ou prennent un repos bien mérité sur un pylône en béton. La nature ne laisse pas les espaces vides bien longtemps. Il serait peut-être temps qu'on en prenne de la graine.
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L'auteur nous parle du génie d'un homme Jean Bertin qui créa l'aérotrain et obtint les autorisations pour construire une structure, afin d'en faire un site expérimental au-dessus et à travers la Beauce.

Cela dura de la fin des années 1960 à 1976 où le projet fût abandonné, projet qui consistait à tester un prototype de matrice sur coussin d'air (aérotrain).

Il fût abandonné au profit du TGV.

186 pages d'une confession, d'un engouement, d'un amour immodéré et inexplicable pour une ligne de béton qui traverse la Beauce, au-dessus d'un paysage où l'auteur, du haut de son perchoir, à passer des heures, voir des jours entiers à observer la vie alentour.

Il y a dormi, il y a dansé, il a même pensé à y faire des "rave-parties", à se l'approprier, à en déclarer l'indépendance.

Finalement ce quai de béton oublié de tous et n'appartenant à personne, restera (pour moi en tous cas), un mémorial à la gloire de cet écrivain Philippe Vasset, qui a réussi le tour de force d'en faire un livre très intéressant, qui restera dans ma mémoire et dans celles, de ceux, qui comme moi auront été happé par son histoire.
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Une vie en l'air de Philippe Vasset est un roman de la rentrée littéraire découvert grâce aux éditions Fayard et net galley.
L'auteur nous présente la rampe de l'aérotrain qui double la voie ferrée entre Orléans et Paris. J'avoue que je ne connaissais pas du tout, mais il est vrai que je n'habite pas dans ce coin même si j'y suis allée plusieurs fois.
La voie d'essai de l'aérotrain d'Orléans est une ligne expérimentale de transport guidé de type monorail, construite en 1968. Prévue pour s'inscrire dans un futur axe Paris-Orléans, elle est désaffectée depuis 1977. (source : wikipédia).
L'auteur a toujours connu cette ligne de béton, et il nous en parle. C'est un récit, en partie imaginaire, en partie autobiographique surement aussi.
J'ai trouvé Une vie en l'air intéressant mais comme je ne suis pas concerné par sa vie, par ses pensées, et que je ne connais pas cette ligne je dois avouer en toute honnêteté que j'ai parfois décroché.
C'est une lecture intéressante mais je ne suis pas totalement convaincue. Par moment c'est un peu long, trop à mon goût.
Je ne regrette pas de ma lecture toutefois mon avis est mitigé, d'où le trois étoiles.
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Vers la Noël 1977 Guy Béart, désireux, j'imagine, de se donner une image plus « moderne », sortit un album à base de synthétiseurs au titre incertain, mais à la thématique résolument sci-fi. La pochette du 33 tours était signée Moebius, qui y avait dessiné chacun des titres de l'album. En grand, juste au-dessus du guerrier des étoiles japonisant qui était au centre, figurait le mot « L'avenir » et juste au-dessous, en plus petit « c'était plus beau hier ».
Le premier couplet disait :
L'avenir c'était plus beau hier
L'avenir, aujourd'hui je m'y perds
Sur la machine du temps
Je vais remonter souvent
Dans ce troublant « Une vie en l'air » Philippe Vasset illustre l'idée qu'on peut en effet avoir la nostalgie de ce qui a failli être, des ambitions parfois mégalomaniaques des Trente Glorieuses. Arpentant périodiquement depuis son enfance les dix-huit kilomètres de ce rail d'aérotrain, qui domine la plaine de la Beauce à dix mètres de hauteur, le narrateur ne cesse de vouloir redonner vie à cette ruine en devenir, matériellement car cette ligne de béton est là pour durer, mais aussi symboliquement à travers les mots qu'il pose dessus. Ce projet d'aérotrain, pour lequel cette rampe servait de zone d'essais, a été abandonné en 1976, époque des toutes premières années d'enfance du narrateur. Ce viaduc de béton a été le support de beaucoup de rêveries, de méditations solitaires et de tentatives littéraires restées à l'état de ruminations mentales.
Dans ce texte intrigant mais très réussi Philippe Vasset joue en virtuose de tous ces éléments, de l'espace et du temps, des mots qu'on peut habiter comme une cabane à ciel ouvert !
Bref il s'agit ici d'un ouvrage très original, au style clair, qui est un vrai bonheur de lecture.
#UneVieEnLair #NetGalleyFrance
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Dès l'enfance Philippe Vasset a eu une obsession : ce rail de béton qui longe la voie ferrée au nord d'Orléans, vestige du projet abandonné d'aérotrain de l'ingénieur Jean Bertin. Il l'arpente, il y séjourne des heures, il y revient, il y observe le monde de plus haut, il voudrait faire revivre le projet, ou faire un objet d'art de ce qu'il en reste, ou y organiser des rave parties. J'en passe.
C'est bien écrit, souvent agréable. Un peu vain cependant. On se demande à quoi cela rime.
Mais l'auteur l'avoue honnêtement : «J'étais, indubitablement, l'un de ces songe-creux ».
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Si on m'avait dit qu'un jour je lirais un bouquin consacré à un rail de béton, je ne l'aurais évidemment pas cru. Si en plus on m'avait dit que j'aimerai beaucoup ledit bouquin, là, j'aurais éclaté de rire. Comme quoi un aérotrain peut en cacher un autre. Ce livre est un OVNI mais dans lequel on est rassuré, presque en terrain conquis. Une espèce de (bonne) littérature "upperground" (du coup) qui nous entraîne dans une réflexion profonde sur le bâti, qu'il soit existentiel ou architectural. Cette ruine moderne prend aujourd'hui une dimension vertigineuse quand on pense à l'effondrement qui nous pend au nez. Comme si l'air comprimé de l'aérotrain allait - enfin ! - nous péter à la figure. Un livre hors-sol qui vole très haut.
