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Ce livre est à jamais, l'occasion de rencontrer, Rosa Masur, extraordinaire bout de femme de quatre-vingt douze ans, juive russe, émigrée en Allemagne, dans la petite ville de Gigricht, plus de cinquante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle se définit elle-même,"je suis atypique". Elle est atypique, coriace et terriblement marrante ! Bien que son histoire ne le soit pas autant....
A l'occasion de son 750 iéme anniversaire, la ville organise un concours intitulé "5 000 marks offerts à des témoins de l'histoire", pour un projet de livre-anniversaire, qui s'appelle ,“Étrange patrie. Une patrie à l'étranger”, et a pour but l'intégration des étrangers. Rosa qui a un fils invalide et une belle-fille et vit avec l'aide de l'Etat et celui de son petit-fils, ne va pas manquer cette offre alléchante.
La vieille dame a traversé le XX iéme siècle et deux guerres, et son histoire n'est pas des plus communes. Elle va nous la raconter à travers des interviews en russe réalisés par le traducteur de la municipalité....une histoire qui débute dans la bourgade de Vitchi, en Biélorussie, en 1910 ou 1911.....dix ans vont s'écouler, où Vitchi et sa communauté juive sera livrée aux Allemands , aux bolcheviks, aux Blancs antirévolutionnaires, aux Polonais ou tout simplement aux bandes, mélange hétéroclite d'anciens soldats, de vagabonds et de prisonniers évadés.....le siège de Leningrade,où la faim entraîne la consommation de bouillon à base de colle de papiers peints, de l'animal domestique de la maison,de pain à la farine mélangée à la sciure de bois, de lanières de cuir et de semelles de chaussures....et même...de chaire humaine ("C'est incroyable tout ce qu'on est capable de manger")....et l'histoire d'une survivance en tant que juif dans la Russie de l'après-guerre.

Les Juifs, les Noirs, les Femmes...toute sorte de discrimination y passe...pas toujours facile à lire mais la personnalité exceptionnelle de Rosa Masure allége toutes les difficultés, toutes les injustices et la méchanceté humaine au-delà de toute imagination ....

Je n'aime pas les livres traitant d'histoire et encore moins l'histoire du XXiéme siécle, mais ce livre ne vous inquiétez pas, n'en est pas vraiment un . C'est l'histoire d'une femme juive hors du commun,intelligente, sensible,futée, drôle, et qui ne manque pas de courage.....même face à Staline.

"L'Etrange mémoire de Rosa Masur", publié en février 2016, a remporté le Prix Adelbert von Chamisso et le Prix Anton Wildgans. Si ça vous tente, un excellent roman, superbement écrit avec humour malgré la noirceur du sujet. Un grand plaisir de lecture !
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Vladimir Vertlib, est venu s'installer en Autriche sur les pas de Kafka, non à Vienne mais à Salzbourg, pour s'y baigner dans la musique baroque, cette ville qui fut pour moi, à l'age15 ans, un enchantement, musiques de choeurs, musiques de chambre, musiques de réconciliation, ici les carillons ne rythment pas les prières, mais la musique. On ne viendra plus le faire chanter, Lui le juif errant, car il chante déjà, L'étrange Mémoire de Rosa Masur.


Peut-on imaginer pire cauchemar, que de devoir manger feu le grand-père, à petits feux, pièce par pièce, à n'en laisser que les os ! L'une des pires horreurs vécues par Saint-Pétersbourg, "Leningrad", pendant les deux années de blocus, par une population affamées sciemment, face à l'armée Nazi. Comment imaginer que des enfants disparaissaient. L'étrange mémoire de Rosa a gardé intact ces années de guerre qu'elle a partagé avec Macha sa voisine, et ses enfants Kostic et Sheila.


Vladimir Vertlib né à Léningrad, a voulu raconter l'histoire d'une famille juive au long de ce siècle, catapulté dans des guerres fratricides entre des pays de culture chrétienne, Il a exprimé avec la lucidité d'un historien, et le parti pris d'un agnostique, que la pire des identités était l'identité juive, il fallait fuir, ou s'attendre à mourir d'un jour à l'autre. Absurde ! Kafkaien au sens le plus glauque, le plus noir, demain vous serez recherché, pour être pendu ou décoré ?

