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Critique de 1001histoires


En 2019 les Éditions Gallimard ont publié en un seul volume les trois romans que Marc Villard avait consacré au quartier parisien de Barbès. le premier est intitulé « Rebelles de la nuit » et a été édité en 1987. le deuxième est intitulé « La porte de derrière » et a été édité en 1993. En 2006, parait le troisième titre, « Quand la ville mord ». Vingt ans de vie dans les rues de Barbès.

« Rebelles de la nuit » ( 1987 ). Africains du Nord, Black et européens se côtoient à Barbès. C'est dans cet univers cosmopolite que travaille Jacques Tramson l'éducateur de rue. Tout le monde le connait et l'appelle Tram. Presque trois ans qu'il est là pour le matin réveiller les jeunes afin qu'ils puissent embaucher à l'heure, trouver des petits boulots à des adolescentes et éviter qu'un mac ne leur mette le grapin dessus. Pour les jeunes de Barbès, le vie se résume à la débrouille et ils ont bien besoin de l'aide de Tram pour ne pas tomber dans le crime, le trafic de drogue a besoin de dealers, la prostitution a besoin de jeunes corps. Et les tentations sont nombreuses, la tricherie aux jeux, les combats clandestins de chiens ont remplacé l'école et sont autant de chemins vers la violence. L'équilibre est fragile, chaque rue a ses règles et quelques religieux arrivent tant bien que mal à distiller un peu de justice et l'aide de Tramson n'est pas de trop. Educateur de rue, c'est bien le seul lien ténu et officieux qui relie ce quartier à quelques lambeaux de légalité.

Tramson voudrait retrouver le jeune Fred. Son frère, un musicien, est sans nouvelles et le temps presse pour le retrouver car Fred a un contrat aux fesses. Tramson devient détective, il est arrivé trop tard pour sauver Fred et il veut démasquer celui qui a commandité le meurtre. Ses rencontres sont instructives, une phrase de Marc Villard m'a marqué : « Ils vivaient, pour la plupart, à six ou sept dans des appartements minuscules où le conflit des générations s'exacerbait entre des parents exilés et leurs enfants nés en France et trop bien convertis aux vices occidentaux ». le lecteur déambule dans Barbès mais d'autres noms sont autant évocateurs : Château-Rouge, La Goutte d'Or, Rochechouart, Marcadet, Poissonniers …

« La porte de derrière » ( 1993 ). Cinq – six années ont passé. Tramson est toujours là, le lecteur retrouve aussi Farida croisée dans le premier roman et devenue dealeuse. Elle a 21 ans. le hasch et les amphés, c'est terminé. Désormais c'est le crack. le crack, c'est l'horreur, le poison des pauvres, cinquante francs le tube. Nasser est une de ses victimes mais c'est Farida qui l'a tué. Elle se retrouve traquée et pas seulement par la police. Il y a eu des bouleversements depuis le « premier Barbès ». Il y a davantage de flics, réglos ou pas. Moins d'éducateurs ? Peut-être, en tout cas Tram est moins présent dans ce roman. Il y a des graffeurs comme l'attachant Stevie. Stevie est un rayon de lumière dans ce récit noir et gangréné par la violence. Il y a beaucoup de musique dans cet histoire, moins de reggae mais plus de raï et déjà du rap.

« Quand la ville mord » ( 2006 ). Sept ans après le deuxième roman, année 2005. Barbès a encore changé. Tramson a quitté la DDASS pour le milieu associatif. Il y a l'immigration clandestine. Sara arrive du Congo. Elle est sans papier mais elle a un rêve, Paris. A Barbès, elle n'a pas de logement mais un squat. La soupe est servie à Saint Eustache. Sara n'a pas d'emploi mais un boulot, elle vend des galettes de crack. Mais cela ne lui rapporte rien alors elle fait le tapin. Sara a un rêve : dessiner, peindre, les Beaux-Arts. Elle est douée. Mais ce n'est pas si simple à Barbès, les Blacks exploitent les Blacks. Il faut se défendre et parfois il faut tuer. Sara va tuer. le sida tue aussi. Les flics expulsent les familles sous les yeux effarés de leurs enfants rentrant de l'école. Pour raconter ces vies sans avenir, Marc Villard se fait poète. C'est envoutant. C'est également alerte comme l'envi de vivre de Sara.

Presque vingt ans de la vie à Barbès ont défilé. L'auteur raconte de belle manière des histoires simples, émouvantes et tragiques avec des personnages attachants ou violents. En vingt ans le crime n'a fait que renforcer sa place mais n'a jamais réussi à affaiblir l'espoir des gens de Barbès.

Marc VILLARDBarbès trilogie. Parution le 3 octobre 2019, Éditions Gallimard, collection Série Noire. ISBN 9782072828874.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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