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Voici sur 186 pages le récit "d'un toxicomane de l'aérotrain" et on le lit sans s'ennuyer, ce qui est paradoxal, car il ne se passe rien.
Est-ce un roman de fiction, un conte, une fable, un récit autobiographique, je n'en sais rien mais j'ai suivi l'auteur sur ses 18 kms de rail de l'aérotrain qui n'a jamais vu le jour. On suit les états d'âme de l'écrivain, ses recherches sur le constructeur, ses interviews des politiques et protagonistes de l'époque, ses essais de fêtes sur ce tronçon, son rêve de l'acheter. Donc rien de palpitant mais on continue la lecture, tenue par l'écriture et la beauté de ces lieux abandonnés qui font souvent fantasmer les randonneurs de sites urbains en friche.
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L'écriture est un art où les mots ont une source personnelle puisés dans l'abime de son enfance, Philippe Vasset d'un endroit insolite, un lieu gardien d'un passé solitaire jonchant le miracle de l'imagination, d'une prouesse stylistique et narrative d'Une vie en l'air, un sujet étirant sa mémoire se dilatant dans une inextricable biographie où s'illusionne le romanesque créatif de l'auteur. Je suis un lecteur happé par l'intelligence narrative de ce roman, une force structurelle aux fondations de béton d'une lance de lancement creuse les sillons des méandres de la mémoire de notre auteur.
Une vie en l'air vacille les sens de la mémoire de Philippe Vasset, il n'oublie pas cet édifice, ce jouet éveillant les sens de cet enfant qu'il fût. IL narre le compagnon de jeu de ce viaduc en distillant au fil de ce récit les sensations imperceptibles comme si le temps se dilate dans des émotions figées, un kaléidoscope de scènes traverse les années pour dessiner un tableau intemporel. Philippe Vasset semble rechercher une habitation, un lieu, ruisselant sans cesse vers l'aérotrain, ce portail vers la vie, cette vie qui lui est propre.
Philippe Vasset nous présente le projet fou d'un érudit à travers l'édifice qui constelle ses fantasmes. Nous plongeons dans l'aérotrain, avec ces us et ses légendes, son concepteur et certains quidams, d'anecdotes croustillantes, plus ou moins farfelues, laissant le lecteur dans l'expectative et son esprit vagabonder dans une aventure de complots. Comme une enquête, Philippe Vasset explore la genèse du projet, l'ingénieur français Jean Bertin, porteur de l'aérotrain, laissant le vestige d'un projet dans la Beauce comme un mausolée paradant l'énigme d'un vestige lointain que Philippe Vasset aura enfant inventé tant de scénarises différents, de science-fiction, d'Utopie, nourrit de lecture de gare comme Francis Ryck ou Marc Agapit.
Ce roman à la trinité, dans sa composition, est sculpté de musique, comme un écho du passé, Philippe Vasset baigné par l'électro aura cette folie de vouloir créer une rave partie sur l'autel de son enfance, mais l'entreprise trop périlleuse échouera pour laisser notre auteur seul avec sa musique pour une soirée seul, avec cette solitude ancienne de son enfance, de ces errances sur le long de cette arche dominant le paysage.
Cette première partie ancre le narrateur dans cette double vie, entre le viaduc de l'aérotrain, ses expéditions solitaires, le long des rails, ses heures à planer au-dessus de paysage, scrutant l'horizon, regardant la vie des autres s'articuler autour de sa tour, celle de son jardin, ermite de cette peinture en mouvement, qu'il participe lorsqu'il s'échappe de cette structure happant son imagination.
Dans la deuxième partie, des paroles de Dépêche mode, nerver let me down again, Philippe Vasset échappe à son paysage natale pour voguer vers une vie d'adulte, se socialisant, participant à des raves party, voyageant et laissant son eldorado en berne, pour y revenir comme aimanté par ce lieu, spectre d'une vie, venant perturber son esprit. Comme le dit le narrateur, ce lieu est une drogue, l'aspirant à lui, le consume de l'intérieur, pour s'en dégager c'est la fiction, un murmure récité encore et encore.
Dans la douceur d'Etienne Daho, la troisième partie s'ouvre sur la toxicomanie de l'auteur où dans le dédale de ces errances, Philippe Vasset cherche des lieus déserts pour revivre la sensation cette solitude passée, sa drogue, des voies abandonnées, des ponts, viaduc ferroviaires à la personnalité de Dorian Gray. Une vie en l'air se perd dans l'incertitude de l'auteur, recherchant son identité à travers, une quête à la Don Quichotte, une communauté l'absorbant dans sa névrose, comme ce lieu en Belgique, Tour & Taxis , une zone industrielle en friche, qu'une femme Marie veux préserver. Cette anecdote légitime la fois sincère de préservation d'un lieu, comme les Indiens avec les terres sacrés, des ossements de leurs ancêtres. Ce crève-coeur de la construction du raccordement de l'A10 à A6, détruisant une partie de cette arche, laissera notre nostalgique dans un désarroi légitime. Ces rencontres lui ouvrent une perception de mouvement, son portail devient l'antre d'un film où il sera acteur, ce lieu vecteur d'une société de consommation en péril selon le cinéaste.
Trouble de ce roman, c'est la recherche de soi, Philippe Vasset à travers ce vestige d'un échec industriel, essaie d'avoir une réponse à l'identité de son être, celle de l'écriture, avec comme catalyseur ce décor, source d'écriture d'un récit étranger au projet de Jean Bertin. Puis ces autres récits que Philippe Vasset écrira, laissant son arche loin de lui, mais présent.
Ce roman est une longue quête intérieure qui peut se conclure de la sorte par les mots de Philippe Vasset.

