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EAN : 9782072828874
384 pages
Gallimard (03/10/2019)
3.58/5   18 notes
Résumé :
Tramson est éducateur de rue. Il travaille à Barbès, arrondissement du Nord de Paris. Dans l'anonymat et sous couverture, il veille à ce que les mineurs dont il a la responsabilité restent sur un chemin a peu près droit. Ce jeune homo dont la tête est mise à prix, Fari la dealeuse qui a tué accidentellement l'homme de sa vie ou encore cette prostituée congolaise tout juste majeure qui rêve de peinture et de Beaux-Arts, Tramson cherche vainement à les protéger des dr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cet ouvrage regroupe trois courts romans du même auteur publiés de 1987 à 2006 : « Rebelles de la nuit » (1987), « La Porte de derrière (1993) et « Quand la ville mord » (2006). Leurs intrigues se déroulent dans le quartier Barbès à Paris, d'où le titre du recueil, et l'on y retrouve Tramson.

Tramson, alias Tram, est éducateur de rue ; un éducateur qui joue les flics, avec des méthodes de voyou ! Ce dernier point ne le distingue d'ailleurs guère des flics… Au menu quotidien : prostitution et proxénétisme, drogues et deal, jeux d'argents clandestins dont combats de pitbulls, règlements de comptes violents.

Il y a peu de différences entre les ambiances, ni entre les histoires, hormis l'arrivée du crack dans le roman de 1993, et celle du Sida dans celui de 2006.
Les intrigues sont simples : l'auteur y mêle scènes d'actions et misérabilisme, montrant des vies sans espoir parsemées de morts violentes. Il est dommage que le propos soit si caricatural, et les actes de Tramson si peu crédibles. J'ai vécu quelques années près de Barbès à la fin des années 1990, et je ne reconnais pas ce quartier sous la plume de Villard, même si le monde qu'il décrit est inspiré de la réalité (il est vrai que je n'y fréquentais pas les milieux qu'il décrit, et dormais la nuit).

Heureusement, la plume de Villard est vive, son écriture précise et agréable, avec des dialogues percutants, parfois amusants. Il n'est pas étonnant que « Quand la ville mord » ait été adapté à l'écran pour Arte (en 2009), tant l'écriture de Villard s'y prête bien - je ne suis cependant pas certain que les téléspectateurs aient été captivés par l'intrigue...

Ces romans noirs sont agréables à lire et distrayants ; parfaits pour un trajet en train de quelques heures, ils ne sont cependant pas exceptionnels.

Merci à Babelio (MC 'Mauvais Genres') et à Gallimard Noir.
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En 2019 les Éditions Gallimard ont publié en un seul volume les trois romans que Marc Villard avait consacré au quartier parisien de Barbès. le premier est intitulé « Rebelles de la nuit » et a été édité en 1987. le deuxième est intitulé « La porte de derrière » et a été édité en 1993. En 2006, parait le troisième titre, « Quand la ville mord ». Vingt ans de vie dans les rues de Barbès.

« Rebelles de la nuit » ( 1987 ). Africains du Nord, Black et européens se côtoient à Barbès. C'est dans cet univers cosmopolite que travaille Jacques Tramson l'éducateur de rue. Tout le monde le connait et l'appelle Tram. Presque trois ans qu'il est là pour le matin réveiller les jeunes afin qu'ils puissent embaucher à l'heure, trouver des petits boulots à des adolescentes et éviter qu'un mac ne leur mette le grapin dessus. Pour les jeunes de Barbès, le vie se résume à la débrouille et ils ont bien besoin de l'aide de Tram pour ne pas tomber dans le crime, le trafic de drogue a besoin de dealers, la prostitution a besoin de jeunes corps. Et les tentations sont nombreuses, la tricherie aux jeux, les combats clandestins de chiens ont remplacé l'école et sont autant de chemins vers la violence. L'équilibre est fragile, chaque rue a ses règles et quelques religieux arrivent tant bien que mal à distiller un peu de justice et l'aide de Tramson n'est pas de trop. Educateur de rue, c'est bien le seul lien ténu et officieux qui relie ce quartier à quelques lambeaux de légalité.

