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Critique de TerrainsVagues


« C'est fini!
Nous avons saigné et pleuré pour toi. Tu recueilleras notre héritage.
Fils des désespérés, tu seras un homme libre! »
Cette citation de Jules Vallès tiré de « l'insurgé » vient clore ce Camp des autres beaucoup trop tôt tant j'aurais aimé prolonger le voyage. Prolonger un voyage au coeur des mots de Thomas Vinau.
La dernière page tournée, je n'ai pas pu fermer le livre. Pas envie de défaire la valise, pas tout de suite, pas comme ça. Pas comme on passe à autre chose, nous les héritiers qui petit à petit dilapidons les combats des anciens… Alors j'ai repris une page au hasard et j'ai relu, puis une deuxième, une troisième et encore, encore, encore… un peu… s'il te plait.

Ce camp des autres, c'est celui que les gens biens, craignent, mettent à l'écart ou aimeraient effacer d'un coup d'oeillère. C'est le camp des exclus de tout horizon, des bandits de grand chemin, des déserteurs, des braconniers, des manouches, des saltimbanques, des rêveurs, des révoltés, des insoumis, des gens de rien. C'est le camp des Robin des bois dont les signes de ralliement sont synonymes de coeur et d'éthique contrairement aux apparences. C'est le camp de ceux pour qui famille est un lien du sans, un choix, une solidarité. C'est le camp de la nature, de la forêt qui accueille ce gibier de potence, le protège des puissants chasseurs bien pensant.
J'avais envie de continuer la route en compagnie de Gaspard, ce gamin chair à malheur, fuyant la noirceur et le drame de ses premières années au début du XXe siècle. Que j'aurais aimé que se prolonge la période où il prend conscience, entre crainte et fascination, que son futur ressemblera au présent de ses compagnons d'infortune. Il connaitra ses premiers instants de bonheur. Un bonheur simple, celui d'être ensemble, d'être dans le camp des autres quoi.
Pas envie de les quitter, je suis si bien avec eux, presque léger malgré le poids du destin, malgré les morsures du froid du coeur de l'homme. Il y a des chaleurs humaines qui pansent bien des plaies, qui protègent bien mieux que toutes les polices.

Inspiré de faits réels, nous sommes au début des brigades du tigre et déjà à l'époque Clemenceau envoyait la police contre les miséreux pour rassurer le bourgeois. Un siècle plus tard rien n'a changé mais je m'égare… si peu.
Quelle belle lecture. Plus qu'un livre, c'est presque un recueil de poésie où chaque portrait est tracé à la sanguine, noirci au charbon, jauni au temps qui passe. Chaque branche, chaque feuille, chaque buisson de ronces est une respiration. Chaque goutte de pluie ou de rosée, chaque souffle de vent est une caresse, un murmure.

L'écriture de Thomas Vinau est juste terrible, belle, magnifique enfin je ne sais pas si elle est très « littéraire » et je m'en tape, elle est poétique à souhait et correspond complètement à ce qui me touche, à une part de ma sensibilité. Que demander de plus? Un prochain bouquin siouplait m'sieur.
J'avais déjà été conquis avec La part des nuages, le camp des autres confirme que Thomas Vinau fait maintenant partie des auteurs dont je vais attendre les prochaines publications avec impatience.
Sinon… j'ai adoré. Merci m'sieur Vinau.
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