Petites ombres livrées aux regards effarés des campagnes.
Affolement d’une nation.
Tuer les enfants, c’est anéantir les pères et les mères. Les grands-parents, aussi. Alors, de quoi veut-on les punir ?
Pantins meurtris. Abandonnés.
(...)Dios nos libre qui revient comme une ritournelle.
Quand la nuit va
s'effacer
et que le noir va
s'éclipser
Reste une poignée de
secondes
pour m'emparer de
ton monde...
Des travailleurs africains réduits à l’esclavage et au silence. À quelques kilomètres des plages, genre connue de tous ignorée de chacun, une infamie à l’échelle nationale. Voire européenne. Des mecs qui bossent douze heures par jour et qu’on traite comme des parias.
L'Andalousie et ses géants de l'agro-alimentaire. Bureaux vert-oasis, hôtesses-rouge à lèvres et sourires de cinéma, semi-remorques rutilants, ouvrière-fraîcheur de vivre, sans oublier les cagettes de fruits et de légumes gonflés de soleil. Du paradis pur jus.
Dès la sortie de Nijar, c’est caillasse et compagnie. Partout, des collines érodées, des talus d’herbe sèche. Par endroits, comme oubliées des hommes et du ciel, les silhouettes d’arbustes rabougris.
L’ambiance est rendue par les détails de la vie des gens et : les tapas, l’omelette, le chorizo, la morue, la paella…
Des bâtisses aux façades un peu défraichies, aux toits-terrasses chargés d’antennes. Il sourit au goût de chiottes des architectes urbains espagnols. Aux villes étranges qu’ils ont dessinées dans les années 70
"Façades blanches, balcons de fer forgé, patios, ruelles. Difficile d’échapper à la carte postale.
Des hectares de serres à vingt bornes de la mer, en pleine caillasse. À perte de vue. Le jardin de l’Europe. Entre Malaga et Almeria, au cœur des déserts andalous, « le jardin de l’Europe » fournit la moitié des fruits et légumes consommés par l’Union européenne. Serres gigantesques, dévastation environnementale sans précédent
Son terrain de jeu, partout où l'homme n'est plus un homme. Là où il perd pied face au monde qui s'écroule, face aux autres. Face à lui-même. Par la photographie, établir la liste sans fin du théatre de la noirceur humaine.