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Citations sur Séraphine : De la peinture à la folie (28)

Elles ne savent pas tout de Séraphine, mais Séraphine non plus ne sait presque rien d’elle. D’où vient cette souffrance intérieure, comme un cri bâillonné, d’où vient cette gorge sèche qui réclame d’autres soifs ? Elle sait que si ce cri devait un jour sortir, il briserait par sa force et son intensité les vitraux de l’église, il effraierait les pauvres sœurs, il dirait tant de douleur et tant de solitude, tant de jours anéantis, d’élans fracassés, de vie qui de nouveau coulerait, forte comme une crue, et charrierait tant de couleurs…
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Quand Uhde lui raconte le succès qu’elle a dans les milieux artistiques, elle en sourit, la comble. Elle lui dit cependant que tous ceux qui l’admirent ne savent pas forcément la portée de ce qu’elle peint. « Ce ne sont pas seulement des fleur », a-t-elle coutume de dire, « pas seulement des arbres et des feuilles, mais bien autre chose. Quelque chose de la vie et de la mort », rajoute-t-elle mystérieusement. . Uhde le sait bien.
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On s’appesantit sur son cas : tous les psychiatres qui se penchèrent sur elle, conclurent à une psychose grave mais des nuances les séparèrent, Séraphine échappe encore aux diagnostics définitifs comme si son histoire intérieure était impossible à repérer, venue de trop loin pour la comprendre.
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Camille Claudel morte dix mois seulement après elle et dans les mêmes circonstances, elle a été de ces artistes qui ont été au bout d'eux-mêmes, à l'extrême de leurs limites et qui ont accepté la plus grande violence contre eux 
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Chacun vit sa souffrance recluse au fond de soi, comme un poing fermé.
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Toujours est-il qu’il (Uhde) va faire mourir Séraphine dès 1934, soit, deux ans à peine après son hospitalisation, comme s’il voulait par-là se délier d’elle. L’esthétisme de Uhde ne se plaît guère dans ces lieux de douleur. Il y a chez lui comme une fuite, une démission causée par sa sensibilité à fleur de peau, non pas une ingratitude au regard de tout ce que Séraphine lui a en fait confié, la quasi-totalité de son œuvre picturale, mais un refus d’aller au-devant du malheur et de la folie.

Séraphine est abandonnée de tous. Uhde lui-même depuis longtemps ne donne plus signe de vie, l’a enterrée de son propre vivant….Il sait que sa vie est menacée, qu’en tant que Juif, Allemand hostile au nazisme et homosexuel, il a toutes les raisons de le croire.
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Certaines toiles, probablement, durent subir l’outrage de la destruction volontaire au nom de l’art maudit. Les autres, celles que l’on peut voir encore ont été gardées, roulées soigneusement par les Uhde et de nouveau encadrées à la Libération. Dès 1937, les nazis ont pillé les musées nationaux, à la recherche d’œuvres dites « dégénérées ». Coupables à leurs yeux d’avoir été réalisées non seulement par des ennemis du Reich, mais aussi par des fous, des illuminés, de dangereux subversifs.

Mais c’est grâce à l’habileté et à la prudence de Uhde que restent aujourd’hui quelques spécimens majeurs de l’art fantastique de Séraphine.
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Les restrictions conduisent à l’intérieur même de l’hôpital à des délits organisés qui privent de nourriture les malades. Certains membres du personnel soignant ou administratif volent les maigres rations des aliénés. Séraphine ne cesse de réclamer du papier et à manger. On lui dit que c’est la guerre, qu’il n’y a plus de papier et plus de nourriture. Elle commence alors à manger régulièrement de l’herbe à quatre pattes, comme une bête, se sauve la nuit de son pavillon, et déclare aller « boire le lait qui coule de la lune » et manger l’herbe fraîche de rosée.

Alentour champs et fermes cultivés par les malades pour fournir fruits, légumes et laitages à l’hôpital. Mais dans la débrouille généralisée et organisée, le personnel détourne systématiquement la nourriture destinée aux malades. Le fameux « coulage » comme on l’appelle, bénéficie directement à l’administration de l’hôpital. Certains abus, trop fragrants, sont certes sanctionnés à Clermont.
Des membres du personnel sont licenciés pour détournement de nourriture destinée aux malades, mais dans l’ensemble on ferme les yeux devant les larcins, encouragés par des circulaires d’Etat… : « Le manque de denrées se fait sentir pour tous et il n’y a aucune raison pour que les aliénés bénéficient d’un régime de faveur ». Ce n’est qu’en 1942 que le secrétaire d’Etat à la Santé et à la famille adopte une circulaire dans laquelle il spécifie qu’il convient « d’accorder des suppléments en denrées contingentées aux aliénés internés dans les hôpitaux psychiatriques ».

En 1940, la France compte environ 110 000 malades mentaux internés. 45000 y mourront de faim entre 1941 et 1945, la plus grande hécatombe se trouvant entre 1941 et 1942.
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Dans cette solitude assumée, à laquelle elle ne trouve rien à redire, va se nourrir une angoisse larvée, des défenses psychiques vont tomber, si bien qu'elle va se trouver démunie, fragilisée.
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Elle ose de nouvelles compositions, plus hasardeuses, plus tourmentées. À vrai dire, elle croit qu'elle choisit, mais en réalité, c'est sa douleur, sa solitude qui la conduisent.
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