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Régis Boyer (Traducteur)
EAN : 9782714308009
194 pages
José Corti (29/12/2002)
4.3/5   25 notes
Résumé :

Romancier, nouvelliste et poète norvégien, né le 20 août 1897 à Vinjem et mort le 15 mars 1970 à Oslo, Tarjei Vesaas, fils de paysan, hésita longtemps entre le métier de son père et l’écriture. Il écrit (en néo-norvégien (nynorsk), langue autrefois connue sous le nom de « langue rurale ») dès les années vingt mais n’atteindra une notoriété nationale et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
[Extrait du blog Fils de lectures que je tiens]
Voilà des semaines que je me dis qu'il faut absolument que je parle de Tarjei Vesaas (1897-1970) sur ce blog. Pourquoi? Tout simplement parce cet auteur norvégien est une sorte de géant de la littérature. Un grand, un très grand. Un auteur dont les livres peuvent hanter leurs lecteurs après des années. Et puis voilà que le metteur en scène Claude Régy a repris sa mise en scène de la barque le soir au théâtre 104 à Paris (créé l'année dernière) et que France Culture s'en fait le relais (voir le lien ci-après). C'est donc le moment ou jamais (même si le spectacle ne se joue plus).

La lecture d'un livre de Vesaas est une expérience qui sort un peu de l'ordinaire; On y est en effet embarqué dans un monde où le rêve, qui peut aussi être cauchemar, est à tout moment présent. Un rêve qui peut avoir la présence d'un réel plus réel que le réel. Ou plutôt, plus réelle que la réalité, celle dans laquelle nous vivons. Il y a là quelque chose qui ressemble fort à ce que le psychanalyste anglais D.W. Winnicott appelait fantasying, cette rêverie ou ce fantasme qui nous prend entre veille et sommeil, qui oscille entre ce que le monde nous donne à voir et ce que notre imaginaire va chercher on ne sait où. Des images et des impressions qui s'ancrent au plus profond de nous et qui sont comme un rêve étrange et pénétrant, à la fois insolite et pourtant vaguement familier. Des images qui viennent habiter en nous comme si elles y avaient toujours été attendues, même si on ne les comprend pas toujours. Même si souvent on ne les comprend pas.

Une voix, une barque et un fleuve. le mouvement du courant entre les rives. Voilà ouvert les écluses de la parole.

Il y a du mouvement, de la vie dans la barque. Se forment des rangées d'images.
La barque avance avec un courage que nul ne comprend.
Ceux qui restent à terre entrevoient sa course parmi les silhouettes.
Beaucoup d'inattendu s'y mêle. Ce ne sont pas des nouveautés non plus, elles ont déjà été là.

Il y a la neige dans laquelle on enfonce et l'homme qui mène son cheval, puissant. le cheval, l'homme et l'enfant ouvre le chemin dans la neige épaisse qui continue de tomber.

L'homme dans la barque tombe, s'accroche à elle. le courant les entraîne et la vie continue de tourner, les souvenirs de revenir, les chiens font entendre leurs voix. Les odeurs aussi reviennent; Celle de la pluie sur une peau chauffée par le soleil, couverte d'une mince chemise; La jeune fille et la montagne, chauffée par le soleil. Les images s'enchaînent avec leur sensation, odeurs et sons, alors que le courant l'emmène toujours plus loin.

En se perdant dans le courant, à la frontière de deux monde, l'homme retrouve tout ce qui a fait sa vie; Ce qui la fait encore.

On peut être envoûté ou dérouté par cette écriture qui semble exiger du lecteur des choses inhabituelles, comme un long poème dont on perd parfois le fil.

Les choses sont pourtant simples. Simples si on les accepte. L'auteur nous souffle vers la fin de son récit ce qui pourrait être une clé pour pénétrer cette écriture.

Ne pas comprendre, mais être à proximité de ce qui se passe.

Il reste à accepter de ne pas comprendre, pas tout ni toujours. le voyage auquel nous convie alors Tarjei Vesaas, il se pourrait que vous ne parveniez pas à vous en détacher si facilement
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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J'ai fait l'erreur avec cet ouvrage de vouloir le lire comme j'avais lu "les oiseaux" ou "palais de glace".

Il se trouve que ce n'est pas un roman. Cela ressemblerait plutôt à de la poésie, avec des chapitres distincts qui n'ont pas de liens entre eux (hormis dans les thèmes abordés).

Le style est profondément "vesaatien" si j'ose dire, on y retrouve tous les élèments du genre : la voix intérieure qui parle sans qu'on sache si c'est le "je" qui s'exprime ou autre chose, venu d'une partie universelle, de la nature. Il y a aussi cette notion de "fatum", de destin, de "ce qui doit être".