Tramson voudrait retrouver le jeune Fred. Son frère, un musicien, est sans nouvelles et le temps presse pour le retrouver car Fred a un contrat aux fesses. Tramson devient détective, il est arrivé trop tard pour sauver Fred et il veut démasquer celui qui a commandité le meurtre. Ses rencontres sont instructives, une phrase de Marc Villard m'a marqué : « Ils vivaient, pour la plupart, à six ou sept dans des appartements minuscules où le conflit des générations s'exacerbait entre des parents exilés et leurs enfants nés en France et trop bien convertis aux vices occidentaux ». le lecteur déambule dans Barbès mais d'autres noms sont autant évocateurs : Château-Rouge, La Goutte d'Or, Rochechouart, Marcadet, Poissonniers …

« La porte de derrière » ( 1993 ). Cinq – six années ont passé. Tramson est toujours là, le lecteur retrouve aussi Farida croisée dans le premier roman et devenue dealeuse. Elle a 21 ans. le hasch et les amphés, c'est terminé. Désormais c'est le crack. le crack, c'est l'horreur, le poison des pauvres, cinquante francs le tube. Nasser est une de ses victimes mais c'est Farida qui l'a tué. Elle se retrouve traquée et pas seulement par la police. Il y a eu des bouleversements depuis le « premier Barbès ». Il y a davantage de flics, réglos ou pas. Moins d'éducateurs ? Peut-être, en tout cas Tram est moins présent dans ce roman. Il y a des graffeurs comme l'attachant Stevie. Stevie est un rayon de lumière dans ce récit noir et gangréné par la violence. Il y a beaucoup de musique dans cet histoire, moins de reggae mais plus de raï et déjà du rap.

« Quand la ville mord » ( 2006 ). Sept ans après le deuxième roman, année 2005. Barbès a encore changé. Tramson a quitté la DDASS pour le milieu associatif. Il y a l'immigration clandestine. Sara arrive du Congo. Elle est sans papier mais elle a un rêve, Paris. A Barbès, elle n'a pas de logement mais un squat. La soupe est servie à Saint Eustache. Sara n'a pas d'emploi mais un boulot, elle vend des galettes de crack. Mais cela ne lui rapporte rien alors elle fait le tapin. Sara a un rêve : dessiner, peindre, les Beaux-Arts. Elle est douée. Mais ce n'est pas si simple à Barbès, les Blacks exploitent les Blacks. Il faut se défendre et parfois il faut tuer. Sara va tuer. le sida tue aussi. Les flics expulsent les familles sous les yeux effarés de leurs enfants rentrant de l'école. Pour raconter ces vies sans avenir, Marc Villard se fait poète. C'est envoutant. C'est également alerte comme l'envi de vivre de Sara.

Presque vingt ans de la vie à Barbès ont défilé. L'auteur raconte de belle manière des histoires simples, émouvantes et tragiques avec des personnages attachants ou violents. En vingt ans le crime n'a fait que renforcer sa place mais n'a jamais réussi à affaiblir l'espoir des gens de Barbès.

Marc VILLARDBarbès trilogie. Parution le 3 octobre 2019, Éditions Gallimard, collection Série Noire. ISBN 9782072828874.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Barbès, quartier populaire et cosmopolite du nord de Paris, où se côtoient les classes sociales assez défavorisées, bien souvent sans-papiers.

C'est là qu'entre en scène Tramson, un éducateur de rue, sensé protéger les mineurs qu'on lui confie, en gardant un oeil sur eux au milieu des drames qui les guettent quotidiennement.



” Tramson marchait, le coeur à la casse, dans les rues naufragées.

Il marchait dans cette félicité mouvante, car il aimait la rue, la nuit, la foule dérisoire et sublime. Il aimantait volontiers son regard à ces yeux qui jaillissaient du néant, leur offrant le don fugitif de son visage sans illusion.

Parfois, dans les rues nègres, il lui venait des doutes quant à cet amour instinctif pour le bitume. Alors l'amant mutait en chasseur. Tramson était dur, obstiné et terriblement sentimental. “



Tel un ange gardien, il prend sous son aile les âmes en déroute, les homos malmenés, les prostituées sous la coupe de mac tortionnaire, où tombées dans l'enfer de la drogue.

