Sous ta peau, le feu

L'écriture de Séverine Vidal, comme toujours, est superbe. D'une fluidité, d'une rondeur savoureuses, et riche de sensations. Ce récit, c'est celui d'Ange. Depuis que sa mère est morte, elle vit seule avec son père, médecin de campagne qui lui apprend la médecine en cachette (discipline interdite aux femmes à l'époque). C'est ainsi qu'Ange, grimé en garçon, accompagne son père pour le seconder auprès de ses patients. Un jour, Ange rencontre Esmée, une jeune châtelaine de son âge, qui a perdu son père et tous ses frères et soeurs suite à l'épidémie de variole qui sévit en ce moment. Elle vit désormais seule, triste et recluse, dans sa grande demeure, avec sa mère… Et entre ces deux-là va naître un amour magnifique, démesuré, interdit.

Ce roman fort et beau, son univers, son ambiance et ses personnages m'ont marquée, pour longtemps.

L'une a perdu de nombreux membres de sa famille à cause de cette maudite variole et est prête à tout pour survivre à ce fléau. L'autre se fait passer pour un garçon pour suivre les pas de son père médecin et aider à lutter contre la maladie. Elles vont se rencontrer. Et s'aimer. Séverine Vidal fait partie de ces romancières au grand talent de conteuse qui, quelle que soit l'histoire, emporte son lecteur en quelques pages et déclenche une addiction de lecture. Dès les premiers chapitres, on ne peut que s'attacher à ces figures exceptionnelles, ces êtres de papier qui cassent les codes, luttent pour leur genre et leur amour et combattent à la fois la société et la maladie. le roman, court et intense, se dévore et marquera longuement les esprits et les coeurs.

Quelle beauté ce roman ! J'ai été soufflée par la plume de l'autrice et par la sensualité dégagée par les personnages.
Nous sommes en 1764, dans les environs de Bordeaux.
Ange accompagne dans ses visites son père médecin. Avide de savoirs, conscient des conditions de vie difficiles de la plupart des malades, Ange est confronté à la variole qui décime des populations entières. Il fait la connaissance d'Esmée qui est, avec sa mère la comtesse Isabeau, la seule survivante de sa famille. C'est le coup de foudre. En un regard le feu couvre sous la peau des deux jeunes gens. Vont-ils réussir à s'aimer malgré leurs classes sociales opposées ? Vont-ils survivre à la variole ? Et le lourd secret d'Ange ne va-t-il pas compliquer leur amour ?

J'ai aimé l'engagement de l'autrice (et des personnages) sur la condition féminine. J'ai aimé Esmée et Ange qui sont des êtres forts, fiers de leurs convictions et qui se moquent des conventions. Leur amour est lumineux et beau, il transcende la noirceur de la maladie et de la mort. le père d'Ange est également un personnage humain et généreux qui ne se laisse pas porter par les préjugés.

Thèmes : Médecine, maladie, place de la femme dans la société, homosexualité, amour

Séverine Vidal est connue pour la qualité de ses écrits, et une fois encore, elle nous propose un roman de grande qualité.
La couverture du livre tout comme le titre, illustrent très bien l'histoire.

Le récit nous plonge en 1764, en France, dans les environs de Bordeaux et en plein coeur de l'épidémie de variole. Cette maladie est connue pour avoir provoqué de grandes souffrances chez les personnes atteintes et pour avoir fait de nombreux morts.
A cette époque, la médecine est en pleins balbutiements et malheureusement, la société fait que les femmes ne sont pas autorisées à exercer le métier de médecin.
Pourtant, Ange Rouvray, fille du docteur du même nom, arrive à convaincre son père de l'accompagner pour apprendre le métier. Il accepte, mais celle-ci doit se déguiser en homme et faire preuve d'une grande discrétion.

Tout se passe bien jusqu'au jour où les médecins sont sollicités par Mme de Montagu. Après avoir perdu, à cause de la variole, son mari et trois de ses enfants, la comtesse souhaite faire inoculer sa fille Esmée.
Elle ne se doutera pas de la flamme qui va naître entre Esmée et « le jeune apprenti médecin ».

Au cours de l'histoire, l'auteure revient sur plusieurs sujets qui sont toujours d'actualité comme l'image que peut avoir l'homosexualité ou la place de la femme dans la société (l'une des patientes est battue par son mari et dit s'être bêtement cogné, une autre aide à nouveau aux champs seulement quinze jours après avoir accouché, l'interdiction d'avoir accès à la connaissance est un écho à ce qui se passe actuellement en Afghanistan…).

