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EAN : 9798587306875
130 pages
Independendly Published (03/02/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
Comics contortionist Rick Veitch unwinds a wild western yarn with more twists and turns than the mighty Rio Grande. "Tombstone Hand" tells the tale of a tense graveside stand-off in which a man finds himself with one boot heel in this world and one in the hereafter. At stake is a prize beyond price. Like Veitch's other "Panel Vision" books, ("The Spotted Stone", "Otzi", "Redemption" and "Super Catchy"), "Tombstone Hand" is a self contained graphic parable that pushe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il a été publié sans sérialisation préalable, la première édition datant de 2021. Il a été réalisé par Rick Veitch, scénario, dessins et encrage. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, de 122 pages. Elle s'inscrit dans la série des histoires narrées en Panel Vision, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'une seule case par page, ou que chaque dessin est une illustration en pleine page. le précédent tome en Panel Vision était Redemption (2019). Parallèlement à cette collection, l'auteur réalise en alternance deux séries : Roarin' Rick's Rare Bit Fiends et Boy Maximortal.

Gila Bend, dans l'Arizona en 1926. le soleil a commencé à décliner dans le ciel et la zone est désertique, sans un seul coin d'ombre, le sol étant jonché de caillasse. Une ombre avance sur le sol, devenant de plus en plus grande, apportant un instant de fraîcheur aux rochers. Il s'agit d'un cavalier qui avance tranquillement sur son cheval à l'échine courbée. Il y a une sacoche accrochée de part et d'autre de sa selle. Il porte un pantalon en jean, une chemise et un gilet sans manche, avec un chapeau à large rebord. Il a un ceinturon avec un holster et revolver dans l'étui. Derrière sa selle, se trouve une couverture enroulée, et une pelle. Il se dirige vers le seul arbre visible à l'horizon. Il s'en approche toujours à cheval, et regarde la corde avec le noeud coulant, accrochée à l'arbre sans feuille, à la forme torturée. Il sort de sa poche une feuille de papier, tout en contemplant les tombes devant lui, un cimetière sans clôture, abandonné au milieu de nulle part, avec des croix en bois ou quelques rares stèles également en bois. Il relit les mots sur le papier : l'arbre du pendu, l'ombre sur la tombe, à 5h46 l'après-midi, le 17 juin. Il sort sa montre à gousset et la consulte : 17h38. Il voit l'ombre du noeud coulant au sol. Il descend de cheval et suit le noeud coulant qui se déplace avec le mouvement du soleil.

Le cavalier passe entre les tombes en jetant un coup d'oeil aux inscriptions qui portent la mention du nom de la personne qui a été pendu, ainsi que la nature du crime pour lequel il a été condamné. Dans sa main gauche, le cavalier tient sa montre à gousset, dans la droite la pelle. À six heures moins le quart exactement, le noeud coulant se projette autour de l'inscription sur une des croix : Miss Delia Clum, 27 ans. Toujours seul, le cavalier présente ses excuses à haute voix, de devoir ainsi troubler son lieu de repos éternel, mais aujourd'hui pourrait être son jour de chance à lui. Il fiche la tête de la pelle dans la terre au-dessus de la tombe, appuie dessus avec son pied, et commence à creuser. le soleil continue sa course et la luminosité faiblit, alors qu'il continue à creuser à un rythme posé et régulier. La nuit est tombée et le trou a maintenant une profondeur d'un mètre cinquante. Il se produit un bruit mat quand la pelle touche le couvercle du cercueil. Avec sa pelle, Sliver dégage la plaque métallique apposée sur le couvercle : il s'agit en fait d'un coffre en bois avec une plaque de la société Wells Fargo, agence de San Francisco. Il finit de dégager le petit coffre en bois et le prend à deux mains pour le retirer du sol. Les mains du cadavre de Miss Delia sont fermement accrochées à chaque poignée.

Pas de mystère : en page de garde, l'auteur a indiqué qu'il dédie cette bande dessinée à Sergio Leone (1929-1989) & Ennio Morricone (1928-2020). Il s'agit donc d'un hommage explicite au genre Western Spaghetti, c'est-à-dire des westerns à l'italienne, tournée en Italie, essentiellement entre 1963 et 1978. le lecteur s'attend donc à en retrouver les principales caractéristiques tant sur le plan scénaristique, que sur celui esthétique. Il présuppose qu'il va suivre un anti-héros plus ou moins opportuniste, surtout motivé par son intérêt personnel, peut-être avec une touche d'humour macabre, peut-être avec des angles très largement ouverts sur de grands espaces, des cadrages avec des angles originaux, ou des plans très rapprochés. En revanche, il sait par avance qu'il n'y a pas de possibilité de reproduire l'effet de la musique dans une bande dessinée. D'une certaine manière, Rick Veitch répond à cette horizon d'attente dès la scène d'ouverture : une progression un peu indolente dans un paysage désertique où il ne se passe rien, un plan fixe de 5 pages montrant surtout la caillasse et la progression de l'ombre, un pistolero qui profane une sépulture, et effectivement quelques cases en plan resserré sur un détail comme le papier dans la main de Sliver, ou la montre à demi tirée du gousset. D'un autre côté, il n'y a effectivement pas de bande-son, et le choix du format d'une case par page ne permet pas de réaliser une large case en panoramique à la manière d'un écran de cinéma, puisque la page est plus haute que large.