Kostic a pu intégrer une école supérieure de mécanique, où règne un certain Sergueïev le Doyen appelé le roi des juifs. Il faut savoir qu'après la guerre, après 1945, le nombre de juifs admis en classe supérieure était limité à un pourcentage inférieur à 5 %.
Kostik fera une faute d'orthographe sur un devoir de traduction, il oublie le r de Stalingrad. Certes cette traduction de russe en allemand, Stalinegad, ne donne aucune trace de subversion. Mais la blague en russe est connue Stalinegad, signifie Staline fumier.
Kostic est suspendu, puis arrêté. Un drame kafkaïen de plus.


Cette fois Rosa se lance à l'assaut du Kremlin, elle obtient un rendez-vous avec le bon père du peuple, de sa bouche émergent, deux phrases ubuesques : "Des talmudistes, des ergoteurs, des joueurs nés, dit-il". "Les juifs vous êtes un peuple rusé, le jeu, vous avez ça dans le sang". Puis il se mit à rire, "vous êtes une femme futée et courageuse, Rosa Abramovna. Vous me plaisez."page 369.

Ainsi, pour toutes les raisons imaginables, et inimaginable, aucun des membres de la famille de Rosa, n'a pu se soustraire à une arrestation, ou à un emprisonnement, ou pire à la mort.


Malédiction, peut-être, car être née dans le village de Vitchi, en 1907, c'est être biélorusse. "C'était l'époque où les arbres pointaient encore vers le ciel". Moyshe fut le premier à m'apprendre que le monde tel que nous le connaissions allait bientôt disparaître. "Nous nous sentions en sécurité au village aussi longtemps que nos voisins nous laissaient en paix comme nous ils marchaient pieds nus parler aussi bien le yiddish que nous le biélorusse".
Mais le village, proche de la frontière allait voir se succéder, russes, allemands, russes, allemands, russes...

Portrait d'une femme, le portrait de Rosa, une femme confrontée en permanence à son identité juive, qui selon, les hauts de coeur de l'histoire, frôle soit la vie, soit la mort. Oui quel étrange mémoire, d'avoir gardé cette fibre familiale, la seule qui mérite d'être entretenue, sauvegardée. Quelles doses de courage et d'humour faut-il cultiver, pour ne pas sombrer quand on perd des enfants, que l'on vous a confié, que la victoire est amère quand elle apprend qu'un de ces enfants a été sauvé alors que ses parents et toute sa famille ont disparu.

Livre bouleversant qui ne tombe pas dans le sentimentalisme, qui exprime crûment comment des êtres singuliers ont été pris en otage parce qu'il fallait trouver des boucs émissaires. Livre totalement kafkaïen, car il n'y a aucune logique à percevoir dans la communauté juive des hommes et des femmes rusées, filous, et de chercher à les honorer à travers un prix d'une haute valeur. Absurde ! Bien sûr !
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Après avoir découvert Vladimir Vertlib avec son dernier roman, Zèbre dans la guerre, lors de la Masse Critique fiction, ma curiosité était attisée. Je me suis lancée dans ce roman bien plus ample et ambitieux, dont le publication originale est déjà ancienne (2001), mais traduit en 2016 seulement en français grâce aux éditions Métaillié.

Je suis un peu triste de n'avoir pas entendu parler avant de cet auteur, il me semble qu'il n'a pas le succès qu'il mériterait. J'ai l'impression que le public français n'est pas facilement perméable aux thèmes des romans russes. Si ce roman a été écrit en autrichien, langue de l'auteur dont les parents ont émigré de Russie dans les années 70, il traite effectivement de la vie en Union soviétique, et plus spécialement des situations qu'ont subies les juifs entre pogroms du temps des tsars, occupations diverses, exécutions dans le cadre de la solution finale, persécutions arbitraires...

Des sujets pas forcément très bien connus par les français avouons le, même si avec le conflit russo ukrainien certaines thématiques ont pu être mises sur le devant de la scène. Difficile dans notre pays marqué de longue date par l'emprise du communisme sur les journalistes et intellectuels de réaliser l'ampleur l'antisémitisme du stalinisme et des persécutions contre les juifs.
Ou tout simplement d'être informé des faits historiques concernant les exécutions de juifs durant la seconde guerre mondiale. La shoah a aussi eu lieu, massivement, sur le sol de l'Union soviétique, et si les exécutions n'étaient pas le fait des citoyens soviétiques, ils ont pu en être complices, voir auxiliaires ou simplement soutiens.

