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Critique de dourvach


Pour "Les Oiseaux" ["Fuglane", 1957], Mattis et Hege sont bien un "couple" (frère/soeur) indissociable (*) mais c'est le seul point de vue (et mode de pensée) de Mattis le "simple d'esprit" — dit "Mattis La Houppette " — qui sera donné en partage par le discret Tarjei VESAAS (1897-1970), auteur discret dont on avait déjà révéré "Le Germe" ["Kimen", 1940] (âpre et violent roman symboliste laissant deviner l'entrée dans la nuit de la guerre pour la Norvège rurale), "Le Vent du Nord" ["Vindane", 1952] (un recueil d'une quinzaine de nouvelles déchirantes, fréquemment réédité) et bien sûr le justement célèbre diamant noir que demeurera son "Palais de Glace" ["Is-Slottet", 1963] pour l'éternité... Je sais cependant que je m'émerveillerai encore de découvrir l'également troublant — et poétique — "Les Ponts" ["Bruene", 1966], situé comme le fameux "Palais" en cette étrange lisière séparant le monde des morts et celui des vivants... mais que je ferai lâchement l'impasse sur "La barque le soir" ["Båten om Kvelden", 1968], un écrit tardif d'inspiration autobiographique (que je trouve, moi très humble plouc, à peu près illisible)...

Mattis décourage : il ne sait pas bosser correctement... plus de quinze minutes lui est difficile... pourtant il veut bien faire ! Il est à la charge de Hege, sa soeur qui le fait vivre de ses travaux acharnés d'aiguilles à tricoter... et il n'en peut plus de se sentir inutile et "à charge" de quelqu'un... le coeur de Mattis est universel.

L'écriture y est sourdement poétique ; les "petits détails vrais" fourmillent (comme chez Simenon) ; bref, on est dans le Grand Art... mais depuis 2011 sylvie, lilicrapota, falachan, myriampele, Loutre_des_Rivieres, VanessaK, VanessaV, Liligalipette, GrandGousierGuerin (soit les neuf amis Babéliotes nous ayant précédé dans le champ électromagnétique de nos attractions tarjeivesaasiennes... ) vous l'expliqueront bien mieux que moi... et avec infiniment plus d'arguments ! Evidemment, c'est un livre impressionniste qui dépasse largement cette pensée née du spectacle d'une passée de bécasses au-dessus de la maison : "C'est beau, la Norvège, le soir"...

Mettez donc de côté un temps vos Lydie Vargas, vos Fred Salvayre, vos Yasmina Despentes, vos Virginie Khadra, vos Michel Foenkinos, vos David Houellebecq (etc. etc.) : tous ces machins à peu près écrits comme l'as de pique... Substituez-leur un moment la découverte des oeuvres — et de la poétique unique — de Tarjei VESAAS "l'oublié"...

(*) Au fil de notre lecture — repensant beaucoup à l'exceptionnel film de Fredi M. Mürer (suisse de langue germanique) : "L'âme soeur"... Présence du "Fatum" dans tous les recoins brumeux d'une ferme d'alpage isolée ou d'une humble maisonnette sur le rivage d'un fjord...
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