« Habiter, comme écrire, c'est travailler une énigme. »
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Il faut bien avancer dans le neuvième texte de Philippe Vasset avant d'en apprécier la subtilité du titre.
Car ce qui se perçoit d'abord comme le récit d'une fixation née dans l'enfance devient peu à peu l'histoire de la construction d'un échec par l'incapacité à se libérer d'une obsession - jusqu'au sentiment d'avoir foutu sa vie en l'air.
Mais il est tout aussi vrai que Philippe Vasset aura passé sa vie en l'air ; à sept mètres de haut précisément, la hauteur à laquelle culmine le rail de béton de l'aérotrain, sorte de TGV sur coussins d'air dont le développement a été abandonné en 1974. La voie d'expérimentation est une cicatrice de 18 km sur le visage de la Beauce ; construite dans un béton particulièrement résistant, le coût de sa destruction a toujours été rédhibitoire.
Dès l'enfance, cet énigmatique stigmate d'un échec industriel envahit son espace mental et son imaginaire pour de très longues années…
Une vie en l'air est un récit autofictif et introspectif qui gagne en intensité et en intérêt au fil des pages. le début, entre souvenirs d'enfance et balade documentaire dans l'histoire du grand rail peut laisser dubitatif, même s'il réserve des moments sensibles et passionnants. Puis quelque chose d'intense se noue entre le lecteur et l'auteur, quand celui-ci s'engage dans la narration aux accents "rousseauistes" d'un drame intimiste avec toute la force d'une sincérité maîtrisée, au service du récit. Philippe Vasset personnifie ce rail d'aérotrain et nous livre tout de sa relation passionnelle avec lui, mélange kaléidoscopique de fascination, d'obsession, de rejet, de domination, d'échecs, d'accomplissements, s'étendant sur plusieurs dizaines d'années.
Au final, rarement un auteur n'aura fait aussi bien partager et comprendre à ceux qui le lise les origines et les ressorts de son oeuvre, de sa manière de voir le monde et de son appétit pour les espaces étranges dissimulés dans nos espaces a priori si formatés.
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