Citations sur Un bref instant de splendeur (279)
Parfois, la tendresse qu’on vous offre semble la preuve même qu’on vous a abîmé.
Quelquefois, la nuit, quand la petite dort, le regard perdu dans le noir, Lan pense à un autre monde, un monde où une femme tient sa fille dans ses bras au bord d’une route, une lune miniature suspendue dans l’air pur. Un monde où il n’y a pas de soldats, de Hueys, et où la femme sort simplement se promener dans la tiédeur d’une soirée printanière, parle tout doucement à son enfant, lui raconte l’histoire d’une fille qui a fui sa jeunesse sans visage, pour finir par se donner le nom d’une fleur qui s’ouvre comme si on l’avait écartelée.
Si la vie d'un individu, comparée à l'histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c'est ne connaître qu'un bref instant de splendeur.
Je ne savais pas que la guerre était toujours en toi, ni même qu'il y en avait eu une, de guerre, et qu'une fois que ça pénètre en vous ça ne vous quitte jamais.
Je ne sais pas ce qui m'a poussé à suivre la voix de la créature blessée, mais j'étais attiré, comme si on me promettait une réponse à une question que je ne possédais pas encore. On dit que sin on désire quelque chose assez fort on finit par en faire un dieu. Mais si tout ce que j'ai jamais voulu, c'était ma vie, Maman ?
On échangeait des vérités, me suis-je rendue compte, autrement dit, on se lancerait l'un l'autre.
Certains pretendent que l'histoire progresse en spirale, plutôt que de la façon linéaire qui nous est familière. Nous voyageons dans le temps suivant une trajectoire circulaire, ne nous éloignant de l'épicentre que pour mieux revenir, un cercle plus loin.
En vietnamien, on utilise le même mot pour dire que quelqu'un nous manque ou que vous vous souvenez de lui : nhớ. Parfois, quand tu me demandes au téléphone : Có nhớ mẹ không? je tressaille, croyant que tu as voulu dire : Tu te souviens de moi ?
Tu me manques davantage que je ne me souviens de toi.
Sans bouger la tête, tu me regardes, comme une mère regarde toute chose : trop longtemps.
Et puis, sans raison, tu te mets à rire.
Et au-dessus des ses yeux : des iris gris émaillés d'éclats bruns et de braises, de sorte qu'en les rehardant vous aviez presque l'impression de distinguer un truc en train de brûler, juste derrière vous sous un ciel nuageux. On aurait dit que ce garçon contemplait en permanence un avion en train d'exploser en plein vol. C'est ce que j'ai vu, ce premier jour. Et même si je avais qu'il n'y avait rien qui brûlait dans mon dos, je me suis quand même retourné, et j'ai vu les volutes d'air estival crépitant de chaleur qui montaient des champs rasés.