Le lecteur accompagne donc une vie de tribulations à travers les évènements terribles relatés par Rosa Abramovna, vieille dame juive née en Biélorussie, ayant vécu sa vie à Leningrad puis St Petersbourg, et dorénavant immigrée dans une bourgade allemande. Vieille dame qui ne manque pas d'humour et de malice... et l'auteur non plus, ce qui rend la lecture plaisante et parfois franchement drôle, malgré la teneur hautement dramatique des faits.

J'ai particulièrement apprécié l'astuce littéraire inventée par Vladimir Vertlib pour offrir un cadre à son récit, en traçant au passage une satire du bien pensantisme occidental. Rosa déballe effectivement ses souvenirs à l'occasion d'un concours organisé par la ville, qu'elle espère bien remporter. Cadre qui permet d'introduire le doute sur l'affabulation de Rosa sur certains épisodes. Mais le récit prouve aussi au lecteur que l'héroïne, en bonne mère juive, ne recule devant rien pour son Kostik!
Car l'enjeu c'est un prix, une grosse somme d'argent qui permettrait à Rosa de réaliser le rêve de son fils : voir Aix en Provence, en vrai. Vont ils voir Aix ??

Le thème du face à face avec le dictateur qui fait basculer un destin est un topos des récits qui abordent les régimes autoritaires. Pour être attendue, acmé du roman, la rencontre de Rosa avec Staline telle que Vertlib l'invente est vraiment originale.
La plume de l'auteur est volontiers poétique, tragique, satirique, volontiers philosophique. Mais le tout avec une drôlerie fidèle à l'idée que l'on a de l'humour juif: face aux persécutions, le rire n'est pas le moindre des soutiens.
La forme est également mouvante, passant de narration au passé, au présent, parfois épistolaire, Rosa entretenant un dialogue outre tombe avec sa meilleure amie, décédée pendant le siège de Leningrad.

