Avec le temps, oui, tout revient, on lui avait dit - il fallait le croire.
Une femme c'est toujours de sa faute, une femme ça obéit, ça se courbe et ça se tait.
Ce Rousseau me sort pas les yeux. Je pense à Mariette, à toutes les femmes qui meurent de n'exister, toujours, que par rapport aux hommes.
- "Leur plaire, leur être utiles...", quel destin exaltant ! Merci Jean-Jacques, franchement.
- SA ferme, SON vin, SES outils, SON cochon, SA fille, SA femme. Et tout cela est à lui, alors? Il l'a achetée, cette femme, c'est ça?
- Oh, Ange, tu joues sur les mots.
- C'est important les mots. Je rêve d'un monde où les femmes ne sont pas la propriété de leurs maris.
Une petite fille est née et porte presque mon nom.
Ce soir, je n'ai pas besoin de m'inventer une maman, des souvenirs. Je commence à fabriquer les miens.
Tu mens pour rendre le présent vivable.
C'est âpre, une naissance. Et beau. Ça se murmure et ça se hurle.
- C'est... C'est un baiser dangereux.
- Alors je veux ce danger, cette brûlure-là. Ange, je vous aime ; je n'aime rien d'autre. J'ai l'impression d'avoir trop bu, vous êtes partout, dans mes rêves, sur le plafond de ma chambre, dans chacun de mes pas, chacune de mes respirations.
Elle se sent vraiment seule dans cette immense maison où il n'y a plus personne pour s'inventer un monde.
Alors elle pense à Ange et sourit à nouveau.bien sûr qu'elle n'est pas seule. Elle a Ange, quelqu'un avec qui monter dans l'arbre pour trouver un abri. Pour regarder le monde de plus haut.