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EAN : 9782353060016
95 pages
Editions La Branche (08/06/2006)
3.15/5   10 notes
Résumé :
L'axe Barbès/Les Halles, c'est le fil du rasoir, le trajet du trafic de crack. On peut aussi le suivre en fréquentant ces prostituées venues de l'Est et d'Afrique. Sara, qui s'espère artiste peintre, patiente en monnayant son corps, puisque, en y réfléchissant posément, c'est ce qui lui coûte le moins. Mais quand son "mac" grotesque confond protection et torture, Sara réagit. Dès lors, le monde entier, en l'occurrence celui de Barbès/Les Halles, lui en veut à mort.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je retrouve Marc Villard,
Dans ce mince volume cartonné;
Bâti comme une vieille série Noire,
La collection s'appelle Suite Noire,
Et pour noir c'est noir!
Mais c'est toujours halluciné
Quand la ville mord, un titre qui paraphrase le titre d'une vieille Série noire.
Je rejoins Marc Villard et ses personnages paumés, attachants, que la ville avale... la ville avec ses infections et sa faune sauvage, ses prédateurs et ses profiteurs: C'est Paris où Sara veut faire son trou et peindre. Sara, congolaise d'une histoire noire au destin âpre et dur.
Marc Villard ne traîne pas en route, pas le temps de larmoyer, pas le temps de s'apitoyer... juste de faire payer l'addition avec les intérêts à quelques cruels voyous ...Ça rime avec gourou, tiens, puis qu'il y en a un qui va manger gravement aussi!
Faut pas que je raconte tout de cette tranche de noir urbain, ce serait ballot!
À lire sans déplaisir si vous le trouvez.
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Il ne faut jamais manquer une occasion de parler de Marc Villard, encore moins de le lire. D'autant plus quand le texte en question est précédé d'une phrase d'Henri Calet.

Jacques Tramson, Tramson pour tout la plupart et Tram pour quelques uns est éducateur à Barbès depuis un bout de temps. C'est la troisième fois que l'auteur narre ses aventures, d'abord dans « Rebelles de la nuit » en 1987, puis en 1993 ça été « La porte de derrière », et enfin celui-ci, « Quand la ville mord » en 2006. Depuis 2019, les trois romans sont regroupés dans « Barbès Trilogie ».
Tram connait Barbès par coeur, ses misères et ses gloires, les vivants comme les morts. C'est un personnage d'une rare humanité. Dire qu'il défend la veuve et l'orphelin n'a rien de caricatural, il s'échine à rattraper des gosses et des ados, à les sortir de la zone, du crack, de la prostitution, de tous les maux qui gangrènent ce quartier parisien qui n'a rien à vendre ni à montrer que son caniveau.

L'histoire est aussi banale que sordide : Sara arrive du Congo la tête pleine de rêves, se retrouve dans un squat de Barbès, dépendante de Brigitte et Omar, un couple de proxénètes. Au cours de ce bref roman, on la voit lutter pour garder la tête haute, rester fière.
Sara a pour héros Pollock, et surtout Basquiat dont l'ombre plane du début à la fin, elle dessine entre deux passes, peint dès qu'elle peut avec ce qu'elle trouve ; jusqu'à ce que sa colocataire et amie soit assassinée. Alors le roman se transforme en fuite, en vengeance ; la tête de Sara est mise à prix.
C'est vers Tramson qu'elle va se tourner, il peut l'aider à s'éloigner de Barbès, à dégager du trottoir. Quitte à dépasser outrageusement ses attributions d'éducateur en employant des moyens qui ne laisse guère le choix aux adversaires.

Marc Villard est un romancier et un nouvelliste talentueux et prolifique, c'est également un grand styliste. Il est bon de rappeler qu'il a débuté en littérature dans les années 70-80 avec des recueils de poèmes. Il y a des passages, des phrases où ça tombe comme une évidence. Il a une écriture d'une aisance quasi insolente, parler de musique des mots n'est pas un cliché, c'est scandé comme du rap, saccadé comme du be-bop.
Comme souvent dans ses livres, « Quand la ville mord » propose une vision, un regard sur Paris loin d'Instagram. La ville apparaît telle qu'elle est, cradingue, cruelle. Chez Villard, la géographie n'est pas qu'un décor, la ville, Paris, Barbès font intimement partie du livre, le quartier est un personnage, au même titre que Sara et Tramson, Zina et Cooper ou encore Mario et Kaba. Ça peut se lire avec une carte du quartier, et/ou avec Streetview sur le téléphone, comme ça on a le dédale de Barbès sous les yeux. Et bien sûr avec la musique à fond : presque à chaque page, les Art Pepper, Elvis Presley, Dennis Bovell, Bill Hurley et d'autres, posent leurs voix, jamais de tocards, que des cadors.

On peut très bien lire « Quand la ville mord » sans connaître les deux autres, c'était mon cas il y a peu. C'est vrai qu'à lire les trois, on voit Tramson prendre quelques rides et une trâlée de coups, Pigalle se lézarder et s'enfoncer, pendant que l'écriture et le style de Villard se modifient, se bonifient.
Lisez « Quand la ville mord », mieux, lisez « Barbès Trilogie », ce sera trois fois plus de plaisir et puis comme ça vous ferez connaissance avec Abdullah le sage. Il n'existe aucune bonne raison de refuser de lire ces trois cents soixante-dix pages puissantes.
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Ici le sujet est grave mais le ton aussi. A Barbès, Sara, jeune Congolaise, vient à Paris pour essayer de réussir dans le peinture et le dessin. Bien sûr, comme elle n'a pas de papier, elle a dû recourir aux passeurs et doit rembourser le billet et les faux papiers. Une seule solution, la prostitution. Mais elle veut s'en sortir, Sara, et elle s'en sortira peut-être, mais à quel prix....Pour l'aider, Tramson, éducateur de rue, qui aide comme il peut les paumés du quartier.

On retrouve le ton de Marc Villard, entre poésie et noirceur. C'est la réalité qui l'intéresse, même si c'est parfois insoutenable. Ici il montre bien, même si on le savait déjà, que prostitution et sans-papier est synonyme d'enfer !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle ouvre sa fenêtre située au carrefour Stephenson, derrère Saint-Bernard. Du coin de l'œil, elle capte les trains de banlieue qui cahotent, laisant derrière eux la gare du Nord. « C'est ça, les salariés, grouillez-vous de dealer votre force de travail au patron. »
Ça la fait rire, Sara. Elle qui vend son cul, planifié par Omar, dans un squat, rue de l'Évangile. No more excuses. Elle a presque remboursé les douze mille euros.
Mais une lueur sauvage dans l'oeil du mac laisse entendre qu'il s'agira d'une dette à vie
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Joignant le geste à la parole, Tramson lui expédie un ultime coup de crosse sur le crâne. L'homme s'affale dans les flaques, la tempe rougie par son sang. Tramson, en crawl vers le scooter.
En deux coups de poignet, il arrache l'antiquité italienne à la place et se retrouve face à la piscine Hébert.
Et ça lui revient brusquement, le squat, rue de l'Évangile. Il pense.
« Brigitte veut se venger.
Non, elle veut asservir Sara.
Elle veut la récupérer au squat.
Elle veut la tuer pour en finir. »
Ça bouge vite dans sa tête en feu. Tramson grogne. C'est un chien qui nous revient dans la ville.
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Elle se lève, hallucinée, le visage vert.
Elle adore ça, le karaoké.
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