D'un autre côté, le lecteur n'a aucune idée de l'histoire qui l'attend. L'auteur a opté pour une unité de temps et de lieu très resserrée : tout se déroule en une nuit, dans ce cimetière, dans un périmètre de quelques mètres autour de la tombe de Miss Delia, sauf pour la scène d'ouverture, et la scène de fin. Sliver a bien réussi à mettre la main sur le magot, et des jours radieux s'ouvrent devant lui sauf que… ses anciens associés l'ont suivi à la trace et il y a une question de partage de magot. En outre, Sliver n'a pas la position dominante : il est au fond du trou qu'il a creusé et il n'a qu'une pelle dans les mains sauf que… il y a un certain passif à épurer et trois personnes ça fait une foule comme disent les anglophones. Les protagonistes vont faire parler la poudre, et dans le même temps ils ne sont pas complètement dépourvus d'émotion. Il y a une possibilité de discuter, de reculer l'échéance de la mort, de semer le doute. Mais dans le même temps, il y a aussi cette corde de pendu qui attend son client, et elle n'est pas juste au-dessus de la tombe de miss Delia, ni même du cimetière. Il y a une longue séquence de dialogue de 36 pages, Sliver dans le trou de la tombe, et l'individu qui le tient en joue calmement assis à quelques mètres de là. D'un côté, c'est une séquence qui s'inscrit dans la tradition du western spaghetti ; de l'autre côté, l'auteur se met dans une position délicate pour maintenir un intérêt visuel pour une telle situation aussi statique.

Le lecteur se retrouve assez partagé sur le dispositif narratif d'une case par page. Évidemment, cela amène le lecteur à prendre le temps de regarder chaque dessin, cela l'incite à savourer chaque page. Il peut lui prendre l'envie de comparer cette manière de raconter à ce qu'elle aurait pu être si l'auteur avait choisi une disposition plus traditionnelle de 4 cases par page : cela aurait abouti à une bande dessinée de 30 pages. D'un autre côté, ça vaut le coup de détailler chaque dessin. Rick Veitch est un artiste aguerri, 69 ans au moment de la réalisation de cet album. Chaque dessin est soigné, avec des traits assurés, différentes épaisseurs de pinceau pour les réaliser, des noirs bien denses apportant un poids certain à chaque image. Il a bien sûr soigné l'apparence de chacun de ses personnages, mais sans opter pour le principe de gueules marquées par le temps et les intempéries. En fait, Sliver est même plutôt propre sur lui : bien rasé, bien peigné, un pantalon et une chemise propre, un gilet de bonne facture, des bottes et un chapeau à large rebord qui semblent récents et en bon état. Ses deux anciens acolytes sont également vêtus proprement, avec une tenue tout aussi mémorable. Les autres personnages disposent également d'une apparence mémorable, sans pour autant être marqués par les épreuves ou par une agressivité ou une colère de tous les instants.

Même si le principe d'une case par page sort de l'ordinaire, il y a bien une narration visuelle, que ce soit par ce que montre chaque case, ou même par la suite chronologique de ce qui est montré. le récit commence par exemple par un plan fixe montrant la progression du cavalier. le lecteur regarde Sliver creuser la tombe pendant 5 cases d'affilée. La longue discussion alterne des vues de l'un des interlocuteurs avec des vues de l'autre, la plupart du temps en plan poitrine ou en gros plan. Là non plus, les acteurs ne surjouent pas les expressions, et restent globalement calme, l'artiste sachant donner une idée de leur état d'esprit, sans exagérer l'expression de leur visage. Comme eux, il se laisse gagner par le calme de la nuit, par l'étrange drame qui se joue alors que l'un d'eux sent la vie le quitter. Veitch met à profit sa sensibilité spirituelle pour écrire un monologue hypnotique, sans mièvrerie, intéressant à suivre pour découvrir la manière dont le personnage interprète les symptômes de l'affaiblissement de ses fonctions vitales. le lecteur prend conscience que l'auteur met à profit la spécificité d'une narration à une case par page pour un western spaghetti : il joue sur l'écoulement du temps, reproduisant fidèlement la sensation donnée par ces moments d'observation qui durent un peu plus que la normale.

Cette bande dessinée constitue un exercice de style délicat : reproduire l'effet d'un western spaghetti, mais sans les paysages panoramiques. Dans un premier temps, le lecteur éprouve la sensation que l'auteur se fait surtout plaisir avec ces plans qui durent, et cette situation incertaine de rapport de force qui s'éternise. Cela ne l'empêche pas de profiter de la qualité des dessins capturant avec fidélité le moment présent, sans être précieux ou maniéré. Au fur et à mesure, il découvre que Rick Veitch réussit son pari de faire ressentir l'écoulement du temps un peu différemment, évoquant effectivement cette spécificité des westerns spaghetti. Il devient le spectateur captif écoutant un délire d'agonie très poignant, sans être atroce ou larmoyant. Puis l'intrigue reprend son cours plus classique, le souvenir de ce moment de grâce s'estompant.
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