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Critique de Totophe17


Je ne connaissais pas le conte original de Tolstoï et n'avait jamais croisé les productions de Martin Veyron au cours de mes lectures.

L'action se déroule en Russie à la fin du XIXème siècle dans un petit village de paysan. Un homme vit, avec sa famille, de son travail dans sa petite ferme et se contente de cette situation où il estime qu'il a assez pour vivre. Son beau-frère, installé à la ville, l'incite à s'agrandir à prendre plus de terre, pour avoir plus de bêtes et donc plus de revenus. le paysan n'est pas du tout convaincu par ce discours.

À cette époque les paysans dépendent de grands propriétaires terriens et il y a parfois des arrangements avec la règle et la loi. Mais la donne va changer quand le fils de la propriétaire des terres décident de reprendre les choses en main et nomme un régisseur pour s'occuper des propriétés de la famille et veiller à ce que les règles soient respecter. Plus question de faire paître ses bêtes sur les terres seigneuriales, plus question de servir dans les vergers.

Le régisseur va veiller au grain et les contrevenants devront payer une amende ou subir la bastonnade. Les conditions de vie se dégradent et entraînent une sourde colère des paysans. Les tensions vont devenir de plus en plus fortes.

Face à ce qu'ils considèrent comme une injustice, ayant appris que le futur propriétaire du domaine serait le régisseur, les paysans se fédèrent et décident d'acheter collectivement ce domaine. Mais tout ne sera pas simple ...

Tolstoï nous entraîne dans les méandres de la réflexion humaine mais aussi dans sa complexité et la difficulté à faire front en semble. les paysans ont l'opportunité d'agir ensemble, de s'émanciper et de travailler collectivement. Si tout le monde est d'accord pour le rachat, c'est une autre paire de manches pour la gestion collective, pour réussir à se mettre d'accord pour les objectifs à tenir et les règles qu'il faut s'imposer. Liberté ne veut pas dire anarchie.

L'auteur nous immisce dans les affres de l'appât du gain, du toujours plus, du toujours mieux au détriment de l'existant. Notre brave paysan va entrer dans cette spirale : toujours plus de terre, toujours plus de personnes à faire travailler, toujours plus d'appât du gain. Il nous montre, en oubliant les valeurs essentielles de solidarité voire d'humanité, comment on peut se couper des autres paysans et même de sa famille.

Notre paysan va consacrer sa vie à agrandir encore et encore son exploitation, n'ayant plus que cet objectif dans la vie. C'est le mirage d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Mais si dans "L'alchimiste" de Paulo Coelho, le héros ouvrira les yeux et saura revenir à l'essentiel et ce qu'il avait sous les yeux, notre paysan sera victime de sa drôle de quête.

Très belle réflexion sur la condition humaine en général et la condition paysanne en particulier. Il ne faut jamais oublier que nous ne sommes que de passage sur la Terre et que nous n'emporterons pas nos possessions, nos richesses lors de notre ultime départ. J'ai adoré la conclusion que je vous laisse découvrir.

Une rencontre avec un livre, c'est une rencontre avec des idées, avec une histoire, avec des personnages mais c'est aussi une rencontre avec un objet.J'ai beaucoup aimé le format proposé et la qualité du papier, très différent de ce qui est proposé généralement.

J'ai beaucoup apprécié le travail graphique de Martin Veyron et son choix des couleurs. On a un peu l'impression de tenir entre ses mains un livre ancien, comme au premier temps de la BD. La variété de la dimension des case, leurs alternance de forme, le fait de ne pas les cerner de noir (si ce n'est parfois grâce aux phylactères), donnent une impression de liberté et d'ouverture.

Ce fut une lecture apaisante avec une dimension de conte philosophique me rappelant "L'alchimiste", "Zadig"... Très belle découverte aussi du travail de Martin Veyron.
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