AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pat0212


Tout d'abord un très grand merci à Babélio et aux Editions Bernard Grasset pour ce livre reçu lors de la Masse critique non-fiction. Un petit livre, mais un énorme coup de coeur qui vaut plus de cinq étoiles. Cette lecture m'a touchée et enthousiasmée. Toutes les personnes qui s'intéressent au judaïsme et à l'identité juive ne peuvent pas le manquer.

Léa est issue d'une famille intellectuelle de gauche, son père Alain est écrivain et homme de radio. Il est juif mais athée, sa mère se définit comme juive de coeur et tout aussi athée que son mari, la religion n'a pas de place dans cette famille. Léa étudie la philosophie, en particulier Levinas et Benjamin, elle a des opinions d'extrême gauche bien plus radicales que le reste de sa famille. Si tout le monde désapprouve la politique de Netanyau, ils sont tous attachés à la terre d'Israël. L'identité juive ou pas de la famille de Léa fait l'objet d'un tabou et le sujet n'est jamais évoqué, toutefois elle sait que son arrière-grand-père était rabbin, mais un silence absolu plane sur cet homme dont même son père ignore le prénom.

Des problèmes non précisés surviennent dans la famille, la cousine de Léa la contacte après un long silence. Elle a trouvé des documents sur ce mystérieux personnage en vidant l'appartement de leur grand-mère après son décès. Cette femme ne parlait jamais de son père, elle avait épousé un catholique et se rêvait en bourgeoise catholique selon Paul Claudel, elle avait totalement rejeté son identité juive. Léa, sa soeur Paloma et leur cousine se lancent dans une enquête sur leur arrière-grand-père, les papiers retrouvés leur apprennent qu'il s'appelait Isaac Sawelsky et qu'il officiait à la synagogue de Neuilly. Elles rencontrent deux dames âgées qui l'ont connu à l'époque, peu à peu le visage d'Isaac émerge de l'ombre et du tabou. L'enquête devient quête. Il avait une carte de légitimation de l'UGIF, un organisme créé par Vichy pour regrouper toutes les organisations juives, sa synagogue est restée ouverte et en fonction durant toute la guerre, comme d'autres lieux de culte d'ailleurs. Une question taraude les trois jeunes femmes : de quel côté se situait Isaac ? Est-il un héros ou un collaborateur ? Est-ce à cause de cela qu'il a été gommé de la mémoire familiale ? Elles comprendront que ces réponses ne sont ni toutes noires ni toutes blanches, que cette époque était ambigüe et que la mémoire qu'on en a gardé a été tronquée. Il y aura notamment une confrontation avec des aînés lors de la visite d'une synagogue dans le marais à ce propos, dans le lieu même où Isaac a eu son premier poste en 1921.

Les jeunes femmes n'arrivent pas à répondre à toutes leurs questions, elles arrivent à une limite qui aboutira à un hommage public rendu à Isaac dans la synagogue de Neuilly. le livre continue en racontant les suites de l'enquête pour Léa qui interroge ses origines. Est-elle juive ou pas ? Elle se marie avec Solal, issu d'une famille très pratiquante et se pose la question de la conversion (sa mère n'étant pas juive, Léa ne l'est pas non plus) lorsqu'elle attend un enfant à son tour. Et surtout : C'est quoi être juive ?

Cette réflexion sur les origines, la culture, l'identité et la religion est absolument passionnante. La mémoire est souvent biaisée. Dora Bruder de Patrick Modiano, un de mes livres fétiches est cité dans la bibliographie et j'imagine sans peine Issac rencontrant Dora dans une rue de Paris.

Ce portait impressionniste d'Isaac le rabbin de Neuilly est un gros coup de coeur que je recommande chaleureusement, une vraie pépite.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}