L'écriture est fluide et les chapitres sont assez courts, ce qui facilite la lecture et amène une certaine dynamique.
J'ai apprécié les passages dédiés aux informations scientifiques concernant la variole. Cela nous permet d'en apprendre plus sur cette terrible maladie qui a fait de gros dégâts au XVIIIème siècle.

Une belle découverte que je recommande.

Je suis passée à côté de ce roman l'été dernier, mais qu'importe, je le découvre et j'ai envie de le faire découvrir à mon tour. C'est le visuel soigné, mystérieux et intriguant qui a d'abord attiré mon attention et lorsque j'ai vu le nom de l'autrice, j'ai immédiatement entamé la lecture. Et comme à chaque fois, le style alerte de Séverine Vidal emporte le lecteur... Toujours engagée, elle propose plusieurs réflexions imbriquées sur la condition féminine à la deuxième moitié du 18e siècle, les tâtonnements de la médecine et la propagation d'une pandémie de variole. En contrepoint, il est question d'une relation amoureuse entre Esmée et Ange, les deux jeunes protagonistes éprises dès leur rencontre, mais cette attirance devait évidemment rester secrète sous peine de mort. J'ai littéralement dévoré ce roman choral vraiment très bien documenté, poétique à souhait malgré la gravité des sujets et d'une troublante actualité. Ange est touchante, attachante et solaire. Je me suis laissée happer par ce récit historique habile, d'une justesse rare et d'une force incroyable qui va infuser longtemps… A lire absolument.

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J'ai beaucoup aimé le style d'écriture et l'alternance de voix entre les chapitres, c'était agréable à lire pour ces deux raisons.
En revanche, je n'ai malheureusement pas du tout accroché au contenu... J'apprécie les lectures engagées mais le cumul homosexualité-féminisme-covid est pour moi beaucoup trop grossier et pas du tout subtil.

… J'ai été complètement emporté dans les tourbillons de cette histoire ! On y découvre les prémices de la vaccination. On vibre à travers une liaison interdite et dangereuse. On tremble face à la menace constante qui plane à côtoyer des patients malades voir mourants de la variole. Bref, une palette d'émotions retranscrite avec brio par la magnifique plume de Séverine Vidal. J'ai été de surprise en surprise à travers toute ma lecture, ne m'attendant à aucun instant au dénouement. J'ai été chamboulé par l'histoire d'Ange et Esmée que l'on suit alternativement. Je ne peux que vous conseiller de la découvrir également, vous allez être envoûté, il s'agit d'un gros coup de coeur.
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Un roman historique qui se déroule quelque part dans le Médoc, à proximité d'un lac et de l'océan, dans la deuxième moitié du 18° siècle.
L'histoire de Ange, et de son père médecin, nous font découvrir les prémices de la prophylaxie et des recherches sur ce qui deviendra la vaccination, en pleine épidémie de variole. Une incursion des personnages à Bordeaux donne au lecteur un aperçu des sinistres hospices où étaient pris en charge, sommairement, les plus démunis.
Le roman est aussi une histoire d'amour, entre Esmée, dont la famille a été décimée par la variole, et Ange, dont l'ambigüité est habilement préservée durant toute la première partie du roman.
Si l'intrigue se lit agréablement, portée par un style sensuel et délicat, on peut regretter les anachronismes idéologiques ou lexicaux. Si la place et le rôle des femmes dans la société sont bien interrogés au Siècle des Lumières, en particulier par Rousseau, philosophe alors apprécié des féministes de l'époque, on peut difficilement mettre dans la bouche des personnages les discours d'aujourd'hui. Idem pour la défense de l'homosexualité, dont le terme n'apparaît que dans le courant du 19° siècle.
Cela n'enlève rien au plaisir de la lecture ou aux réflexions suscitées mais nécessiterait une recontextualisation.

J'ai beaucoup apprécié cette histoire qui mêle plusieurs thématiques fortes :
- épidémie de la variole qui forcément résonne en nous maintenant.
- homosexualité très peu souvent relatée en littérature jeunesse quand l'histoire ne se déroule pas de nos jours, donc cela est très précieux je trouve et montre aux lecteurs que ce n'est pas qu'un sujet contemporain, que l'amour homosexuel a toujours existé et qu'il n'est pas un phénomène de mode comme certains pourraient le penser.
- la condition féminine relatée à travers tous les niveaux sociaux : de la paysanne, à la jeune comtesse en passant par Ange cette héroïne caméléon.
Un bémol cependant pour moi : la première de couverture sur internet, je ne trouve pas qu'elle soit attirante et elle désavantage ce beau roman. J'aurais vu quelque-chose de plus moderne car si le récit se déroule au 18° siècle, les termes abordés sont intemporels voir très contemporains.