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Critique de Meps


Meps
01 septembre 2022
Comme souvent avec Jules Verne, le sujet de ses romans finit par trouver une réalisation concrète dans la réalité. Et comme souvent, j'ai d'abord été fasciné par cette réalité avant de découvrir le récit d'anticipation du génial auteur nantais (ou amiénois, selon le côté de la revendication territoriale où on se place) ! Je me souviens très bien des lectures des exploits d'Amundsen dans l'encyclopédie Je veux savoir. Pour un enfant né dans le Nord de la France, les expéditions polaires présentaient un certain attrait et peut-être moins de craintes que les expéditions aux Tropiques !

Je n'avais pas du tout eu connaissance des aventures du capitaine Hatteras étant jeune, alors que mon goût pour l'espace m'avait fait lire très jeune de la Terre à la Lune et que j'ai eu très tôt connaissance du Voyage au Centre de la Terre ou du Tour du Monde en Quatre-Vingt Jours. Sans doute le titre beaucoup moins explicite ne m'a-t-il pas permis de connaitre facilement le sujet d'un roman qui m'aurait pourtant bien tenté à l'époque.

Au risque de me répéter, l'expédition la plus complexe aurait alors sans doute été la traversée des explications scientifiques pointues du début de l'oeuvre. Les expéditions dans les terres arctiques étaient vraiment à la mode à l'époque de Verne, et l'auteur y a puisé ses descriptions réalistes. Il n'oublie pas de rendre hommage aux nombreux explorateurs de l'époque qui y ont risqué (et même parfois perdu comme Franklin) leur vie. Il fait bien attention de n'en oublier aucun... ce qui mène tout de même à un ennui certain dans la première moitié du roman.

Heureusement le talent de Verne est aussi dans le choix du casting : un capitaine Hatteras qui ne manque pas de points communs avec un certain Nemo et dont l'ambition démesurée forge un caractère bien trempé et quasi automatiquement taciturne et enragé, un docteur Clawbonny qui forme le parfait contrepoint (à l'image d'Aronnax face à Nemo) avec sa gentillesse débonnaire et ses explications scientifiques qu'il parvient à rendre agréables... Les personnages secondaires, que ce soit l'équipage rebelle, les quelques alliés du capitaine ou la rencontre internationale au milieu des glaces (mais chhhhht ne dévoilons pas tout). Bref, les personnages sont parfaitement choisis pour nous mener dans les moments de pure aventure, qui se multiplient une fois passé le voyage jusqu'aux régions polaires.

Passant de moments de découragements extrêmes à des rebondissements relançant parfaitement l'intérêt, Verne mène son aventure à bon port malgré les écueils glacés de la précision scientifique. Comme souvent aussi, le dénouement n'est pas parfaitement conforme à ce que la réalité nous révélera... même si l'intelligence de l'auteur lui ménagera toujours une sortie possible et que la vraisemblance remplace presque avantageusement la réalité !

Près de cinquante ans d'écart entre les exploits d'Amundsen et le récit de Verne, sans doute un des écarts les plus courts entre réalité et monde "vernique" (y a un adjectif officiel ?). Il serait intéressant de savoir si Amundsen avait lu Verne... et s'il était aussi peu causant et jovial que le déterminé Hatteras !

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