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Critique de Mimimelie


C'est avec une grande émotion que j'ai refermé cette histoire de Séraphine, un degré d'émotion que je connais bien, quand, la dernière page tournée, en silence, je tournicote le livre dans tous les sens, sans pouvoir me résoudre à le poser, à l'abandonner…

Séraphine est un personnage bouleversant et son oeuvre l'est tout autant, c'est un enfantement, ce n'est pas rien. Alain Vircondelet a magnifiquement su le faire vivre et partager son émotion et celle de Wilhelm Uhde qui avant lui était tombé sous le charme et grâce à qui une partie de son oeuvre a pu être sauvée de la barbarie.
Si la création artistique est déjà un mystère, avec Séraphine tout est mystère, et il se déploie au centuple dès que l'on se frotte à la troublante et intense présence de ses floraisons. D'où viennent-elles ?

« Tout ce qu'elle a peint, tout ce qu'elle a fait naître vient de trop loin et répond à un ordre trop mystérieux, envoûtant et enchanteur qui n'appartient pas au registre de la folie, sauf à penser que la folie est un lieu encore inexploré que seuls pionniers, comme Séraphine, ont eu le « privilège » de traverser. le prix à payer fut lourd et le tribut, écrasant. A coups de solitude et de désespoir, de pauvreté et d'abandon, de misère spirituelle. Au prix de ce que Jean de la Croix appelait « la nuit ».
Séraphine la connut. Elle fut immense, vaste et sans horizon. »

Où sont dispersées aujourd'hui les oeuvres de Séraphine, la « sans rivale » comme elle se définissait ? Apparemment une pincée de musées en possèderait quelque unes, mais Alain Vircondelet est muet sur ce sujet, par contre il déplore à juste titre l'incroyable et injuste dédain dans lequel on continue de la maintenir, et aujourd'hui encore :

« L'oeuvre néanmoins demeure, imparable, infracassable. Mais jusqu'à quand connaîtra-t-elle l'exil dans lequel elle est encore demeurée, loin des cimaises publiques, loin des expositions temporaires, loin des ouvrages de référence, loin de l'indifférence du grand public ? Jusqu'à quand subira-t-elle l'outrage des faux modernes, elle qui l'est si complètement ? …. Jusqu'à quand devra-t-elle attendre de rejoindre sa vraie place qui est parmi les premières de l'art moderne, aux côtés de ceux qui ont fait le XXe siècle, Picasso, Matisse, Braque, les surréalistes, les grands maîtres naïfs, les fauves et les expressionnistes ?

Celle qui sut transformer sa « vie minuscule » en destin grâce à la peinture, et qui mourut affamée, dans sa ville occupée par ceux qui traquaient ses fleurs gothiques au nom de « l'art dégénéré ».

Et l'on comprend mieux alors, s'il en était encore besoin, qui étaient les vrais fous ».
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