J'ai vraiment été enthousiasmée par ce roman, très différent de Zèbre dans la guerre, même si l'auteur y tire le même fil, du passé au présent... J'espère que d'autres oeuvres de Vertlib seront traduites, je lirai avec plaisir le 3eme roman actuellement publié toujours chez Métaillié, Lucia et l'âme russe.
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Nous sommes au crépuscule du XXème siècle et la ville allemande totalement fictive de Gigricht fête le 750ème anniversaire de sa naissance. À cette occasion, elle prévoit l'édition d'un livre-anniversaire montrant la bonne intégration des étrangers en Allemagne. À la clef, et pour ceux qui seront retenus pour ce projet intitulé « Étrange patrie, une patrie à l'étranger », une prime de 5000 marks. Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes qui, après la chute du Mur de Berlin, ont pu demander asile à l'Allemagne : « son pays s'est déclaré prêt à laisser entrer un contingent restreint de Juifs russes, mais seulement ceux dont l'origine juive est irrécusable ». Un comble tout de même pour un pays qui entre 1933 et 1945 n'a pas eu de mal à prouver l'identité de nombreux Juifs qu'il a menés à l'anéantissement. Culpabilité ? C'est vraisemblable... Difficile de prouver son origine lorsque tout a été confisqué ou a brûlé et que l'on n'a définitivement plus rien !. Mais il en faut plus pour décourager Rosa Masur ! C'est une maligne qui sait à qui s'adresser pour obtenir de vrais  faux papiers! de toute façon, si elle n'avait pas été maligne, elle n'aurait pas atteint les 91 ans dans les espaces géographique et historique dans lesquels elle a vécu... Moyennant finance, Rosa reçoit la fausse preuve de sa pourtant véritable identité juive et ainsi l'autorisation de résider en Allemagne avec son fils Kostik, sa belle fille Frieda et son petit fils Sacha. Pour toucher la prime de 5000 marks, elle va devoir raconter son histoire, celle d'une femme juive qui a traversé la quasi-totalité du XXème siècle. Et quelle histoire passionnante ! Rosa Masur est née vers 1910 à Vitchi, petit shtetl de Bielorussie, où cohabitent tant bien que mal Juifs et Gentils. Sa mère a déjà deux enfants lorsqu'elle se remarie avec son père qui ne partage pas son désir d'émigrer au Canada. Comme lui dit son grand-père : « Personne ne sait ce qui vous attend en Amérique. Nous vivons dans ce coin depuis des siècles, nous y serons encore dans cent ans, à moins que d'ici là le Messie ne nous ait délivrés de tous les maux ». le grand-père de Rosa ne s'est pas avéré un esprit très clairvoyant…. La famille ne part donc pas ! Dans cette société juive traditionnelle où l'éducation des garçons prime sur celle des filles, le chemin de la petite Rosa croise celui d'un personnage très atypique : Reb Jacob Weiss, melamed. Dans le Yiddishland d'avant-guerre, le melamed dispense traditionnellement au Heder, l'école primaire juive de garçons, les rudiments de judaïsme et d'hébreu. Mais Jacob Weiss veut à tout prix enseigner aux filles et même si la communauté le prend pour un meshugge (un fou), elle finit par accepter. le melamed communique à Rosa un amour des livres qui ne la quittera jamais.
La communauté juive d'Europe, en particulier celle de l'est, a vécu un vingtième siècle particulièrement tourmenté et tragique et Rosa s'avère en être un témoin sûr et loquace. le communisme du début du vingtième siècle était pourtant prometteur : l'Union soviétique prévoyait d'abolir les frontières entre les états socialistes, de briser les chaînes du prolétariat, d'anéantir le capitalisme et de traiter tous les peuples sur un pied d'égalité « Plus de pogroms, ni marchands ambulants, ni rabbis miraculeux, ni Luftmenschen (…) juste des ouvriers » déclare avec convivtion l'enthousiaste frère de Rosa à un interlocuteur sceptique ! Mais l'Union soviétique prend rapidement ses distances par rapport à ces belles idées. L'antisémitisme reste la toile de fond du régime. Kostik, le fils de Rosa, brillant étudiant dans le domaine scientifique, se voit refuser l'entrée de plusieurs écoles supérieures prestigieuses aux examens desquelles il a pourtant obtenu les meilleurs résultats. Les traditions sont tenaces et les Juifs continuent d'être considérés, entre autres, comme les principaux agents du capitalisme et comme le peuple déicide d'autre part! Les Juifs ont l'obligation de combattre dans les rangs de l'armée lors des deux conflits mondiaux mais Rosa n'obtient pas l'autorisation d'ériger un monument à la mémoire des Juifs de Vitchi, dont ses parents, dénoncés par des habitants « bien intentionnés » du shtetl et fusillés par les nazis. La fin de la Seconde guerre mondiale est hélas bien loin d'avoir mis un terme à cela : « Tu ne sais pas qu'il y a eu des pogroms après la guerre, que les soldats juifs qui reviennent du front sont accueillis par des slogans nazis et que les autorités font mine de ne pas les voir et que l'on dit des Juifs que c'étaient des tire-au-flanc et des lâches pendant la guerre ? » lui dit son cousin Isaak. Par ailleurs, il faut aussi se méfier des voisins car bien qu'elle soit juive, il arrive aussi à Rosa d'être soupçonnée d'avoir des sympathies nazies. En effet, elle est traductrice de l'allemand vers le russe et le fait de posséder un ouvrage en langue allemande peut être interprété comme de la propagande fasciste !
le siège de Léningrad imposé pendant 900 jours par la Wehrmacht est aussi l'occasion pour les peuples de se dresser les uns contre les autres. La faim, particulièrement éprouvante y provoque une déshumanisation et des actes peu communs : Rosa et ses enfants sont contraints de manger leur chat Mourka et des enfants sont parfois enlevés pour être mangés… Pourtant Rosa continue malgré tout de croire à la bienveillance du communisme comme elle continue longtemps de croire que les atrocités commises par les nazis contre les Juifs ne sont que pure invention.
L'invraisemblable rencontre de Rosa avec le camarade Staline en vue de résoudre le problème des études de Kostik est dans la pure tradition du conte yiddish ! Vraisemblance et invraisemblance s'y cotoyent. Habile ré-imagination d'une vieille histoire ! Humour juif ! Totalement absurde mais très efficace!Vladimir Vertlib est né en 1966 en URSS de parents juifs et vit désormais en Autriche. Il est probable qu'il ait trouvé inspiration dans l'histoire de sa propre famille pour écrire l'immense page de vie de Rosa. Un livre passionnant du début jusqu'à la fin ! Très belle lecture !