Qu'ils se nomment, Fari, Agnès, Félix, Dani, Fred, Samir, Farida, Mélissa, tous tentent de survivre dans cette ville lumière qui en a fait rêver plus d'un mais qui hélas vire bien trop souvent au cauchemar.

La délinquance pullule à Barbès, combines foireuses, meurtres, suicides, prostitution, drogue, la violence en tout genre a pris ses quartiers.

Tramson fait de son mieux, quitte à y perdre son âme car ici au milieu du chaos on s'entraide beaucoup, on s'aime aussi, et on rêve un peu, beaucoup…

Ce que j'en dis :

Quiconque se souvient de Tchao Pantin, magnifique roman d'Alain Page qui fut adapté par la suite au cinéma, où notre regretté Coluche y avait un rôle puissant et tellement touchant au côté de Richard Anconina, devrait lire et apprécier à sa juste valeur cette trilogie qui réunit pour la première fois trois cours romans de Marc Villard.

On se retrouve plonger à Barbès, un quartier de Paris » crasseux » dans les années quatre-vingt au côté de paumés qui se retrouvent bien souvent sous la coupe de la mafia locale.

Marc Villard, véritable poète, slam et nous offre des personnages de caractères avec grand style. Des personnages bouleversants auxquels on s'attache forcément.

Au gré des pages, la musique s'invite dans le décors tout comme certains livres très recommandables.

Très cinématographiques et très réalistes, ces scénarios vont à l'essentiel avec élégance en posant un regard acéré sur cette banlieue d'âmes en peine.

Rebelle de la nuit, avait été édité en 1987 par Claude Mesplède au Mascaret. La porte de derrière avait été publié à la Série Noire par Patrick Raynal en 1993. Et enfin Quand la ville mord avait été demandé par Jean-Bernard Pouy pour sa collection Suite Noire en 2006.

Réunis et édités aujourd'hui chez Gallimard suite à la suggestion de Stéfanie Delestré.

Les connaisseurs apprécieront de redécouvrir ces récits, pour les autres je ne peux que vous inviter à découvrir Barbès, Tramson et ses protégés et apprécier cette plume envoûtante qui illumine toute cette noirceur,

Une formidable découverte.

Je remercie Babelio et les Éditions Gallimard pour cette virée épique et sublime à Barbès.
Lien : https://dealerdeligne.wordpr..
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Entre 1987 et 2006, Paris 18ème côté Barbès, à proximité des puces de Saint-Ouen et de la Goutte d'Or, un quartier éloigné des guides touristiques. En revanche, dans ce quartier, proche de Montmartre, des musées et des artistes, une population y vit : immigrés sans statut et sans emploi, familles pauvres ou appauvries par les accidents de la vie, personnes affaiblies par la faim, le froid, la peur et les jours sans lendemain. L'économie souterraine et le marché du crime proposent une activité régulière.
« Barbès trilogie » rassemble trois romans noirs de Marc Villard aux titres évocateurs : Rebelles de la nuit, La porte de derrière et Quand la ville mord. Cette description de cette partie du 18ème n'est donc pas celle d'une provinciale émue par tant de misère, mais celle de l'auteur à travers ces trois tableaux.
Dans chacun sont mis en scène les mêmes acteurs -quand ils sont encore vivants entre un roman et l'autre- qui, en réalité forment un grand réseau, montrant à la fois le meilleur mais surtout le pire.

Jacques Tramson, personnage principal, éducateur de rue, ne se laisse pas diriger par des codes quasi sectaires, lui qui est chargé de protéger des mineurs égarés ou en voie de l'être. Pour apporter de l'aide voire pour sauver des vies, il faut comprendre les méandres du milieu, voire s'immiscer ou carrément s'ingérer dans l'organisation du commerce de la drogue ou des corps. Ceci implique de nombreuses rencontres qui, dans ce contexte de violence quotidienne et généralisée, peuvent être porteuses de trahison mais aussi vectrices d'amour et d'amitié.