On sent qu'il y a beaucoup à "piocher" dans cet ouvrage : c'est le genre de livres qui peut être relu indéfiniment et nous apporter quelque chose à chaque âge... un livre de chevet en somme, à ouvrir dès que le moment se présente ;-)
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Au fil des saisons, divers personnages évoluent dans la nature norvégienne. « Forêt aveugle – sans limite – parce que l'horizon aujourd'hui a disparu dans le doux temps de neige mêlé de brouillard. » (p. 10) le père et son fils tracent un chemin dans la neige, derrière le cheval qui souffle et répète son chant intérieur. Un homme couché dans le marais observe la danse des grues. « Elles sont nées farouches. La tête plus haute que jamais. » (p. 30) Par une nuit de neige, une jeune fille attend un homme qui ne viendra pas. Dans le courant, un homme agrippé à un tronc dérive au son des aboiements d'un chien. La fuite des jours n'en finit pas, et bien fou serait celui qui voudrait l'entraver.

Fallait-il vraiment que cela arrive ? J'ai abandonné ce texte de Tarjei Vesaas, auteur que j'apprécie pourtant immensément. Ce roman est son ultime texte. Entre poème et autobiographie, la préface ne tranche pas. le symbolisme déborde de chaque page, nourri du même lyrisme naturaliste qui porte toute l'oeuvre de l'auteur. « Il est juste de marcher ici, mais on est tellement en peine de savoir pourquoi on le fait. Est-ce que je rêve cela ? Est-ce que je ne suis pas là, à marcher ? » (p. 23) Tout cela est très beau, mais hélas impénétrable pour moi, inaccessible comme un code que je ne sais pas déchiffrer. Par chance, il me reste d'autres titres de l'auteur à découvrir.
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En découvrant ce livre, on n'a pas l'impression de vraiment lire un texte, mais plutôt d'accompagner un auteur qui vous transmet des sensations difficiles à décrire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
D'une caresse, l'homme écarte prudemment du pied du cheval la neige ensanglantée. Il y a une longue estafilade rouge juste au-dessus du sabot. C'est le fer luisant et acéré de l'autre pied qui a causé la blessure. Blessure de son propre fer. De l'eau de neige fondue, sale, ruisselle le long du pied et traverse la blessure.
Terriblement douloureux.
Le cheval baisse la tête comme s'il rêvait. Lève le pied. Se penche davantage... Est avec l'homme. Est avec l'homme pour le bien et le mal.
S'est remis à l'homme.
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Le coeur est fendu en deux et ne sait ce qu'il veut.
La barque doit aller pour lui - jour ou nuit ne sont qu'un rideau changeant à traverser. Avancer d'un courage farouche. Pas à cause des hommes. A cause d'énigmes embarrassantes. Le coeur est fendu en deux en grand secret.
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L’air était plein de flocons de neige, mais cela ne faisait rien. C’était comme il fallait, c’était une belle soirée.
Il y avait un groupe de maisons, sans que l’on pût appeler cela une ville. Les maisons s’étaient installées peu à peu, sans plan d’ensemble, aussi y avait-il toutes sortes de recoins inattendus et de passages.
Une tempête de neige balayait tout cela. Dans les recoins étroits, les tas de neige douce rencontraient la forte lumière des réverbères. Cela faisait pour ainsi dire une blancheur plus blanche que le blanc.
De la sorte, la neige déferlait constamment dans les recoins. Il n’y avait pas une seule trace de pas sous cet éclairage. Les gens étaient chez eux.
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« Forêt aveugle – sans limite – parce que l’horizon aujourd’hui a disparu dans le doux temps de neige mêlé de brouillard. » (p. 10)
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« Il est juste de marcher ici, mais on est tellement en peine de savoir pourquoi on le fait. Est-ce que je rêve cela ? Est-ce que je ne suis pas là, à marcher ? » (p. 23)
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Videos de Tarjei Vesaas (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tarjei Vesaas
« […] Liv ved straumen parut à l'automne 1970 […] quelques mois après la mort de son auteur […].
« […] par-delà ce qui se dit, en résonance, jusque dans l'espace de ce qui ne se dit pas ou bien de ce qui n'est pas dit […] ; là, semble-t-it, se joue l'un des aspects les plus marquants de l'oeuvre de Tarjei Vesaas […]. » (Olivier Gallon)
« Romancier, nouvelliste et poète norvégien, Tarjei Vesaas (1897-1970), fils de paysan, hésite longtemps entre le métier de son père et l'écriture. Il écrit en néonorvégien (nynorsk) et atteint une notoriété nationale et européenne en 1934 avec le Grand Jeu. Il publie deux grands romans après la guerre : Les Oiseaux et le Palais de glace. » (Yvon le Men)
« […]
[…] Ma maison est un tumulte insensé, de miroirs et de portes, et c'est ainsi qu'elle restera. »
(Tarjei Vesaas, de la vie dans ma maison)
0:00 - 1er extrait 0:36 - du perron 1:11 - le voyage 1:49 - le chemin 2:11 - La graine semée à l'aveugle 2:34 - Par de sombres défilés 3:13 - Générique
Référence bibliographique : Tarjei Vesaas, Vie auprès du courant, Traduction de Céline Romand-Monnier, Éditions La Barque, 2016
Image d'illustration : https://snl.no/Tarjei_Vesaas
Bande sonore originale : REW - Swimming With Kawatora Swimming With Kawatora by REW is licensed under an Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 United States License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/REW_1123/Swimming_with_Kawatora/Swimming_With_Kawatora_1254
#TarjeiVesaas #VieAuprèsDuCourant #PoésieNorvégienne
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