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Dans une petite localité allemande imaginée par l'auteur, Girgricht, la mairie décide de faire éditer, pour le 750 ème anniversaire de la naissance de la petite ville, un livre montrant la bonne intégration des étrangers.
Un curriculum vitae est demandé à un représentant de chacune des communautés installées à Girgricht.
Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes.
Une indemnité journalière de 50 marks est prévue et, après l'édition du livre, une prime de 5000 marks.
Il s'agit de marks car l'action se déroule dans les années quatre-vingt-dix.
Notre héroïne, Rosa Masur, Juive russe nonagénaire, se porte candidate. Son but ? Gagner ce prix afin d'offrir à son fils, Kostik, le voyage à Aix-en-Provence qu'il rêve d'accomplir depuis des années.
Le récit de Rosa Masur commence dans un village de Biélorussie en 1907, à la fin du régime tsariste et au début de la Révolution d'Octobre.
Après l'enthousiasme au début de l'ère soviétique, ce sont tous ses travers qui sont traités avec humour.
Puis c'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie et l'éprouvant siège de Leningrad.
Dans les années qui suivent la fin de la guerre et jusqu'à la mort de Staline, ce sont les persécutions antisémites des autorités soviétiques (quotas d'étudiants juifs dans les universités, l'affaire des "assassins en blouse blanche")
Tout le cynisme de la bureaucratie soviétique nous est montré.

Ce livre de Vladimir Vertlib est plein de sensibilité.
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J'ai lu ce livre dans le cadre de Masse Critique, . Et je remercie les Editions Métailié et Babelio de me l'avoir envoyé.
Car j'ai adoré! C'est un vrai bijou, un régal.

Rosa Masur, vieille Juive russe de 92 ans, raconte son histoire à un préposé d'une petite ville Allemande, Gigricht, qui, pour fêter ses 750 ans, offre 5000 marks à ceux qui ont quelque chose d'intéressant à raconter.

Rosa Masur et sa famille ont traversé tout le XXème siècle, ses guerres, le nazisme, la montée de Staline, la famine, la misère, l'antisémitisme.
Rosa raconte son histoire, depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui, le tout sur un fond historique réel. Les épisodes les plus dramatiques sont décrits avec pudeur. L'humour est présent à tout moment. Ce roman soulève un voile sur l'histoire de la Russie, de façon délicate, tout en montrant les atrocités et injustices.

J'ai eu du mal à accrocher pendant les 2 ou 3 premiers chapitres (sans doute à cause des noms russes, des noms de villes inconnus pour moi), et ensuite, au fur et à mesure que je lisais, je me suis retrouvée happée par ce livre formidable. J'ai souri de certaines situations comiques, j'ai enragé de certaines autres. J'en suis sortie admirative pour cette femme courageuse, instruite par l'histoire des juifs dans cette partie du monde, enchantée par le style simple et fluide de l'auteur Vladimir Vertlib (et de la traductrice Carole Fily, ne l'oublions pas).

Je vous le conseille vivement.
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Quels secrets peuvent bien nous cacher 92 ans de mémoire ? Cette question, je me la suis souvent posée en plongeant dans les yeux de ma grand-mère. A quoi pense-t-elle ? me suis-je souvent demandée. A son air absent, j'ai souvent cherché des raisons. Dans quelle partie de sa mémoire est-elle partie fouiner ? Qu'a-t-elle vue que je ne saurais connaître ? Face à tant d'inconnues, on se sent tout petit. Mes grands-parents sont nés en 1920 et pourtant, en lisant le récit de la vie de Rosa Masur, j'ai eu l'impression de lever le voile sur une partie de ma propre histoire familiale. Car autant se le dire, quand on a vécu près d'un siècle, on en aurait des choses à raconter.

Le livre débute au milieu des années 90, dans un appartement communautaire de Leningrad. Alors que la politique du rideau de fer a définitivement tiré sa révérence, on s'attend à ce que le renouveau fasse place nette sur de soixante-dix de communisme. Mais c'est bien la misère humaine qui nous attend à la porte de cette cuisine partagée. Prostitution, pauvreté, alcoolisme : la vie en ex-URSS offre bien peu de perspectives.