En participant à la masse critique d'octobre, j'ai choisi de dévier ma trajectoire habituelle de lecture pour me « polariser »… Je ne change pas mon fusil d'épaule, je déteste la violence même en fiction. Dire que je sois restée impassible sur cette trilogie serait faux. Au fur et à mesure de la lecture, des meurtres et autres viols, je me suis attachée à certains personnages, qu'ils soient éducateur, flic ou victime.
Par ailleurs, l'image du 18ème arrondissement parisien sous cette plume acérée de circonstance invite forcément à la réflexion sur les multiples politiques de lutte contre la misère sociale et sur la distance existant entre discours et réalité de terrain. Bref, c'est le reflet du malaise d'une société.

Ceci dit, cette trilogie ne déroge pas à ma frilosité envers le polar notamment pour la régularité du schéma de construction: le fait dans son contexte, l'enquête, le coupable, la vengeance… j'en oublie le suspens ! Je reconnais cependant que l'écriture de Marc Villard n'est pas que le reflet de la brutalité, mais insère de temps en temps, judicieusement, un petit souffle de … « poésie ? ».

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir extrait de mon confort littéraire. Nul doute que les stations Barbès- Rochechouart, Blanche et autres me ramèneront à cette lecture.




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Pour avoir vécu quelques mois intenses entre Rochechouart et la porte de Clignancourt en 1977 je suis toujours preneur de romans qui évoquent ce coin particulier de Paname.
Ces trois courts romans ou plutôt longues nouvelles de Marc Villard sont réunis pour la première fois en un seul volume . "Rebelles de la nuit", "La porte de derrière" et "Quand la ville mord" ont été écrits entre 1987 et 2006 et mettent en scène Jacques Tramson, un éducateur de rue un peu particulier.
Discrètement et avec amour il veille à ce que les mineurs dont il a la responsabilité demeurent plus ou moins sur les rails et ne disjonctent pas trop. On croise ainsi un jeune homo dont la tête est mise à prix, une jeune prostituée congolaise qui rêve de devenir artiste-peintre ou Farida, une paumée/dealeuse qui a tué un homme. Dans ces trois récits Marc Villard avec une écriture simple , utilisant des mots de tous les jours parle de vraies gens et d'un quartier qui à travers les trois romans et les années évolue.
Mais le héros des récits reste Barbès où comme dans tant de quartiers du genre dans tant de grandes villes à travers le monde rien n'est figé et dans lesquels on trouve de tout : de la drogue, de la prostitution, on assassine aussi mais en même temps, on s'entraide aussi beaucoup.



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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Jacques Tramson, quarante-deux ans, dont dix comme éducateur de rue, a flirté longuement avec le délit. Son dernier emploi à la DDASS consistait à tendre la main aux camés d'Oberkampf. Le job, monolithique, lui convenait moyennement mais le pire fut de découvrir la direction du groupe d'Oberkampf.
Chaque samedi matin, les éducateurs se retrouvaient à dix heures dans une épicerie désaffectée de la rue de Nemours afin d'échanger leurs expériences, voire s'épauler sur les cas difficiles. Franquin, le boss, et son larbin, Pedro, instituaient un processus relevant de la secte. A dix heures cinq, les éducateurs se réunissaient, debout et en cercle, au centre du local et chacun devait débiter son 'bonheur de la semaine'. Le premier samedi, Tramson n'en crut pas ses oreilles en découvrant les débilités serviles que chaque éducateur inventait ou embellissait pour complaire à Franquin. Quand vint son tour, il déclara :
- J'ai fumé un joint, c'était super.
- Tramson, s'il te plaît, on ne plaisante pas.
- J'en sais rien, moi, on vit dans un monde de merde.
- Réfléchis, pour samedi prochain.
(…)
Le samedi suivant, Tramson, remonté mais passablement abattu par sa semaine, prit la parole le troisième.
- Cette semaine, j'ai bien réfléchi et mon bonheur c'est de m'être masturbé en matant du coin de l'œil les deux putes du métro Saint-Maur. Voilà, c'est mon bonheur de la semaine.
Pedro fit un pas vers lui, la main levée. Tramson saisit la paluche de l'éducateur et lui retourna trois doigts dans un claquement sec.
L'altercation avait dégénéré pour trouver son issue dans le licenciement de Tramson.
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Ils étaient à Pigalle et, à Pigalle, on est toujours seul. Seul pour survivre et pour crever. Il souleva dans ses bras le corps maintenant inerte du jeune homme, repoussa le cercle de badauds et gagna à pas lents la pharmacie de la place Blanche.
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