Voici le début d'un récit qui nous entraîne dans un flash-back historique balayant un siècle brinquebalant, porté par deux guerres mondiales et des combats idéologiques traduits en véritable chaos politiques. Rosa Masur est une femme courageuse : enfant juive pendant les pogroms biélorusses, elle devient une jeune femme passionnée par l'ère nouvelle de la lutte des classes. Communiste convaincue, elle se bat corps et âme pour ériger l'égalité. Rosa rencontre la haine, le racisme, la faim, le froid, le cannibalisme, les bombes, mais en toutes autres luttes de pouvoir, l'histoire de Rosa Masur est surtout celle de l'amour indéfectible d'une mère qui fait tout pour protéger ses enfants.

Pour résumer…

Comment pourrait-on rester insensible à cette épopée qui prend un sens tout particulier lorsqu'on prend connaissance du parcours de l'auteur. Né en 1966 à Leningrad, Vladimir Vertlib est à l'image de Rosa : un évadé.

Un seul regret toutefois : L'étrange mémoire de Rosa Masur se concentre sur les années de guerre et sur les heures sombres du socialisme mais gâche un peu la fin de vie du personnage principal. Les derniers chapitres sont centrés sur la déchéance physique de cette femme qui a tant vécu. Un parti pris un peu triste…

Ma note…

17/20
Lien : http://www.mallysbooks.com/2..
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Le récit d'une vieille dame juive qui a connu deux guerres, les occupations des allemands, des bolcheviques, des polonais, les pogroms, mais qui sait rester drôle malgré les horreurs qu'elle a vécues. La rencontre avec Staline est sans aucun doute le passage le plus savoureux. L'auteur fait revivre avec pudeur le quotidien de la communauté juive, les brimades, les persécutions jusqu'au terrible siège de Leningrad durant l'hiver glacial de 1941 où Rosa "dut brûler sa bibliothèque et ses livres pour se chauffer, ce fut comme si elle brûlait une partie d'elle-même". Même si le début du livre semble un peu long, le lecteur se laisse vite emporter par le témoignage rempli d'anecdotes de cette femme à la volonté farouche de survivre.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Premier roman de Vladimir Vertlib à paraître en français, L'étrange mémoire de Rosa Masur peut déjà s'enorgueillir de deux prix littéraires, reçus lors de sa parution en langue allemande en 2001 : le prix Anton Wildgans, remis à de jeunes auteurs de nationalité autrichienne, et le prix Adelbert von Chamisso, qui distingue une oeuvre publiée et écrite en allemand par des écrivains dont ce n'est pas la langue maternelle. Né en 1966 à Leningrad (redevenue en 1991 Saint-Pétersbourg), Vladimir Vertlib est à l'image des personnages qu'il met en scène : un migrant. Immigrant à l'âge de cinq ans en Israël avec ses parents, pour s'installer en Autriche, en passant par un court séjour en Italie, l'auteur n'acquiert la nationalité autrichienne qu'en 1986. Cette expérience, il l'intégrera dans ses romans et notamment dans L'étrange mémoire de Rosa Masur, publié par les éditions Métailié.

Nous voici en Allemagne, dans une petite ville imaginaire du nom de Gigricht qui s'apprête à célébrer le 752e anniversaire de sa fondation. Pour l'occasion, les organisateurs décident de mettre en avant les étrangers de la ville en publiant un ouvrage retraçant leurs histoires avec, à la clef, une récompense de 5000 marks. C'est alors que Rosa Masur, une vieille femme de 90ans, une Juive émigrée russe décide de raconter son histoire et, avec humour et une imagination affûtée, décide de livrer l'anecdote la plus incroyable, en commençant… par le début et son enfance dans un village de la Biélorussie, bien avant la Révolution.
Lien : http://unepauselitteraire.co..
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Remarquable récit d'une femme qui traverse les turbulences de la Russie du 20ème siècle, depuis sa ville natale de Leningrad. jusqu'à l'Allemagne réunifiée.Humour, courage à toute épreuve, lucidité d'une communiste sincère qui a rencontré personnellement le Petit Père des Peuples.
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